
Ce qui devait être une célébration de la culture sénégalaise a viré au scandale. Lors des semaines culturelles scolaires communément appelées Fosco, des élèves ont été filmées dans des tenues jugées indécentes, exécutant des danses provocantes sous les regards d’un public parfois complice. A l’école Antoine de Padoue à Ziguinchor, il y a eu une «miss Diongoma». Les réseaux sociaux s’enflamment, des voix s’élèvent pour dénoncer, et certains demandent l’intervention urgente des autorités judiciaires.
La semaine dernière, de nombreuses écoles à travers le Sénégal ont vibré au rythme des Fosco, ces festivités culturelles annuelles devenues tradition dans les établissements scolaires. L’objectif initial reste noble : valoriser la culture sénégalaise à travers des activités artistiques, culinaires, sportives et folkloriques. Mais cette édition 2025 a été entachée par des dérives jugées graves : des danses obscènes, des élèves à moitié nues, et des vidéos virales qui ont profondément choqué l’opinion publique. A l’école Antoine de Padoue à Ziguinchor, il y a eu une «miss Diongoma». De jeunes filles qui se déhanchent dans de petites tenues sous les vivats de leurs camarades.
Sur les images abondamment relayées sur les réseaux sociaux, des adolescentes dansent de manière suggestive, parfois en pagne très court, en soutien-gorge, avec des perles traditionnelles autour de la taille. Le tout, au sein même des cours d’écoles. Le caractère scolaire de ces événements a ajouté à l’indignation générale. “C’est vraiment ça la jeunesse sénégalaise ? Comment espérer un développement avec des jeunes aussi inconscients ?”, fulmine un internaute sur Facebook. Une autre internaute ajoute : “l’école qui devait éduquer est devenue un lieu de perversion. C’est grave !”
Pour beaucoup de parents, c’est l’incompréhension. “Le pire, c’est que certains jureraient que leurs enfants ne feraient jamais une chose pareille. Et pourtant, les images sont là…”, déplore un père de famille sur Facebook. D’autres dénoncent un manque de vigilance ou de rigueur dans le suivi des préparations des élèves, soulignant une démission collective.
L’indignation est telle que plusieurs défenseurs des droits de l’enfant exigent une réponse judiciaire. “Le procureur doit s’autosaisir. C’est de l’exposition indécente de mineures dans un lieu censé être protégé !”, tonne un militant sur X. D’autres réclament l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités au sein des établissements.
Des critiques plus profondes : crise des repères
Au-delà des faits, ce scandale révèle une crise plus profonde : celle des repères éducatifs et moraux. “Il faut se demander pourquoi ces jeunes filles se sentent obligées d’attirer l’attention par leur corps. Où sont les modèles ?”, s’interroge une fille sur Tiktok. Avant d’ajouter : “c’est une génération qui consomme des contenus hypersexualisés en ligne. Et sans accompagnement éducatif solide, ces images deviennent leur norme.”
Silence officiel inquiétant
Du côté du ministère de l’Éducation nationale, aucune déclaration formelle n’a été faite. Certaines inspections académiques auraient transmis des consignes de vigilance, mais rien de structuré ni de public. Une attitude que dénoncent plusieurs associations de parents d’élèves : “Le ministère ne peut pas se taire face à un tel chaos. L’école est en danger”, s’insurge l’un d’eux.
Ces événements pourraient bien marquer un point de rupture. Les Fosco, censés transmettre les richesses culturelles du Sénégal, semblent aujourd’hui perdre leur essence dans certains établissements. Et si elles doivent perdurer, c’est à condition d’être mieux encadrées, mieux définies, et véritablement placées au service de l’éducation. «Nous ne sommes pas contre la culture. Mais quand celle-ci devient un spectacle de débauche dans nos écoles, il faut avoir le courage de dire stop”, résume un parent.
La polémique autour des Fosco met en lumière une réalité alarmante : l’école sénégalaise, pilier de l’éducation et de la transmission des valeurs, semble aujourd’hui fragilisée par un laisser-aller culturel et moral. Si les semaines culturelles doivent continuer à exister, elles nécessitent une refonte urgente et un encadrement strict. Car au-delà du folklore, c’est l’image de la jeunesse, la mission éducative de l’école et les fondements mêmes de la société qui sont en jeu.
Khadidjatou D. GAYE