Dans une déclaration conjointe publiée mercredi par le département d’Etat américain, le Sénégal a rejoint les Etats-Unis et la communauté internationale pour appeler les Talibans et le futur gouvernement qui sera mis sur pied au respect des droits de l’homme, plus particulièrement ceux des femmes et des jeunes filles.
L'Afghanistan n’est pas l’arrière-cour du Sénégal. Ce qui explique sûrement pourquoi la diplomatie sénégalaise ne s’est jamais prononcée sur la situation depuis le début du conflit. Mais, aujourd’hui, avec la nouvelle situation, notre pays a rejoint la communauté internationale, dans un communiqué conjoint initié par les Etats-Unis pour dénoncer les manquements dans le respect des droits des femmes en Afghanistan. «Nous sommes profondément préoccupés par les femmes et les filles afghanes, leurs droits à l’éducation, au travail et à la liberté de mouvement», a soutenu le Sénégal dans un communiqué conjoint co-signé avec les Etats-Unis et d’autres membres de la communauté internationale. Cette déclaration, qui est la seconde dans ce dossier afghan à être co-signée par le département d’Etat américain et la communauté internationale, a été publiée le même jour où une dame afghane a été tuée pour n’avoir pas porté le voile dans un lieu public, d’après Fox news. C’est pourquoi le Sénégal comme les Etats-Unis pense que «les femmes et les filles afghanes, comme tous les Afghans, méritent de vivre dans la sûreté, la sécurité et la dignité». Notre pays pense aussi que toute forme de discrimination et d’abus doit être évitée.
L’autre problème qui a motivé la communauté internationale à alerter sur les contraintes liées aux libertés de mouvement des populations afghanes, c’est l’installation, par les Talibans, de plusieurs check-points sur les routes qui mènent vers l’aéroport Hamid Karzai où les forces américaines ont élu quartier général pour ainsi aider le maximum de personnes à être évacuées hors du pays.
Le Sénégal préserve son image en tant que collaborateur des Etats-Unis pour la promotion des droits des femmes
Le 15 août dernier, le département d’Etat américain avait fait circuler un premier communiqué sur la situation en Afghanistan. Un document co-signé par plusieurs partenaires diplomatiques des Etats-Unis, notamment l’Union Européenne, la France et une dizaine de pays d’Afrique comme le Burkina Faso, le Ghana, le Liberia, l’Ouganda ou la Mauritanie. Le Sénégal n’était pas signataire. L’Ouganda, par exemple, a co-signé toutes les déclarations des Américains et s’est déjà engagé à recevoir temporairement 2000 réfugiés afghans. Aujourd’hui le Sénégal, qui n’est pas dans les dispositions de recevoir des refugiés, comme cela fut le cas en 2010 avec les étudiants haïtiens, s’est au moins préoccupé du sort des femmes afghanes et autres étrangères en mission dans le pays. Une sorte de repositionnement de la diplomatie sénégalaise aux côtés des Etats-Unis avec qui il entretient plusieurs accords de coopération bilaterale sur le plan de la lutte antiterroriste mais aussi de promotion des droits des femmes et d’éducation des jeunes filles, deux dossiers dont il est question aujourd’hui en Afghanistan.
Ahmadou Ben Cheikh KANE (Correspondant permanent aux Usa)