Il ne lui a pas fallu longtemps pour porter la réplique à son président de groupe parlementaire. Serigne Abdou Mbacké Dolly dit être surpris par la posture de son frère à qui il a parlé de sa saisine du Conseil constitutionnel au moins 6 fois. Le député de Bokk Gis-Gis estime que c’est sa personne qui dérange, mais il ne compte pas s’excuser d’avoir eu cette bonne initiative.
«Je suis membre à part entière du groupe parlementaire Liberté et Démocratie et je me conforme à l’entente du groupe, mais je ne vais pas demander la permission pour faire ce pourquoi je suis élu», a déclaré d’emblée l’auteur de la saisine du Conseil constitutionnel pour attaquer la nouvelle loi relative au couvre-feu, qui campe sur sa déclaration par rapport au nombre de députés signataires de son projet. «Bien que Serigne Cheikh soit mon frère et ami, je me dois d’apporter des éclaircissements par rapport à sa déclaration. Dire qu’il a appris la saisine à travers la presse est totalement faux. Je l’ai saisi presque 6 fois sur le sujet et à chaque fois, c’est la même réponse : ‘’il n’a pas encore parlé au président Abdoulaye Wade’’», fait-il savoir. Le vice-président de la commission des lois d’enchainer : «ils ont tous été informés parce que je l’ai mis dans le groupe WhatsApp du groupe parlementaire et personne n’a réagi. Malgré cela, je me suis approché de chacun d’eux pour lui parler de vive voix. Mais c’était comme s’ils s’étaient passé le mot. Ils m’ont tous servi la même réponse», clarifie Abdou Mbacké Dolly
«J’ai parlé au président Cheikh Mbacké 6 fois de la saisine et il me disait tout le temps qu’il na pas encore parlé au président Wade»
Sa conviction, c’est que ses collègues députés du Pds n’ont aucun problème avec la saisine du Conseil constitutionnel ; leur souci, c’est sa personne. «Cette saisine devait être un élément rassembleur autour duquel toute l’opposition devait se réunir. Mon objectif principal étant d’empêcher Macky Sall d’avoir le pouvoir absolu, aucun député imbu de justice ne devrait se faire prier pour signer la saisine. Il est clair que c’est la personne qui porte le projet qui les dérange, mais je ne vais pas m’excuser pour avoir une si bonne initiative», clame le député de Bokk Gis-Gis.
Serigne Abdou Mbacké croit fermement que les députés du Pds ont décidé d’un commun accord de le punir pour avoir révélé les dessous du projet d’amnistie de Karim Wade. «Lors d’une de mes sorties, j’avais donné des détails sur le projet d’amnistie de Karim Wade. Ils sont peut-être frustrés pour ça, mais je n’ai fait que dire la vérité. Macky Sall est prêt à l’amnistier suite aux demandes du Khalife général des Mourides, mais c’est le président Wade qui veut que l’on revoie le procès», renseigne-t-il.
«Ils sont en train de faire du tort à Me Wade en le prenant comme prétexte de leur abstention»
Et par rapport à son choix d’aller avec la délégation qui devait rendre le rapport de la commission d’information sur les inondations, Serigne Abdou Mbacké trouve qu’il n’y a rien à dire sur cela. «J’avoue que j’y suis allé, mais avant, j’ai fait comprendre au président Cheikh Mbacké qu’il serait incohérent de participer aux travaux, d’encaisser les frais de mission et de refuser de déposer le rapport. Puisqu’il n’était pas convaincu de la pertinence de la commission, il ne fallait pas nous y envoyer», dit-il.
Le député de Bokk Gis-Gis estime que ses collègues du Pds sont en train de faire du tort à Me Wade en le prenant comme prétexte de leur abstention. «Le président Abdoulaye Wade est un patriote, un démocrate qui a sué et saigné pour ce pays. Je suis sûr que s’ils lui avaient exposé clairement mon idée, il l’approuverait automatiquement», conclut-il.
Baye Modou SARR