Lors de l’instruction, hier, Saliou Ndiaye alias Baye Zale a reconnu avoir voulu se rendre en Afghanistan pour prêter main-forte aux frères musulmans qui subissaient des attaques. Des propos qu’il a reniés, hier, en soutenant qu’il voulait s’y rendre comme casque blanc pour aider les victimes. Entre autres crimes qu’il a contestés, l’accusé a déclaré n’avoir jamais été djihadiste, ni magnifié cela.
Au 4e jour du procès des présumés djihadistes, Saliou Ndiaye alias Baye Zale était le 5e accusé appelé à la barre de la Chambre criminelle de Dakar. Commerçant de son état, marié à deux épouses et père de 3 enfants, le Kaolackois a rétorqué au juge n’avoir pas compris les accusations portées à son encontre. A l’en croire, il a été impliqué dans cette affaire parce qu’il connaissait des gens à qui on reproche des choses, à savoir Abdou Akim Mbacké Bao et Imam Ndao. Lors son arrestation à son domicile, vers les coups de 4 heures du matin, ils ont emporté ses habits, ceux de ses enfants et de son épouse. Avant d’être conduit à son magasin où ils ont saisi son ordinateur et celui de sa femme.
Pourquoi l’Afghanistan
Pourtant, l’exploitation de son téléphone a montré qu’il était en contact avec des gens comme Abdallah Babou, Oumar Diaby alias Omsen…. Sur ce point, Saliou Ndiaye alias Baye Zale dit connaître Abdallah Babou qui habitait à Grand-Yoff où il vendait de la viande. A ce titre, chaque fois qu’il terminait son boulot, il se rendait au commerce de ce dernier pour se sustenter et discuter avec lui de religion. C’est au cours de leurs échanges que ce dernier s’est proposé de l’aider Saliou Ndiaye, à voyager en Afghanistan.
Pour le choix porté sur ce pays, Saliou Ndiaye a expliqué avoir toujours eu le désir de voyager, depuis sa tendre enfance. Soutenant que certains jeunes sont poussés par la recherche du gain et d’autres des connaissances, «Baye Zale» indique que pour son cas, c’est le savoir qui devait le conduire en Afghanistan et rien d’autre. Parce que, selon lui, au Sénégal, c’est la théorie qui est la chose la plus enseignée pour le Coran. Alors qu’en Afghanistan, les Talibans enseignent la charia. Toujours lors de l’enquête, il affirmait vouloir s’y rendre pour vivre la charia. Ce qu’il a même confirmé devant la Chambre criminelle.
Très grand visiteur des sites islamique
Par ailleurs, il résulte de l’exploitation de son ordinateur qu’il visitait les sites islamiques. Interrogé, il a indiqué qu’il les consultait pour savoir ce qui s’y trouve. Face aux agents enquêteurs, il avait déclaré vouloir se rendre en Afghanistan pour prêter main-forte à des frères musulmans qui subissaient les attaques. Mais hier, face au juge de l’audience, il a dit avoir été dissuadé par son «Kilifeu» et guide, Imam Ndao, qui lui a allégué que ce n’était pas sûr d’y aller. Ceci, avant qu’il n’envisage un autre voyage en 2012, en Syrie, qui était en proie à la guerre, à l’époque, «à l’insu d’Imam Ndao», soutient-il.
Ce voyage de Syrie, explique-t-il, a été motivé par des déclarations de la Ligue des imams qui s’était indignée de cette situation que vivait la Syrie. La Ligue demandait d’aider ces populations financièrement ou en faisant des prières, entres autres. C’est ainsi qu’un certain Djibril Thiombane l’a approché, pour lui dire qu’il y avait des candidats qui voulaient aller en Syrie. Pour sa part, Saliou Ndiaye dit avoir informé Thiombane de son souhait de les rejoindre comme casque blanc et non pour combattre.
Il disait vouloir la victoire des djihadistes syriens face à l’armée, mais…
Par ailleurs, il a reconnu avoir rencontré Omar Diaby. Et il a résulté de l’enquête que Saliou Ndiaye a réitéré au frère d’Omar Diaby, Moussa Massoud, vouloir la victoire des djihadistes syriens face à l’armée, ce qu’il a contesté, hier.
Pour l’apologie du terrorisme qui lui est reprochée, il a été retrouvé dans sa tablette une vidéo faisant état d’une exécution et sur laquelle on voyait de l’argent, selon les consignations des agents sur Pv. A ce propos, Saliou Ndiaye a dit les avoir visionnées parce que ces gens appliquaient la charia. Pour le financement du terrorisme qu’il a nié, Saliou Ndiaye a argué avoir offert à son co-accusé Abdou Akim Mbacké Bao de l’argent, dont il ignorait le montant exact. Mais, souligne-t-il, il ne connaissait pas le motif du voyage de ce dernier au Mali. L’accusé a rappelé n’avoir pas participé à la réunion tenue à Rosso en 2012, lorsque la mosquée d’Imam Ndour de Diourbel a été attaquée par des disciples mourides.
La charria au Sénégal
S’adressant au procureur, il expliqué que, de son point de vue, le djihadiste, c’est celui qui fait des efforts, comme l’indique Dieu. Et si tout le monde était d’accord, on pourrait appliquer le djihad au Sénégal. Il a reconnu avoir dit cela en soutenant qu’ils allaient passer par leurs «guides», pour installer la charia, qui ferait du bien au Sénégal. Cependant, il a résulté des réquisitions des agents, que Saliou Ndiaye et Matar Diokhané communiquaient sur Skype.
Voici quelques extraits de leurs discussions consignées sur Pv : Matar Diokhané dit à Saliou : «Salam Akhi, est-ce que le frère de Rosso vous a dit à propos du travail que vous cherchiez ? Je suis passé là-bas mais on m’a dit qu’il y a des clients qui viendront à Dakar pour vous rencontrer. Aussi avec les autres clients de Rosso et de Kaolack». L’accusé a dit hier ne pas se rappeler de ce message. Ce qui est en porte-à-faux avec ses aveux devant le magistrat instructeur, où il disait que ces «clients» étaient destinés pour aller en Syrie. Et qu’il y avait un Sénégalais en Arabie Saoudite qui devait venir au Sénégal avec de l’argent pour financer ce projet. Terminant, Saliou Ndiaye a indiqué qu’il n’était pas d’accord avec ceux qui font l’apologie du terrorisme.
Fatou D. DIONE