La Bank of Africa Sénégal SA (Boa) a déposé une lettre-plainte à la Division des investigations criminelles (Dic) contre le Directeur général de la société Der Mond Oil and Gas SA, Khadim Ba. Celui-ci est accusé de fraude en écriture privée, falsification de documents et tentative d’escroquerie présumée sur 20 millions d’euros.
Ça sent mauvais pour le Directeur général de la société Der Mond Oil and Gas SA, Khadim Ba. En effet, il a été attrait devant les juridictions par la Bank of Africa Sénégal SA (Boa).
Tout est parti d’un bateau de gasoil qu’il voulait importer. Khadim Ba prend l’attache de l’institution bancaire pour obtenir une lettre de crédit (Lc), qui a abouti à la signature d’une convention de crédit comportant les termes et les conditions de mise en place de l’émission de ladite lettre. Mais, après vérification de la lettre de crédit du sieur Ba, les services compétents en la matière à la Boa découvrent une anomalie de taille dans les documents du client ; une anomalie liée au port d’embarquement dénommé «Dakar Offshore». Qui ne correspond à aucun port au Sénégal ou africain, comme stipulé par la lettre de crédit. Aussitôt, la Boa retourne la demande de lettre de crédit au Directeur général de Der Mond Oil and Gas SA afin de porter les rectificatifs nécessaires.
La Boa inflexible malgré les explications de Khadim Bâ
Une attitude de la Boa que le Dg Khadim Ba dénonce avec l’énergie requise et tente de mettre la pression pour satisfaire sa requête. Il leur déclare que le bateau transportant le gasoil en question va bientôt jeter l’ancre au Port autonome de Dakar (Pad). Les responsables de la Bank of Africa Sénégal SA restent cependant inflexibles et exigent que l’irrégularité soulevée dans le dossier de lettre de crédit soit d’abord réglée. Ba y voit du dilatoire et accuse la Boa de lui avoir causé un préjudice financier.
Face aux accusations de Khadim Ba, la Bank of Africa Sénégal demande alors à celui-ci de lui apporter la preuve de la présence au port autonome de Dakar dudit bateau transportant le gasoil. Histoire d’en avoir le cœur net. Et envisager éventuellement une indemnisation compensatoire relative au supposé préjudice financier causé. Mais, au lieu d’accéder à la requête de la banque, la société Der Mond Oil and Gas SA décide d’engager des poursuites judiciaires dans le but d’obtenir la lettre de crédit. Sans pour autant lever les réserves encore moins constituer la provision pour le paiement en question.
Les ‘’découvertes’’ de la Boa
Furax, le Directeur général de la Boa accuse Khadim Ba de vouloir effectuer un montage frauduleux dans le but d’escroquer la banque en question. Mais, par souci de s’assurer de l’arrivée de la cargaison de gasoil au port, il envoie une équipe sur les lieux, où ces derniers ont appris avec stupéfaction qu’aucune livraison de cargaison n’a été faite dans la période prévue dans la lettre de crédit. Suffisant pour que le patron de la banque décide de traduire en justice Khadim Ba. Il soupçonne celui-ci de vouloir se servir de la banque pour brouiller les pistes et effectuer une tentative de fraude. Qui aurait été cependant déjouée par la banque qui a eu un entretien avec une équipe de la société Der Mond représentée par les nommées Tidiane Mbodj, directeur régional, Mme Khadija Bokoum et leur secrétaire général. Ces derniers auraient tous affirmé que la lettre de crédit n’était pas opérante pour eux, car leur mode de fonctionnement ne prévoit pas un débarquement systématique à Dakar. Ils ont ajouté que leur marchandise reste en haute mer ; et en fonction de leur client acheteur, ils orientent leur cargaison vers le lieu choisi par le client.
La Boa soupçonne alors Khadim Ba de monter une opération de lettre de crédit fictive pour obtenir un paiement de 20 millions d’euros avec la complicité présumée de certains de ses collaborateurs. D’ailleurs, ces derniers sont également dans le viseur de la banque. Selon la lettre-plainte de la Boa, les responsables de l’institution bancaire ont confirmé sur toute la ligne les dépositions du directeur et indiquent que les représentants de la société leur avaient exprimé leur incapacité à fournir les traités avalisés.
Khadim Bâ démonte les arguments de la Boa
Interrogé, Khadim Ba a battu en brèche les accusations et affirme avoir l’habitude de traiter avec la banque. Et que la dernière opération avec la Boa avait porté sur une importation de 20.000 tonnes de gasoil que sa société devait effectuer au courant du mois de juillet 2022. Et pour ce faire, Ba déclare avoir sollicité de la banque une lettre de crédit de 19.000.000 d’euros, soit 12.350.000.000 F Cfa. Ce que du reste la banque n’a pas fait. Lui demandant d’éponger la dette de 7 milliards F Cfa qui relevait de la dernière opération. N’empêche, Ba dit avoir accédé à la requête de la banque à la date du 1er juillet 2022. Mais, il souligne que la banque a traîné les pieds avant de lui ouvrir la lettre de crédit le 4/8/2022 ; un retard qui lui a occasionné un préjudice financier avec des surcoûts.
Sommé de prouver ses allégations, Ba s’est engagé à le faire avec ses avocats. Sans pour autant jamais tenir parole. Il accuse malgré tout la banque d’avoir rejeté son dossier sans l’en informer. Alors qu’au même moment, le bateau «Houston Star» qu’il dit avoir affrété pour transporter la cargaison, serait bloqué au large du Port autonome de Dakar depuis son arrivée le 13/ 08/2022.
Vieux Père NDIAYE