Le Sutelec a apporté un démenti cinglant au ministre porte-parole du Gouvernement qui impute la cherté du coût de l’électricité à la masse salariale des travailleurs. Des propos d’une extrême gravité, selon le syndicat, qui précise que la masse salariale ne représente que 6,9% des charges de fonctionnement et 9% du chiffre d’affaire de Senelec. En effet, même si les travailleurs de Senelec faisaient don de leur salaire, explique Habib Aïdara, cela n’impacterait point le coût du KWh.
A la suite des propos polémiques du ministre de la Formation professionnelle et porte-parole du Gouvernement, Moustapha Sarré, sur la 7Tv, imputant la cherté du coût de l’électricité à la masse salariale de la Senelec, la réponse du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec) dirigé par Habib Aïdara n’a pas tardé. Et, c’est une réplique salée pour battre en brèche le raisonnement qualifié de «raccourci» de leur détracteur qui, de l’avis du secrétaire général du Sutelec, n’a aucune maitrise du processus de fixation du prix du KWh par la Crse. «Ces propos, émanant d’une autorité étatique qui porte la voix du Gouvernement du Sénégal, sont d’une extrême gravité et peuvent avoir des conséquences négatives sur la paix et la stabilité sociale de Senelec », relève le Sutelec, qui est revenu dans son communiqué avec force détails sur le processus de fixation des prix du KWh, notamment les charges de fonctionnement et les investissements.
La masse salariale ne représente que 6,9% des charges de fonctionnement
«Les dépenses de combustibles pour les centrales de production représentent 54,5% des charges de fonctionnement sur le tarif de l’électricité ; les achats d’énergie auprès des producteurs indépendants représentent 32% des charges de fonctionnement sur le tarif de l’électricité, dont 20% sur les charges fixes et 12% sur les charges variables ; le cumul de toutes ces charges énumérées fait : 86,5% rien que pour la production d’énergie sur le tarif du KWh », explique le Sutelec. Poursuivant, le Sutelec de révéler que les autres charges tournent autour des huiles, du transport du combustible, des services extérieurs et des achats consommés entre autres. La masse salariale qu’il évoque, précise le syndicaliste, ne représente que 6,9% des charges de fonctionnement.
Une dette de 100 milliards
En outre, le Sutelec accuse le ministre d’avoir sciemment occulté les créances échues de l’Administration (Centrale, Collectivités locales, Epaf et Eclairage public) qui s’élève à plus de 100 milliards. «Puisque l’Etat est défaillant sur le paiement des factures et ne verse pas la compensation à temps, Senelec est obligée de recourir à des emprunts bancaires avec des intérêts sans compter les intérêts débiteurs pour retard de paiement qui s’élèvent à plus de 8,5% du chiffre d’affaire. Ensuite, Senelec s’approvisionne auprès de la Sar à hauteur de 23 milliards en moyenne tous les mois. Avec les retards de paiement, la Sar aussi applique des pénalités de retard de paiements. A ces difficultés de trésorerie, s’ajoutent les créances des clients sensibles ne pouvant faire l’objet de suspension de la fourniture de l’électricité pour défaut de paiement qui s’élèvent à plus de 40 milliards (Sen-Eau, Seter, Limak Aibd, Concessionnaires d’Electrification rurale : Comasel et Era…)», liste le patron du Sutelec.
La souveraineté économique ne s’accommode pas de politique politicienne
En dépit de toutes ces difficultés, souligne Habib Aïdara, les travailleurs de Senelec sont conscients de leur mission de service public et font montre d’un engagement patriotique sans tapage médiatique et assurent le service continu de l’électricité dans l’intérêt des populations sénégalaises. «Vos propos devraient aller dans le sens de rassurer et de susciter l’espoir des Sénégalais et des investisseurs privés nationaux comme étrangers, au regard du contexte marqué par le début de l’exploitation du pétrole et, sous peu, du gaz. La souveraineté économique ne s’accommode pas de politique politicienne mais d’une orientation stratégique basée sur une vision claire, pour mettre Senelec et ses travailleurs dans les conditions optimales de performance», fait remarquer le syndicaliste.
Le Sutelec exige une réponse de la Direction de Senelec sur les recrutements sauvages allégués par le ministre
Selon toujours le Sutelec, la masse salariale ne représente que 9% du chiffre d’affaire de Senelec alors que les standards internationaux affichent un ratio à deux chiffres dans la sous-région. «Pour votre gouverne, si les travailleurs de Senelec faisaient don de leur salaire, cela n’impacterait point le coût du KWh», tranche M. Aïdara. Par ailleurs, s’agissant des allégations de «recrutements sauvages» à la Senelec, le Sutelec exige une réponse de la Direction générale sur ce qu’il considère être de «graves accusations irrespectueuses» du ministre porte-parole du Gouvernement à l’endroit du personnel de Senelec. Le Syndicat n’a pas manqué d’alerter sur les nombreuses attaques dont Senelec fait l’objet et demande aux travailleurs de ne pas se laisser divertir.
M. CISS