
La bataille aura lieu à l’Hôpital général Idrissa Pouye de Grand-Yoff entre le personnel et la direction dudit hôpital. Lors de leur sit-in hier, Cheikh Seck de l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital a fait de graves révélations, relatives à la manière dont la structure est gérée par le Directeur pourtant à la retraite depuis début avril.
Les travailleurs de cette structure hospitalière, après avoir longtemps alerté de la situation d’agonie de l’hôpital causée par une gestion gabegique du directeur, ont décidé de se rebeller et déclarer la guerre. En sit-in hier, ils ont mis à nu la gestion du directeur. «Notre responsabilité en tant qu'agents de santé qui avons prêté serment est de veiller à ce que toute personne qui vient dans cet hôpital et qui a besoin de soins puisse avoir une satisfaction. On ne peut pas donner des moyens à cet hôpital, qui a un budget de 9 milliards, et qu’à chaque fois que l’argent entre, on a l’impression que c’est mis dans un sac troué», dénonce Cheikh Seck, porte-parole de l’intersyndicale des travailleurs de l’Hôpital général Idrissa Pouye.
Pour étayer ses propos, le représentant du personnel au sein du Conseil d’administration de l’hôpital donne des exemples précis. «Ce budget ne se reflète pas sur les services. Allez au bloc opératoire, au niveau des urgences, de la chirurgie générale, de la neurochirurgie, de l’orthopédie. Nous voyons des malades qui ont fait des traumatismes qui peuvent attendre pendant 20 jours avant d’être opérés. Certains qui ont les moyens préfèrent aller vers les cliniques. Actuellement, ne serait-ce que pour opérer, on a besoin de matériels de stérilisation, l’autoclave est en panne depuis un mois. Quand on opère, on a besoin d’amplificateur de brillance et sur les 14 salles, un seul fonctionne», dénonce le syndicaliste.
Ainsi, revenant sur les actions spécifiques du directeur, Cheikh Seck révèle : «on est en train de faire de la bamboula avec l’argent de cet hôpital. Il faut voir les dépenses d’un directeur qui part en voyage en France chaque année. On lui paye ses formations à l’Université qui avoisinent les deux millions. Pendant ce temps, l’hôpital peine à acheter des intrants, les véritables travailleurs ne sont pas respectés. Quand nous étions en grève, ils sont allés prendre des étudiants qui ont installé de gros malades. Un malade est même mort sur la table et nous ne comptons pas laisser cela comme ça. Il faut que la population fasse attention, quand les gens sont en grève, on met à leur disposition des personnes qui n’ont ni la compétence, ni la qualification. Sur ce point, nous interpellons directement le ministre de la Santé qui est médecin et qui sait ce que c’est prendre la responsabilité de prodiguer des soins à un malade», alerte le syndicaliste qui profère ces accusations contre le directeur.
En effet, il fait savoir que « ceux qui travaillent le matin jusqu’à 10h pour aller en sit-in, se retrouvent avec des salaires ponctionnés. Ce mois-ci, ils ont ponctionné plus de 80.000 F Cfa sur les salaires des agents. Il y a des éléments sur lesquels on doit tenir compte pour faire une imposition de salaire et tous ces éléments n’existent pas. Sur ce point précis, nous ne laisserons pas faire. Il est plus facile d’avoir le ministre de la Santé que le directeur», dit-il avant de prévenir la tutelle. «A partir du 1er avril, tout ce qu’il fait ne nous engage pas. Il est parti à la retraite. Nous allons le poursuivre en justice», promet Cheikh Seck.
Baye Modou SARR