Pourtant il abrite le centre de traitement contre le coronavirus, dédié à toute la zone sud, mais l'hôpital régional de Ziguinchor souffre de mille et une maladies, si on en croit le secrétaire général de la sous-section de la Cnts dudit hôpital. Même s’il y a une évolution côté infrastructures, dit-il, les ressources humaines ne suivent pas, surtout en ce temps de Covid-19. Pour Siméon Faye, les 13 décès du Covid-19 enregistrés s'expliquent en grande partie par tous les problèmes auxquels l’hôpital est confronté.
Si l’hôpital régional de Ziguinchor était une personne, elle serait diagnostiquée mourante à cause des nombreux problèmes dont il est sujet et que l’épidémie du coronavirus semble amplifier. Le centre de traitement institué au niveau de l’hôpital rencontre énormément de difficultés, selon le secrétaire général de la sous-section de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), à cause du problème de ressources humaines. Il en veut pour preuve l’arrêt du contrat de celui qui s’occupait de la prise en charge alimentaire pour le centre de traitement, alors qu’on lui doit près de 25 millions. «Le personnel du centre de traitement n’a perçu que deux mois de l’indemnité de motivation, soit 300.000 francs Cfa. Nous n’avons reçu que le mois de mai et de juin et nous n’avons aucune information par rapport au paiement des mois de mars, avril, juillet. Le mois d’août, n’en parlons pas», renseigne Siméon Faye. Selon ce dernier, cette situation chaotique que vit le centre hospitalier de Ziguinchor est injuste vis-à-vis de toute la population du sud. Tous les malades, cas graves des autres régions environnantes sont évacués dans cet hôpital, alors que le plateau médical est défaillant. «Il n’y a ni réanimateur encore moins de cardiologie. On manque de tout, même la garde seniorale annoncée par le ministère de la Santé dans un circulaire n'est pas respectée ; ce sont des étudiants de 7e année qui font les garde», dit-il.
«L’hôpital de Ziguinchor fonctionne dans une totale illégalité»
Évoquant les problèmes sécuritaires, M. Faye assure que le personnel de l’hôpital vit un danger permanent, avec les serpents et scorpions qui rôdent autour du site, qui est entouré de hautes herbes durant cet hivernage. «Des contractuels recrutés en 2003 n’ont connu aucun avancement depuis lors», renseigne M. Faye. Ce qui chiffonne le plus le secrétaire général de la sous-section de la Cnts, ce sont les conditions de travail extrêmement difficiles des agents de la structure. Beaucoup d’entre eux ne bénéficient pas de motivation exceptionnelle à raison de 150.000 tous les 3 mois alors qu’ils travaillent au même titre que les autres qui en reçoivent. Pour le cas des heures supplémentaires, au niveau du centre hospitalier de Ziguinchor, elles ne sont pas payées, selon la législation nationale. Quand les uns obtiennent près de 600.000 par an, certains agents de Ziguinchor n'ont que 49.000. «La subvention de l’hôpital fait partie des plus faibles des hôpitaux de niveau 2 et pourtant, nos tarifs sont les plus faibles parce que nous avons une population appauvrie par les nombreux conflits. L’hôpital fonctionne dans illégalité totale», dit-il.
«Nous ne disposons que d’une ambulance pour toute la région et l’État se permet d’offrir des ambulance médicalisées à la Guinée-Bissau»
Saluant les efforts de l’administration, le secrétaire général de la sous-section reconnaît que l’administration a fait des efforts dans la régularisation des situations des agents. De 83, il n'en reste que 20. «Niveau infrastructures, il y a des avancées, mais le plateau technique ne suit pas. L’État a fait une fuite en avant. Il affecte nos personnels sans les remplacer, nous sommes obligés de nous débrouiller avec les moyens du bord pour nous en sortir», affirme M. Faye. «Nous sommes 99 et seuls 19 sont des fonctionnaires. Nous avons des stagiaires qui ont fait plus d’une dizaine d’années à l’hôpital et l’administration fait des manœuvres douteuses pour les garder. Nous ne disposons que d’une ambulance pour toute la région de Ziguinchor et à chaque fois qu’elle évacue un malade à Dakar, on reste sur la paille. Et l’État se permet d’offrir des ambulances médicalisées à la Guinée-Bissau», regrette Siméon Faye. «Nous lançons un appel au président de la République. Nous devons une dette de 181 millions à l'Ipres, que nous ne pourrons jamais payer dans ces conditions. Des agents risquent d'aller en retraite sans bénéficier de l'Ipres», conclut le camarade de Mody Guiro.
Ndèye Khady DIOUF