Dans une tribune rendue publique sous le titre « S’il faut en arriver à huer les juges… », le journaliste Madiambal Diagne s’attaque à ses jeunes confrères, chroniqueurs judiciaires.
La critique ferait, c’est sûr, plus mal si elle venait d’un journaliste qui, depuis 2012, n’avait travesti le noble métier que ces jeunes journalistes ont, pour la plupart, embrassé pour ses valeurs. Ces valeurs mêmes que lui, jadis journaliste «engagé», et qui a sans doute inspiré plusieurs parmi ces jeunes qu’il n’a pas hésité à massacrer sur la place publique, a défendues à un moment donné de sa carrière.
Dans sa tribune, le journaliste proche du pouvoir, comme diraient nos amis Ivoiriens, dit «regretter que les médias aient eu à faire des comptes-rendus biaisés». Et d’ajouter que «cela pose la lancinante question de la qualification des chroniqueurs judiciaires qui n’appréhendent pas toujours bien le sens et le contenu des propos tenus devant la barre des juridictions».
Il a peut être raison. Sauf que Madiambal Diagne semble avoir omis sa part de responsabilité dans cette «situation». Qu’a-t-il fait pour renforcer le niveau des chroniqueurs judiciaires et journalistes de sa propre boite ? Ma surprise a été on ne peut plus grande de constater que les textes des journalistes chroniqueurs judiciaires du quotidien «Le Quotidien» sont inclus dans ce lot de «comptes rendus biaisés».
« Cette situation de carence des chroniqueurs judiciaires est, il faut le dire, telle que des autorités judiciaires interpellent souvent les responsables des rédactions de journaux pour trouver des moyens de mieux ‘’former’’ les journalistes en poste au Palais de justice sur les questions judiciaires», dites-vous. Un mea-culpa du responsable de média que vous êtes, mais qui n’a rien fait pour endiguer cette «situation» qui fait que les médias internationaux sont meilleurs que ceux locaux, comme vous le laissez entendre.
Comble du comble, vous invitez à «aller chercher l’erreur ! ». Même un enfant saurait que la responsabilité est partagée.
Doyen, nous sommes au regret de le dire, vous êtes plus une référence pour la plupart des jeunes journalistes de ce pays. Et j’ai été très surpris d’apprendre que vous a été décerné le «prix Norbert Zongo pour la liberté d’expression et de presse».
Du nom de l’ancien journaliste d’investigation et fondateur de L’Indépendant au Burkina Faso, lâchement assassiné le 13 décembre 1998 sous le régime de l’ancien Blaise Compaoré.
Aujourd’hui je ne crois pas que Henri Sebgo (son nom de plume) aurait été fier de constater qu’un journaliste qui assume sa proximité avec le pouvoir puisse remporter un prix en sa mémoire.
Dans «Le sens d'un combat», Norbert Zongo rapporte une conversation qu’il a eue avec sa mère. En la parcourant, on note son courage, son intégrité, son engagement… mais surtout sa distance avec le pouvoir.
«Mon fils, je suis venue te dire une chose : de nombreuses personnes sont venues me dire que tu écris encore des choses sur le Président. Elles m'ont dit que ta vie est en danger, parce que le Président qui est au pouvoir ne se contentera pas de t'emprisonner comme l'autre avant, mais celui-là̀ va te tuer. Si ce qu'on dit est vrai, je viens te supplier de ne plus écrire, Si tu meurs...», lui disait sa maman Augustine. Et Norbert d'ajouter, dans son ouvrage : «la suite de cette conversation que j'ai eue avec ma mère, je ne l'écrirai jamais dans un journal».
En définitive, le journaliste devenu courtier au palais de la République reste fidèle à sa «ligne éditoriale personnelle» : « Tirer sur tous ceux qui ne roulent pas pour le Président Macky Sall». C’est peut-être fidèle à cette ligne que vous vous êtes également attaqué au Procureur général qui, selon vous, a prêté le flanc en faisant montre d’une certaine légèreté.
En effet, vous écrivez qu’il n’était pas obligé de s’aventurer à commenter une décision de justice dont il n’avait pas encore connaissance. «D’autant que son collègue, Président de la Cour, Demba Kandji, lui avait déjà balisé la voie quand il rétorqua aux avocats qu’il ne saurait discuter d’une décision de justice dont la teneur complète n’était pas versée dans le dossier qu’il avait à juger».
J’ai envie de rire. Mais j’ai surtout envie de vous demander pour qui vous vous prenez.
Je ne vous connais de formation de juriste. Comme disait l’autre, ce pays va mal parce que des gens, spécialistes ou non dans leur domaine, se prennent pour des encyclopédies et se donnent le droit de parler de tout, même de ce qu’ils ne maitrisent point.
Sidy Djimby NDAO
Journaliste
La critique ferait, c’est sûr, plus mal si elle venait d’un journaliste qui, depuis 2012, n’avait travesti le noble métier que ces jeunes journalistes ont, pour la plupart, embrassé pour ses valeurs. Ces valeurs mêmes que lui, jadis journaliste «engagé», et qui a sans doute inspiré plusieurs parmi ces jeunes qu’il n’a pas hésité à massacrer sur la place publique, a défendues à un moment donné de sa carrière.
Dans sa tribune, le journaliste proche du pouvoir, comme diraient nos amis Ivoiriens, dit «regretter que les médias aient eu à faire des comptes-rendus biaisés». Et d’ajouter que «cela pose la lancinante question de la qualification des chroniqueurs judiciaires qui n’appréhendent pas toujours bien le sens et le contenu des propos tenus devant la barre des juridictions».
Il a peut être raison. Sauf que Madiambal Diagne semble avoir omis sa part de responsabilité dans cette «situation». Qu’a-t-il fait pour renforcer le niveau des chroniqueurs judiciaires et journalistes de sa propre boite ? Ma surprise a été on ne peut plus grande de constater que les textes des journalistes chroniqueurs judiciaires du quotidien «Le Quotidien» sont inclus dans ce lot de «comptes rendus biaisés».
« Cette situation de carence des chroniqueurs judiciaires est, il faut le dire, telle que des autorités judiciaires interpellent souvent les responsables des rédactions de journaux pour trouver des moyens de mieux ‘’former’’ les journalistes en poste au Palais de justice sur les questions judiciaires», dites-vous. Un mea-culpa du responsable de média que vous êtes, mais qui n’a rien fait pour endiguer cette «situation» qui fait que les médias internationaux sont meilleurs que ceux locaux, comme vous le laissez entendre.
Comble du comble, vous invitez à «aller chercher l’erreur ! ». Même un enfant saurait que la responsabilité est partagée.
Doyen, nous sommes au regret de le dire, vous êtes plus une référence pour la plupart des jeunes journalistes de ce pays. Et j’ai été très surpris d’apprendre que vous a été décerné le «prix Norbert Zongo pour la liberté d’expression et de presse».
Du nom de l’ancien journaliste d’investigation et fondateur de L’Indépendant au Burkina Faso, lâchement assassiné le 13 décembre 1998 sous le régime de l’ancien Blaise Compaoré.
Aujourd’hui je ne crois pas que Henri Sebgo (son nom de plume) aurait été fier de constater qu’un journaliste qui assume sa proximité avec le pouvoir puisse remporter un prix en sa mémoire.
Dans «Le sens d'un combat», Norbert Zongo rapporte une conversation qu’il a eue avec sa mère. En la parcourant, on note son courage, son intégrité, son engagement… mais surtout sa distance avec le pouvoir.
«Mon fils, je suis venue te dire une chose : de nombreuses personnes sont venues me dire que tu écris encore des choses sur le Président. Elles m'ont dit que ta vie est en danger, parce que le Président qui est au pouvoir ne se contentera pas de t'emprisonner comme l'autre avant, mais celui-là̀ va te tuer. Si ce qu'on dit est vrai, je viens te supplier de ne plus écrire, Si tu meurs...», lui disait sa maman Augustine. Et Norbert d'ajouter, dans son ouvrage : «la suite de cette conversation que j'ai eue avec ma mère, je ne l'écrirai jamais dans un journal».
En définitive, le journaliste devenu courtier au palais de la République reste fidèle à sa «ligne éditoriale personnelle» : « Tirer sur tous ceux qui ne roulent pas pour le Président Macky Sall». C’est peut-être fidèle à cette ligne que vous vous êtes également attaqué au Procureur général qui, selon vous, a prêté le flanc en faisant montre d’une certaine légèreté.
En effet, vous écrivez qu’il n’était pas obligé de s’aventurer à commenter une décision de justice dont il n’avait pas encore connaissance. «D’autant que son collègue, Président de la Cour, Demba Kandji, lui avait déjà balisé la voie quand il rétorqua aux avocats qu’il ne saurait discuter d’une décision de justice dont la teneur complète n’était pas versée dans le dossier qu’il avait à juger».
J’ai envie de rire. Mais j’ai surtout envie de vous demander pour qui vous vous prenez.
Je ne vous connais de formation de juriste. Comme disait l’autre, ce pays va mal parce que des gens, spécialistes ou non dans leur domaine, se prennent pour des encyclopédies et se donnent le droit de parler de tout, même de ce qu’ils ne maitrisent point.
Sidy Djimby NDAO
Journaliste