Arrêté dans notre pays au mois de janvier dernier, le gangster indien Ravi Pujari va peut-être retourner dans son pays très prochainement. C’est en tout cas la volonté du gouvernement indien, qui ne cesse de faire pression sur les autorités sénégalaises, pour expulser le gangster qui est parmi les personnes les plus recherchées dans son pays.
Dans la plus grande démocratie au monde, alors qu’on est en attente des résultats des élections présidentielles et législatives, tous les yeux sont rivés sur le Sénégal. Alors se dirige-t-on vers l’extradition du gangster indien Ravi Pujari ? Oui, en à croire des informations obtenues par «Les Échos». En effet, alors que leur compatriote croupit depuis quelques mois dans une prison sénégalaise, les autorités indiennes n’en peuvent plus d’attendre. Mumbai veut, en effet, que ce bandit qui a fait beaucoup de mal au pays soit déporté et jugé par la justice indienne. Il sera sans doute lourdement condamné, le gangster n’est pas des plus aimés dans son pays.
Plus de 100 infractions graves sur ses épaules
Ainsi, dans le but d’obtenir la déportation du sieur Pujari, le ministère des Affaires extérieures indien a ouvert un dialogue avec les autorités sénégalaises par les voies diplomatiques. En Inde, plusieurs responsables qui se sont exprimés sur la question, ont déclaré qu'il existait des relations cordiales entre les deux pays depuis l'indépendance du Sénégal de la France en 1960. «Le ministère des Affaires extérieures indien tente de convaincre les autorités sénégalaises que Pujari est un gangster indien notoire recherché pour plus de 100 infractions graves. Une fois qu'ils seront convaincus, il sera expulsé du jour au lendemain», a déclaré une autorité du ministère devant la presse locale. Celui-ci dira que son pays ne ménagera aucun effort pour faire revenir Pujari au pays.
Arrêté en janvier dernier à Dakar par le Bureau central d’Interpol, avec l’appui de la Division des investigations criminelles (Dic), Pujari a été présenté à un juge. Informées par leur ambassadeur à Dakar, les autorités indiennes n’avaient pas tardé à réagir. Un vol spécial avait été annoncé pour venir cueillir Pujari, qui a été placé sous écrou extraditionnel à la Maison d’arrêt de Rebeuss.
Quelque temps après, il a contesté son extradition, affirmant qu'il était en réalité Anthony Fernandes, de nationalité burkinabé.
En Inde, cette affaire est d’autant plus prise au sérieux qu’elle rappelle une autre qui continue de hanter le sommeil des autorités du pays : celle d’une affaire pendante devant un tribunal thaïlandais depuis 2015, opposant l’État indien à un de ses ressortissants. Ce dernier, alors qu’il était sur le point d’être rapatrié dans son pays, a présenté de «faux documents» affirmant qu'il était Pakistanais.
Il est poursuivi pour meurtre, fusillades, extorsion de fonds, enlèvement…
Ainsi, au pays de Narendra Modi, on craint que la déclaration faite par Pujari devant le juge sénégalais, disant être Burkinabé, mène à une longue bataille juridique.
La police de Mumbai a envoyé aux autorités sénégalaises un dossier sur Pujari, répertoriant 49 infractions graves, notamment de meurtre, de fusillades, de menaces et d'extorsion.
Selon la police indienne, Pujari, parrainé par le gangster Chhota Rajan, est également recherché en Inde pour extorsion de fonds, enlèvement et d’autres délits. Il a commencé comme un petit criminel, a ensuite assassiné Bala Zalte, son rival, avant de rejoindre Chhota Rajan. Des personnalités de Bollywood, dont Mahesh Bhatt et Farah Khan, des hôteliers et des hommes d’affaires de Mumbai, du Gujarat et du Karnataka, sont comptés parmi ses victimes, a annoncé la police.
Sa dernière victime est une actrice du nom de Rakhi Sawant. Cette dernière avait refusé de céder au chantage de Sulya Pujari, qui a envoyé une équipe de tueurs aux trousses de sa famille.
Sidy Djimby NDAO