À la place d'une peine de prison sévère, le procureur de la Chambre criminelle de Dakar s’est montré clément à l'endroit d'Ibrahima Kéba Sarr, qui comparaissait hier pour tentative de parricide. A en croire le parquetier, cet accusé, qui avait en 2016 asséné 3 coups de couteau à son père, est récupérable. Délibéré le 21 juillet prochain.
À cause des mauvaises fréquentations, Ibrahima Kéba Sarr, disciple de Bacchus qui sniffe du diluant, boit de l’alcool et fume du chanvre, a failli commettre l'irréparable, le 20 décembre 2016. En effet, Ibrahima Sarr, qui avait perdu toute lucidité à cette époque-là, avait asséné 3 coups de couteau à son père, Malang Sarr. Son forfait commis, il a pris la tangente. Malheureusement pour lui, il a été alpagué après 15 jours de cavale. Entendu lors de son audition préliminaire, Ibrahima Sarr a reconnu les faits. Pour se dédouaner, il a allégué avoir été sous l’emprise de la drogue, lui faisant perdre toute sa lucidité. Inculpé pour tentative de parricide, il a comparu hier devant la Chambre criminelle de Dakar, où il n'a pas varié dans sa déposition, en mettant tout sur le dos de Satan. Heureusement, il a eu le soutien de son père qu’il avait pourtant poignardé.
A la barre, le père a évoqué des troubles psychiques dont souffrirait le fils. Et pour convaincre la Chambre, il a versé dans le dossier un papier d’hospitalisation établi par un hôpital psychiatrique de Fatick. Hélas, pour Malang Sarr, sa thèse de démence qui constituait sa bouée de sauvetage a été malheureusement balayée d'un revers de main par le président de l'audience. Car, celui-ci lui a clairement indiqué que dans ledit document, il n'était nullement mentionné qu'Ibrahima Sarr avait des troubles psychiques. Selon le juge, le père juste à tirer son fils des griffes de Dame justice. «Je sais que c’est l’instinct paternel qui parle, mais la passion doit être modérée dans toute chose. Votre fils est dangereux et vous auriez pu y laisser la vie. Il n’est pas dément, sinon il n’allait pas prendre la fuite», a-t-il rétorqué.
Le père de persister en soutenant n'avoir jamais trainé son fils en justice. Il a affirmé que ce sont ses autres enfants qui l’ont fait à sa place.
Et pour cette fois, le procureur de la République a surpris tout le monde. Le représentant de la société a en effet été clément à l’endroit de l’accusé. Car, le maître des poursuites a demandé la disqualification des faits en violences et voies de fait à ascendant. Puisqu’il risque la réclusion criminelle à perpétuité si on retient le chef de tentative de parricide. «Il a fait 4 ans en prison et je suppose qu’il n’a pas touché à la drogue. Et j'en déduis qu’il est de nouveau en possession de toutes ses facultés mentales. Il n’a que 25 ans et je pense qu’il est récupérable», a fait savoir le parquet. Le parquet ayant facilité le champ de plaidoirie de la défense, cette dernière a demandé à la Chambre de suivre son réquisitoire en disqualifiant les faits. Délibéré le 21 juillet 2020.
Fatou D. DIONE