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RAPPORT SUR LA SITUATION ECONOMIQUE DU SENEGAL : La Banque mondiale table sur une croissance de 9,9% en 2024




 
 
 
De 4,2% en 2022, la croissance économique du Sénégal devrait atteindre 4,7% en 2023 avant de s’accélérer pour atteindre 9,9% en 2024 avec la production d’hydrocarbures et la production industrielle. Telles sont les prévisions de la Banque mondiale dans son rapport sur la situation économique publié hier. Des prévisions qui contrastent d’avec celles du gouvernement qui avaient annoncé une croissance à deux chiffres à fin 2023.
 
 
 
 
 
La Banque mondiale a procédé au lancement hier de son rapport annuel sur la situation économique du Sénégal en 2022 et les perspectives économiques pour 2023-2025. Il ressort du rapport que la croissance économique du Sénégal s’est ralentie en 2022 dans un contexte complexe caractérisé par de fortes pressions inflationnistes, la hausse des prix mondiaux des produits de base, un régime pluviométrique défavorable et un ralentissement économique global lié à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ainsi, après une forte reprise de la croissance en 2021 pour atteindre 6,5% du Pib, la croissance du Pib réel a ralenti en 2022 pour atteindre 4,2%, à la suite d’une baisse de l’investissement privé et des exportations, ainsi que d’une contraction de la production industrielle. L’inflation a atteint 9,6% en 2022 et un niveau record de 14,1% en novembre 2022, frappant plus durement les ménages à faibles revenus qui consacrent plus de la moitié de leurs revenus à l’alimentation, et les poussant à substituer les aliments de qualité supérieure par des aliments de moindre qualité.
 
Ces raisons qui plombent l’assainissement budgétaire en 2022
 
Selon toujours le rapport, les autorités n’ont pas été en mesure d’atteindre leur objectif d’assainissement budgétaire en 2022 en raison des fortes pressions budgétaires résultant de chocs, mais elles ont adopté une règle budgétaire dans le cadre juridique des hydrocarbures et la feuille de route du secteur de l’énergie pour résoudre ce problème à moyen terme. Les mesures contracycliques adoptées par le gouvernement pour limiter les effets de la guerre en Ukraine ont pesé sur le déficit budgétaire, qui s’élevait à 6,7% du Pib en 2022, sous l’effet d’une augmentation des dépenses courantes, y compris des subventions énergétiques non ciblées (4,4% du Pib en 2022). Pour contenir le déficit budgétaire, les dépenses d’investissement ont été réduites de 1,7 point de pourcentage, passant de 9,2% du Pib en 2021 à 7,5% du Pib en 2022, ce qui a réduit le potentiel de croissance de l’économie. À moyen terme, la mise en œuvre de la feuille de route visant à réduire les subventions énergétiques permettrait de réduire la charge fiscale sur le budget 2023 de 1,4% du Pib. Le gain fiscal résultant de la réduction des subventions à l’énergie permettrait d’étendre la couverture sanitaire de 30% à un coût de 0,2% du Pib en 2023, tandis que l’ancrage du solde budgétaire sur le solde primaire hors ressources pourrait assurer une trajectoire vers la prudence budgétaire et la réalisation des critères de convergence de l’Uemoa, à savoir un déficit budgétaire de 3%.
 
L’encours de la dette publique devrait diminuer pour atteindre 73,7% du Pib en 2023 et 67,3% en 2025
 
En conséquence, la dette publique a augmenté à un rythme accéléré, sous l’effet des mesures d’atténuation des chocs et des emprunts supplémentaires contractés par les entreprises publiques pour financer les investissements dans le secteur du pétrole et du gaz. La dette publique a augmenté de manière significative depuis 2019. Elle a atteint 69,1% du Pib en 2020, 73,3% en 2021 et 76.6% du Pib en 2022. La dette intérieure a augmenté très rapidement et devrait continuer sur cette trajectoire. Elle a été tirée par l’émission d’obligations du Trésor sur le marché régional. Toutefois, l’encours de la dette du Sénégal reste principalement composé de la dette extérieure contractée auprès de créanciers commerciaux et de la dette contractée auprès de créanciers multilatéraux et bilatéraux. L’encours de la dette publique par rapport au Pib devrait diminuer progressivement après 2023. L’accumulation de la dette publique a augmenté rapidement en raison de l’impact de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine sur les finances publiques, ce qui a ralenti la croissance et détérioré les conditions extérieures. L’assainissement budgétaire et l’adoption de la feuille de route visant à supprimer les subventions au secteur de l’énergie limiteront l’encours de la dette publique, qui devrait diminuer progressivement pour atteindre 73,7% du Pib d’ici à 2023. La poursuite de l’assainissement budgétaire et des perspectives économiques favorables grâce aux projets d’hydrocarbures devraient permettre de réduire encore le ratio dette/Pib à 67,3% du Pib en 2025, un taux en deçà du seuil de l’Uemoa.
 
 
 
La croissance économique devrait atteindre 4,7% en 2023 et devrait s’accélérer pour atteindre 9,9% en 2024
 
Selon le rapport de la Banque mondiale, les perspectives sont favorables car l’activité économique devrait être forte, reflétant le dynamisme du secteur secondaire, principalement la production industrielle. En 2023, la croissance économique devrait atteindre 4,7% après 4,2% en 2022, entrainée par un rebond du secteur secondaire grâce à la normalisation des cours internationaux des matières premières, à un environnement institutionnel favorable, au recours aux partenariats public-privé pour le financement des investissements publics et au renforcement des investissements directs étrangers pour l’exploitation des hydrocarbures. Stimulée par le démarrage de la production d’hydrocarbures, la croissance devrait ensuite s’accélérer pour atteindre 9,9% en 2024, sous l’effet de la bonne tenue de la production industrielle.
 
Recul du taux de pauvreté
 
A en croire les experts de la Banque mondiale, le compte courant s’est détérioré en 2022 sous l’effet de l’augmentation des coûts d’importation et du service de la dette extérieure, le déficit du compte courant s’est creusé pour atteindre 19,5% du Pib en 2022 contre 12,4% du Pib en 2021, reflétant l’augmentation des importations. Cependant, les pressions sur les comptes courants devraient s’atténuer à moyen terme grâce aux exportations d’hydrocarbures. Le déficit du compte courant devrait ainsi se réduire à 15,3% en 2023 et à 7,2% en moyenne entre 2024 et 2025 grâce aux excédents des exportations d’hydrocarbures et aux recettes fiscales. Quant au taux de pauvreté, il devrait reculer à 33,6% en 2023, contre 35% en 2022, grâce à la forte croissance de l’agriculture et à la baisse de l’inflation. Les paiements d’aide sociale devraient augmenter et la couverture de la protection sociale devrait s’étendre, en partie grâce aux économies réalisées par l’élimination des subventions à l’énergie.
 
Les recettes des hydrocarbures pour réduire le déficit budgétaire
 
Les recettes des hydrocarbures et les efforts de mobilisation des recettes devraient contribuer à la réduction du déficit budgétaire à 3% du Pib d’ici 2025. Cette convergence vers le critère de l’Uemoa devrait avoir lieu grâce à la mise en œuvre de mesures visant à réduire progressivement les subventions à l’énergie, qui devraient être ramenées à 2,9% du Pib d’ici 2023. À moyen terme, les dépenses courantes devraient diminuer, sous l’effet de la baisse des subventions et des dons dans le secteur de l’énergie, ce qui permettra d’affecter les ressources financières à d’autres priorités urgentes du gouvernement. Les dépenses d’investissement devraient se stabiliser progressivement à 8,9% du Pib en 2023-24. Les recettes fiscales devraient augmenter grâce aux revenus de l’exploitation des hydrocarbures et à la poursuite des efforts de mobilisation des recettes fiscales. Toutefois, le rapport note que les perspectives sont soumises à de fortes incertitudes et à des risques importants. Le ralentissement économique et l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux du Sénégal pourraient réduire la consommation privée et aggraver les développements extérieurs … Le report de la production d’hydrocarbures à 2024 et le resserrement des marchés du crédit sont susceptibles d’introduire des incertitudes majeures pour la croissance et les perspectives extérieures du Sénégal. L’impact de ces risques devrait se traduire par un ralentissement de la croissance économique et une augmentation des déficits commerciaux.
 
 
 
Moussa CISS
 
 
 
 
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