«L’intervention de Me Baboucar Cissé est pleine d’amalgames et de contrevérités», c'est la réponse qu'a servie le juge Souleymane Teliko à Me Baboucar Cissé. Parce que tout simplement la robe noire, à la tombée du verdict de la chambre correctionnelle de Dakar condamnant son client Madiambal Diagne à 3 mois de prison ferme, avait parlé d'«esprit corporatiste» qui prévaut autour de cette affaire.
À l'issue de la décision de justice qui a été rendue par la première chambre correctionnelle de Dakar et qui condamne Madiambal Diagne à 3 mois de prison ferme et à allouer la somme de 5 millions F Cfa au juge Souleymane Teliko, son avocat, Me Baboucar Cissé, n'avait pas tardé à réagir. Ainsi, la robe noire avait révélé qu'il y avait un «esprit corporatiste» qui prévalait autour de cette affaire. Le juge Souleymane Teliko n'a pas fait dans la langue de bois pour lui servir une réponse très salée. A cet effet, le magistrat a parlé d'amalgames qu'aurait faits Me Cissé à propos de cette affaire. «L'intervention de Me Baboucar Cissé est pleine d’amalgames et de contrevérités», a-t-il d'emblée asséné. Avant d'ajouter : «d’abord, en mettant le verdict sur le compte d’un réflexe corporatiste, Me Cissé feint d’oublier que son client, incapable d’apporter la preuve de ses allégations, s’est réfugié derrière un prétendu lapsus. Son client avait publiquement soutenu qu’il détenait un rapport de l’Union européenne qui m’épingle. Mais à l’audience, vous l’avez tous entendu dire qu’en réalité, il avait fait un lapsus et qu’il ne détenait pas de rapport de l’Union Européenne. Comment dans ces conditions, pouvait-il s’attendre à autre chose qu’à une condamnation ? Devant n’importe quelle juridiction au monde, un mensonge d’une telle gravité aboutirait à une condamnation. Son client est l’artisan de sa propre condamnation pour avoir délibérément dénaturé des faits, dans le but de dénigrer».
À en croire toujours le juge Teliko, dans la version wolof de son intervention, l'avocat de Madiambal Diagne a aussi parlé d’un rapport de l’Union Africaine, alors que c’est une affirmation totalement mensongère. Selon Téliko, dans cette affaire, il n’y a eu ni rapport de l’Union Européenne, ni rapport de l’Union Africaine. «Le seul rapport qui existe dans cette affaire est un rapport narratif et financier, établi par le Bureau de l’Administration des Chambres africaines et signé par Ciré Aly Ba et le responsable administratif et financier de l’époque, Me Amadou Mokhtar Seck. Ce rapport n’est ni un rapport d’audit, ni un rapport de contrôle, mais un compte-rendu qui indique les rubriques relatives aux dépenses effectuées par les Chambres africaines, à savoir les salaires, le loyer des locaux qui abritaient la juridiction, les frais de sensibilisation», dit-il. Avant de poursuivre : «nulle part, dans ce rapport, vous ne verrez, ne serait-ce qu’une allusion à un acte de malversation, comme le laisse entendre faussement son client qui parle de rapport qui "épingle". Pas une seule phrase de ce rapport ne cite un quelconque des membres de la délégation pour qu’on puisse parler de rapport qui épingle», a fait savoir Souleymane Teliko, qui révèle que Me Amadou Mokhtar Seck, co-auteur du rapport, a fait un témoignage écrit dans ce sens et qui est élogieux en faveur des magistrats des Chambres et qui a été versé au dossier.
En définitive, le juge Teliko a estimé que dans cette affaire, les membres de la délégation n’ont absolument rien à se reprocher, bien au contraire. «C’est une affaire extrêmement grave, non pas seulement à cause de l’atteinte portée à l’honneur et à la considération d’autrui, mais aussi en raison des dérives qu’elle révèle», lance-t-il.
Fatou D. DIONE
Teliko répond à Madiambal
«Les manigances ne retombent que sur leurs auteurs»
Le président de l’Ums est aussi revenu sur les propos de Madiambal Diagne dans sa chronique d’hier. Souleymane Téliko s’en prend au président du Groupe Avenir Communication. «Dire que le personnel du Palais de justice connaissait la décision du tribunal tient de la pure affabulation. Peut-être qu'il a encore fait un lapsus. Madiambal sait ce qu'il a fait. A présent il cherche coûte que coûte à sauver la face, quitte à raconter des balivernes. Mais je lui conseille plutôt de méditer le verset 43 de la sourate 35 : "les manigances ne retombent que sur leurs auteurs".