Dans la capitale sénégalaise depuis mardi soir pour le pré-lancement de Holding Bag'Ô, une start-up évoluant dans l’industrie du transport aérien basée à Dakar, Samuel Eto’o Fils a animé une conférence de presse, hier. Le quadruple Ballon d'or africain a abordé l’actualité sportive, notamment la prochaine Can qui se jouera chez lui au Cameroun. Il a aussi souhaité bonne chance à Aliou Cissé pour les prochains matchs du Sénégal avant de clamer la grande admiration qu’il voue à Sadio Mané. De l’avis de Samuel Eto’o, les Africains doivent se soutenir pour le développement et l’épanouissement des footballeurs africains.
«Je souhaite beaucoup de chance à mon frère et ami, Aliou Cissé»
«Ça fait plaisir de constater qu’il y a encore beaucoup de pression et beaucoup d’intérêt autour de notre belle équipe sénégalaise. Je rappelle que le Sénégal a joué la dernière finale de la coupe d’Afrique. Il manquait de peu pour être champion d’Afrique. Il faut reconnaitre que cette belle équipe, avec à sa tête mon ami et frère, a bien fait. Maintenant, je ne peux pas prendre position par rapport à tel ou tel pays africain, parce que je suis Africain, mais je souhaite beaucoup de chance à mon frère et ami, Aliou Cissé. À toute son équipe et particulièrement à un jeune garçon pour qui j’ai beaucoup d’admiration, Sadio, avec qui j’échange de temps à temps.»
«J’ai dit particulièrement à Sadio Mané et plusieurs fois, je suis plus que fier de lui»
«Un ami m’a dit : ‘’Sadio c’est l’avenir du football’’, je lui ai dit : ‘’non ce n’est pas l’avenir, c’est le représentant du football africain actuellement. Sadio Mané est l’un des meilleurs joueurs au monde si ce n’est le meilleur’’. Ça c’est mon opinion. Il fait beaucoup de bonnes choses, il nous fait énormément plaisir. J’ai dit particulièrement à Sadio Mané et plusieurs fois, je suis plus que fier de lui. Pas seulement dans les stades de football, en dehors, sa manière de nous représenter. J’espère qu’il gagnera le maximum de titres possibles. Parce qu’à la fin, quand vous arrêtez votre carrière, c’est là qu’on vous rappelle que vous avez gagné 10, 15 ou 20 titres et c’est ça qui reste. J’espère qu’il aura beaucoup de bons moments en souvenir. Sadio Mané peut et doit gagner le Ballon d’or, mais il faudra d’abord que l’Afrique vote pour lui. Il peut gagner 10 ou 20 fois celui de la Caf. C’est le Ballon d’or européen qui nous intéresse.»
«Au Cameroun, les stades sont prêts»
«Mon rôle pour la Can 2022, à l’époque était un peu off (secret) et j’espère que les autorités sont satisfaites. Au Cameroun, les stades sont prêts. J’espère que vous vous sentirez bien au Cameroun dans quelques mois, parce que le Cameroun, c’est chez vous. Si jamais il y a un problème, je serai là pour vous.»
«Il manque aux joueurs africains une visibilité, les chaînes qui vous montrent les matchs sont étrangères»
«Les autres sont mieux vus que nous. Je ne pense pas que nous ayons moins de talent que les autres. Même les journalistes africains qui ont le pouvoir ne votent pas pour les joueurs africains. Le football m’a donné deux choses : la liberté et le choix. Je préfère être un nègre libre que d’être un nègre de maison. La seule chose qui m‘intéresse, c’est notre continent. Croyons en nous, car les autres ne sont pas meilleurs que nous. Nous avons tout ici (Afrique). Il manque aux joueurs africains une visibilité parce que les chaînes qui vous montrent les matchs sont celles étrangères. C’est à nous de comprendre une chose : les autres sont mieux vendus que nous, mais je ne pense pas que nous ayons moins de talent. J’ai eu un débat lors de ma sortie, quand j’avais pris position pour dire que les meilleurs n’étaient pas là, même si j’adore Messi, mais cette année, les meilleurs étaient Sadio Mané et Salah. Mais, nous-mêmes nous votons pour les autres.»
«Les Africains ne croient pas en eux, parce que nous nous considérons comme des êtres de seconde zone»
«Un jour, j’ai répondu froidement à mon ami Pierre Menés qui me demandait si j’allais quitter le Barça avec l’arrivée de Thierry Henry. Je lui ai dit que même ma grand-mère peut jouer au Barça, mais pas comme avant-centre, parce que je suis le meilleur. Malgré toutes les performances que nous présentons, on ne nous reconnait pas. Nous restons des êtres de seconde zone. Les Africains ne croient pas en eux, parce que nous nous considérons comme des êtres de seconde zone. On ne reconnait pas nos qualités et on n’est pas solidaire. Les autres (les Occidentaux) se soutiennent mutuellement et c’est ce qui fait la différence. Mais quand il y a un intérêt pour prendre de l’argent, ils seront là pour nous utiliser. Moi, je dis les choses comme je les ressens. Ça peut être choquant, mais avec le recul que j’ai, je suis libre d’accepter ou pas d’être un nègre de maison ou un nègre libre. Je préfère être un nègre libre. Avec cette pandémie de coronavirus, la tendance normale aurait voulu que ces petits Africains meurent. Nous avons fait les mêmes études que leurs enfants. Soyons fiers de notre Afrique. Je ne parle pas pour mon intérêt, mais celui de l’Afrique. Je vais défendre ce que j’ai de plus cher, notre continent. Je peux me tromper, mais eux ils savent, quand quelqu’un veut déborder je le recadre.»