
L’affaire Sweet Beauté a été évoquée hier devant la Chambre criminelle. Accusé de viol et de menace de mort, Ousmane Sonko a brillé par son absence. Une attitude qui répondrait à la désobéissance civile qu’il avait décidé d’adopter. Cependant, selon un de ses conseils, ce n’est pas par désobéissance civile ou qu’il défie la justice que le leader de Pastef ne veut pas comparaître. A l’en croire, si Ousmane Sonko ne veut plus comparaître, c’est à cause de trois choses : l’injustice subie, les violences et le silence des juges par rapport à tout cela. Si l’Etat assure sa sécurité, il va comparaître. Ousmane Sonko va-t-il comparaître à l’audience du 23 mai prochain dans l’affaire du salon Sweet Beauté ? La réponse de sa défense est nette : si les conditions de sa sécurité sont assurées. En fait, ce n’est pas parce qu’il a appelé à la désobéissance civile et que le leader de Pastef veut défier la justice sénégalaise qu’il n’a pas comparu hier et la dernière fois également dans l’affaire qui l’oppose à Mame Mbaye Niang. C’est une mauvaise interprétation qui a été faite de ses propos, si l’on en croit un membre de sa défense. Tenant à garder l’anonymat, la robe noire soutient que certes son client ne fait pas trop confiance aux magistrats chargés de le juger, mais il respecte l’institution en elle-même. La décision d’Ousmane Sonko de ne plus déférer à la convocation des juges découle de trois choses. «D’abord par la violation manifeste de sa liberté d’aller et de venir garantie par la constitution», explique-t-il. Selon cet avocat, chaque fois que le leader de Pastef doit répondre au juge, les rues de son quartier sont barricadées ; ses fils ne peuvent plus aller à l’école tranquillement ; il ne reçoit plus de visite de ses proches etc. La deuxième chose est qu’on lui refuse la liberté de circuler et passer par là où il le désire, si l’on en croit toujours notre interlocuteur. Pour lui, c’est «illégal», de la part des forces de l’ordre, de lui indiquer le chemin à suivre et personne n’a le droit de le faire. De son avis, si c’était une décision à caractère général, il n’y aurait rien à dire, mais elle ne s’applique qu’à Ousmane Sonko. L’avocat de rappeler que lorsqu’il a été convoqué dans l’affaire des 7 milliards de Taïwan, Macky Sall s’est fait accompagner par ses partisans ; il a emprunté le chemin qu’il a voulu et il a même pris une voie à sens interdit ; et il ne s’est rien passé ; Idrissa Seck également l’a fait en passant par le marché Sandaga. «Alors pourquoi pas lui ?», peste la robe noire. La troisième chose qu’il dénonce et qui retient son client, c’est la «violence suivie de l’humiliation dont il est victime chaque fois». A l’en croire, on exerce une violence sur la personne d’Ousmane Sonko. «Il est gazé et conduit de force au Tribunal, alors qu’il a le droit de ne pas comparaître», fustige-t-il. Il affirme que la garde rapprochée de son client a été violentée et retenue à la porte de la salle lors de l’audience contre Mame Mbaye Niang, au moment où, le ministre du Tourisme est venu avec ses hommes qui ont été installés tranquillement dans la salle. Le pire, dans tout ça, selon l’avocat, c’est que les juges ne disent rien et refusent de tirer conséquences des conditions dans lesquelles Ousmane Sonko s’est présenté à la barre. Pour lui, c’est compte tenu de tout cela que son client a décidé de ne plus comparaître, parce qu’il ne se sentait plus en sécurité. «Si on garantit à Ousmane Sonko les conditions minimales de sécurité, il pourrait comparaître à l’audience du 23. Il ne peut pas prendre le risque de venir comme ça», avertit-il. Alassane DRAME