Alors que le débat sur la candidature de Khalifa Sall et Karim Wade aux prochaines présidentielles bat son plein, les deux opposants condamnés par la justice sénégalaise ont bénéficié d’éclatantes victoires sur l’Etat devant les juridictions étrangères, où leurs affaires étaient portées. Ces faits nouveaux, dans les deux dossiers respectifs, n’ébranlent guère le porte-parole du parti au pouvoir. Selon Seydou Guèye, il y a une tentative de manipulation de l’opinion par des manoeuvres politico-judiciaires.
Face à la presse, hier, pour apporter le point de vue de l’Alliance pour la République (Apr), Seydou Guèye a descendu en flammes le maire de Dakar et le fils de Me Abdoulaye Wade. Selon le porte parole de l’Apr, les affaires Khalifa Sall et Karim Wade ont pris une dimension politico-médiatique qui est en train d’obstruer la perception ainsi que la compréhension que le peuple sénégalais devrait en avoir. «La stratégie politico-médiatique de nos adversaires, qui prend appui sur la désinformation, l’intoxication et les contrevérités, vise à détourner l’attention des Sénégalais des questions de fond, des faits et des vérités judiciaires. Le Président Macky Sall se bat pour la bonne gouvernance, la reddition des comptes et lutte contre toutes les formes de corruption. A cet égard, les pressions d’où qu’elles viennent ne sauraient dévier notre trajectoire», prévient-il.
«Karim Wade sait mieux que quiconque qu’il ne peut être électeur encore moins éligible»
Aussi, charge-t-il Karim Wade. «Comment comprendre que quelqu’un puisse avoir une vingtaine de comptes bancaires dans une principauté, s’il n’est pas dans des montages financiers douteux juste pour chercher à brouiller les pistes ? Le préjudice subi par l’Etat et les contribuables est incommensurable», indique-t-il. Avant de dire à qui veut l’entendre que la dernière décision du juge de Monaco ne remet absolument pas en cause la décision de la justice sénégalaise. «Le triomphalisme infantile des affidés de Karim Wade, montre juste les limites de la coopération judiciaire, à l’instar des difficultés rencontrées par des pays dans la procédure de recouvrement de biens mal acquis, bien avant ou bien après le Sénégal», assure Seydou Guèye.
Poursuivant, M. Guèye martèle : «le coup de publicité du 18 avril 2018 (Ndlr : inscription sur les listes électorales de Karim) au Koweït n’est rien d’autre qu’un coup médiatique de plus, car Karim Wade sait mieux que quiconque qu’il ne peut être ni électeur encore moins éligible».
«Aucun rapport hiérarchique entre la Cour de justice de la Cedeao et les juridictions des pays membres»
En ce qui concerne la caisse d’avance de la mairie de Dakar, le porte-parole de l’Apr précise qu’une décision de justice rendue en première instance au nom du peuple condamne le maire de Dakar à cinq ans de prison ferme. «La décision de la Cedeao déboute les conseillers de Khalifa Sall sur 14 de leurs 18 demandes. La décision de la Cedeao doit donc être replacée dans son contexte, puisque la juridiction communautaire n’a statué qu’en matière de violation des droits de l’homme», indique M. Guèye, avant de lancer : «elle n’est pas une juridiction pénale, ni une instance d’appel, encore moins une juridiction de cassation. Il n’existe aucun rapport hiérarchique entre elle et les juridictions des pays membres de la communauté, sinon des rapports de coopération. Ainsi, les commentaires de la partie adverse sont tendancieux, dangereux et préjudiciables à la réputation d’une juridiction qui a dit le droit dans cette affaire».
Pur lui, la Cour n’est pas compétente à connaître des recours contre les décisions des juridictions nationales. «Ainsi, sur la réparation sollicitée, la Cour a ramené les 50 milliards demandés à 35 millions à titre d’indemnisation, après les avoir déboutés sur la demande de mise en liberté d’office et sur la cessation des poursuites. C’est un véritable camouflet infligé par la juridiction communautaire aux avocats du maire de Dakar», a affirmé Seydou Guèye.
D’après lui, les juges de la Cedeao, par leur décision, ont laissé le soin aux juges sénégalais de poursuivre la procédure, parce ce qu’ils ont une claire conscience que le droit dans cette affaire doit être dit par un juge national. Un juge étranger, dit-il, ne peut pas dire le droit sur une affaire sénégalaise.
Ndeye Khady D. FALL