«Tout ce que je peux dire sur Ousmane Sonko, c’est que le défendre dans cette succession de procédures, c’est une succession de bénédictions. Parce que malgré tout ce qu’on lui a fait, il reste toujours debout. Cela ne fait que prouver que Dieu choisit le chemin qu’il veut quand il veut vous élire. Ousmane Sonko a parlé de désobéissance civile, il a convoqué son droit à la résistance, je pense que c’est tout à fait normal, au regard du traitement qui lui est réservé. Sur les sept dernières fois qu’il a été convoqué au tribunal, les trois fois, il a failli perdre sa vie. Il y a parmi vos confrères qui ont déclaré que Ousmane Sonko a bel et bien reçu sa convocation. Ce qui est absolument faux. La vérité, c’est que c’est le commissaire Massaly de Ziguinchor qui a fait un faux. Je pense que cette affaire, même un animal qui a toutes les informations peut le juger et donner raison à Ousmane Sonko, parce qu’il n’y a rien qui l’incrimine dans cette affaire. De toutes les façons, ce jugement n’est pas valable, parce que l’une des parties, Ndèye Khady Ndiaye en l’occurrence, n’a pas d’avocat. Et ce que je veux dire, c’est que malgré tout, les juges sont tenus de dire le droit. Parce que ce n’est pas parce que Sonko n’est pas là, qu’il est jugé par contumace, qu’il sera condamné».
Me Massokhna Kane : «le commissaire de Ziguinchor a manifestement fait du faux à propos de la convocation de Ousmane Sonko»
«En matière criminelle, personne ne doit être jugé sans assistance d’un avocat, c’est ce que la loi prévoit. Pour ce qui concerne notre client, il n’a jamais reçu de convocation pour se présenter devant cette juridiction. Parce qu’il y a un officier de police à Ziguinchor qui a établi un procès-verbal pour dire qu’il a trouvé Ousmane Sonko devant sa maison pour lui signifier qu’il était convoqué devant la chambre criminelle et il a daté son document au 11 mai. Alors que c’est le commissaire Adramé Sarr de Dakar qui, le 15 mai, a constaté dans un procès-verbal qu’il était allé au domicile de Ousmane Sonko et ne l’a pas trouvé. Et il a dû faire recours à l’assistance du commissaire de Ziguinchor puisqu’il avait appris que Monsieur Sonko était à Ziguinchor. Ce qui prouve manifestement un faux de la part du commissaire de Ziguinchor. Donc voilà comment ça s’est passé. Ousmane Sonko n’a jamais reçu de convocation pour venir à l’audience. C’est pourquoi, aujourd’hui, les avocats sont intervenus pour dire qu’il y avait cette irrégularité d’abord et ensuite il y avait des conditions de sécurité qui font que Monsieur Sonko n’a pas pu venir même s’il voulait venir. Monsieur Sonko n’a jamais dit que pour cette affaire, il n’allait pas venir s’il était régulièrement convoqué et si on avait garanti sa sécurité.
Aussi, Monsieur Sonko s’est excusé parce que les avocats ont présenté ses excuses et ont expliqué ses motifs. Mais malgré tout cela et contre toute attente, le tribunal a estimé devoir faire table rase de tout ça et retenir l’affaire, en violation de toutes ces règles. Il s’y est ajouté que Ndèye Khady Ndiaye elle-même a eu des avocats qui se sont nouvellement constitués et donc tout devait concourir à ce que cette affaire soit renvoyée, parce que le code de procédure pénale dit qu’il faut au moins trois renvois. Alors où est l’urgence à vouloir retenir une affaire à la première audience ? Parce qu’il faut savoir que le 16, c’était une audience de renvoi d’office. Comment peut-on, même en matière correctionnelle, à plus forte raison en matière criminelle, comment peut-on demander à un avocat de défendre quelqu’un qui est accusé sans qu’il ne soit mis dans les dispositions qu’il faut pour défendre son client, c’est-à-dire mettre le dossier à sa disposition. Tout cela pour dire qu’en aucun cas, cette affaire ne devrait être retenue aujourd’hui. Maintenant, pourquoi cette précipitation, alors qu’il y a des centaines de dossiers criminels qui n’ont pas été enrôlés ou qui sont renvoyés tous les jours sur des mois. Pourquoi cette affaire, parce que c’est une affaire particulière qui concerne un homme qui n’est pas un accusé ordinaire.»
Me Macodou Ndour, avocat de Ndèye Khady Ndiaye : «moi et 5 avocats se sont constitués aujourd’hui, mais le juge nous a refusé le renvoi»
«C’est un dossier dans lequel je n’étais pas constitué au moment de l’instruction. Donc c’est un dossier que je ne connais pas encore. Ayant fait noter ma constitution ce matin, c’était normal que je puisse disposer du dossier et du temps nécessaire pour le consulter. Malheureusement, le président [du tribunal] nous a refusé ça, moi et les cinq autres avocats qui s’étaient nouvellement constitués. Mais surtout que l’affaire vient pour la première fois. Il s’agit d’un dossier de 471 pages avec des vidéos et des enregistrements audio, ce qui veut dire que même un renvoi de 15 jours aurait été insuffisant pour prendre connaissance de ce dossier. Il s’agit là d’une violation flagrante des droits de la défense. Nous sommes en matière criminelle et tout accusé qui comparé devant la chambre criminelle doit être assisté par un avocat. Pourtant malgré que tous les avocats de Ousmane Sonko et de Ndèye Khady Ndiaye se sont retirés, le président du tribunal a décidé de poursuivre les débats. Ce qui est une violation flagrante du code de procédure pénale. Ce qui veut dire que toute décision sera absolument viciée et ne sera pas crédible aux yeux de l’opinion. Parce que c’est une affaire criminelle et appelée pour la première fois. Moi j’ai un dossier criminel qui est pendant depuis plus d’un an et demi, qui est renvoyé d’audience en audience.»
Sidy Djimby NDAO