Alors que la communication du régime tâtonne avec des versions qui se contredisent sur le scandale du pétrole, l’opposition sénégalaise semble plus organisée. Les Sénégalais de la diaspora aussi sont en plein dans la lutte pour la transparence dans la gestion des ressources naturelles au Sénégal. Lundi dernier, la diaspora sénégalaise à Paris a posé un acte qui devra coûter très cher au régime de Macky Sall. Au même moment, devant le New York Stock Exchange, d’autres Sénégalais dénonçaient l’implication des sociétés cotées en bourse BP et Kosmos dans le scandale.
Fredrik Reinfeldt, président du Conseil d’administration de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (Itie) s’est entretenu avec une délégation composée de Sénégalais de la diaspora venue échanger avec lui sur la situation de la gestion des ressources naturelles. En effet, le collectif des citoyens sénégalais a manifesté lundi devant les locaux de l’Ocde dans le 16e arrondissement de Paris où se tenait l’Assemblée générale de l’Itie. Sur place, les Sénégalais ont exigé que ladite organisation statue sur le cas du Sénégal secoué par un gros scandale financier de 10 milliards de dollars sur le pétrole.
Et il faut dire que les doléances du collectif ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, puisque le statut du Sénégal a été finalement inscrit à l’ordre du jour de la rencontre.
Ainsi, au cours des échanges avec les Sénégalais, l’ancien Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, malgré un langage diplomatique en filigrane, a apporté un démenti au régime de Macky Sall. «Nous ne sommes pas en train de dire que tout est bien avec cette validation», a-t-il dit. Une position de Reinfeldt que les Sénégalais de France qualifient de première victoire dans leur lutte pour exiger la lumière sur le scandale qui secoue le pays depuis deux semaines. «Merci d’être venus et d’avoir présenté vos revendications», a d’abord indiqué M. Reinfeldt.
«Nous ne sommes pas en train de dire que tout est bien avec cette validation»
Pour le cas du Sénégal, il assure aux Sénégalais que leur procédure de validation a été très robuste et approfondie. Et d’ajouter que dans le cas du Sénégal, le comité d’évaluation et le validateur international ont dit que le Sénégal a accompli des progrès satisfaisants concernant les 33 sous exigences. «Mais ce n’est pas un audit financier, ce n’est pas un audit judiciaire, ce n’est pas non plus une enquête judiciaire. Nous ne sommes pas en train de dire que tout est bien avec cette validation. Et, votre point de vue a été transmis au Conseil d’administration par le représentant du collège société civile de la sous-région d’Afrique francophone», précise-t-il. «Il y avait très peu d’informations. Il y avait aussi des allégations de népotisme et de corruption. Nous ne savions rien par rapport aux permis octroyés, aux contrats et à la manière de gérer les ressources qui étaient octroyées aux investisseurs. La moitié de nos pays de mise en œuvre sont des Africains. Ils sont 34 aujourd’hui, donc plus de moitié», ajoute-t-il. Avant de terminer en disant qu’ils respectent les critiques du groupe de Sénégalais. «Nous utilisons nos méthodes que nous avons au niveau de l’Itie et nous appliquons les règles. Par contre, une partie de ce que vous nous demandez ne fait pas partie de notre mandat. Nous ne pouvons pas aller au-delà de notre mandat. Mais soyez assurés que vos revendications ont été remises au Conseil d’administration par votre représentant».
Il s’agit là d’un coup dur pour le régime de Macky Sall qui, pour rappel, allait se voir décerner un prix pour le dialogue qu'il avait appelé autour de la gestion du pétrole, notamment sur la répartition des retombées du pétrole et du gaz. Après cette rencontre, ils sont nombreux à parier que Macky ne recevra plus ce prix à cause des révélations de la Bbc, mais également les manifestions organisées par les Sénégalais pour dénoncer la mauvaise gestion des ressources naturelles.
Manifestation devant le NYSE à New York
Au même moment, à New York, précisément à Wall Street, devant le New York Stock Exchange (la Bourse) où sont cotées les entreprises BP et Kosmos, impliquées dans le scandale du pétrole, d’autres Sénégalais vivant aux États-Unis ont bravé la pluie, pour brandir des pancartes vilipendant Macky Sall, Aliou Sall, Frank Timis, BP. La corruption dans la dévolution de l’exploitation des ressources naturelles au Sénégal a été un leitmotiv dans leurs dénonciations, sous-tendues par une demande d’intervention du NYSE contre ces grandes entreprises corruptrices.
Sidy Djimby NDAO