A peine l’acheminement des vivres entamé que les problèmes commencent. Aux Parcelles Assainies, le maire de la localité Moussa Sy est accusé d’avoir mis en place un sous-comité qui ne comporte que ses hommes. Saisi des complaintes, le sous-préfet a écrit hier à Moussa Sy pour lui rappeler les règles en vigueur. L’autorité met en garde, en indiquant que «des vérificateurs au nombre de 148 dont 49 pour la commune des Parcelles Assainies seront déployés par le ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale pour s’enquérir de la régularité du ciblage et de la composition des sous-comités de quartier».
Sauf s’il vient à changer de méthode, pour espérer calmer le jeu, Moussa Sy va encore devoir faire avec les problèmes. Depuis hier, en effet, ce sont ses méthodes pour identifier les Parcellois devant bénéficier des vivres qui font l’objet de polémiques. «La mairie est en train de demander aux gens 200 à 300F, pour se faire enrôler. Cent francs pour la photocopie de la carte nationale d’identité et 200 francs pour légaliser le document. Nous trouvons cela scandaleux, d’autant que le président de la République a clairement fait savoir que cette aide était destinée aux populations pour les aider dans ce contexte de Covid-19», déclare notre source.
L’autre problème c’est que le centre d’état civil où se fait la légalisation ne désemplit plus. «Ce sont des rassemblements de personnes à l’intérieur et au-devant de la mairie, alors que présentement nous sommes à pratiquement 15 cas de Covid-19 au niveau des Parcelles Assainies. Oui, pour la transparence, si c’est cela qui motive les justificatifs, mais non aux rassemblements de personnes, synonyme de propagation du virus et aux cotisations à travers les photocopies de carte d’identité», tonne ce conseiller municipal qui dénonce que ce soient les seuls partisans de Moussa Sy qui soient dans le comité communal.
Mamadou Guèye, plus connu sous le nom de Guèye l’original, conseiller municipal étale sa rage : «la mairie était bondée de monde. Ce qui favorise gravement la propagation de la pandémie. C’est extrêmement grave ce qui se passe à la mairie des Parcelles Assainies. Aucune mairie n’a le droit de demander un franc aux familles vulnérables».
Le sous-préfet se saisit de la question et adresse une note à Moussa Sy avec ampliation à toutes les autorités concernées
Le sous-préfet n’est pas en tout cas resté à attendre que les populations se rencontrent. A la suite de plusieurs complaintes qui lui ont été remontées, il a saisi Moussa Sy. Dans une correspondance estampillée « très urgent» dont nous avons copie, il écrit : «ce mercredi 15 avril 2020, plusieurs personnes ont attiré mon attention sur de prétendues irrégularités dans le montage des sous-comités de quartier pour le ciblage de ménages bénéficiaires de l’appui alimentaire accordé par le gouvernement du Sénégal pour aider à mieux faire face aux impacts de la maladie à coronavirus. Pour l’essentiel, il s’agit de tentatives d’exclure des membres de droit notamment les présidents des associations sportives et culturelles Renaissance (unité 15), Diant Bi (Unité 10) et du maintien d’une présidente dans un sous-comité alors qu’elle aurait démissionné (Asc Santhiane unité 19)».
«Tout membre de droit qui n’aurait pas assisté au ciblage d’un sous-comité par exclusion engendrera de facto l’invalidation dudit ciblage»
Le sous-préfet de poursuivre : «je voudrai, à ce propos, préciser que les présidents d’Asc sont membres de droit des sous-comités de quartier ainsi que les secrétaires exécutifs des comités de développements (Cds). En cas d’indisponibilité, il leur appartient de désigner un autre membre des structures qu’ils dirigent pour les représenter au niveau des sous-comités. Le travail effectué par les sous-comités de ciblage y compris la composition seront contrôlés par le comité communal de ciblage avant une validation par le comité d’arrondissement présidé par le sous-préfet. Tout membre de droit qui n’aurait pas assisté au ciblage d’un sous-comité par exclusion engendrera de facto l’invalidation dudit ciblage».
49 vérificateurs seront envoyés
Et le sous-préfet de terminer par attirer son attention, sur le fait que des contrôleurs lui seront envoyés. «Des vérificateurs au nombre de 148 dont 49 pour la commune des Parcelles Assainies seront déployés par le ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale pour s’enquérir de la régularité du ciblage et de la composition des sous-comités de quartier et aider à relever les doublons entre les ménages inscrits dans le Rnu et ceux issus du ciblage communautaire». Ampliations de la lettre écrite hier mercredi 16 avril 2020 a été faite à toutes les autorités concernées par cette affaire.
Madou MBODJ