Le Global Infrastructure Hub, une initiative du G20, a publié, avant-hier, un nouveau rapport qui révèle un déficit d'investissement dans les infrastructures de 1 trillion (un milliard de milliards) de dollars américains dans 10 pays du continent au cours des 22 prochaines années. Selon le rapport, cela représente un écart d'investissement de 42%, l'un des plus grands écarts régionaux dans le monde.
Dix pays du continent dont le Sénégal vont connaitre un déficit d'investissement dans l'infrastructure de l’ordre d’un trillion de dollars américains. Pour ce qui le concerne, le déficit pour le Sénégal est estimé à 1,3 billion de dollars (1300 milliards de dollars). Un gap qui risque de compliquer les choses pour les gouvernants actuels, si l’on sait que le montant évoqué devait s’établir sur 22 ans, pour des secteurs clés comme les routes et chemins de fer, les aéroports et ports maritimes, les télécommunications, l’eau potable, l’assainissement et l’énergie. En effet, selon le rapport, si le besoin d'investissement est estimé à 2,9 billions de dollars américains, le montant susceptible d’être débloqué par le Sénégal tourne désormais autour de 1,5 billion de dollars soit un gap de 1,3 billion de dollars.
Outre le Sénégal, les pays concernés sont le Maroc, l'Éthiopie, la Côte d'Ivoire, l'Égypte, le Ghana, la Tunisie, le Bénin, la Guinée et le Rwanda, tous des pays du Pacte du G20 avec l'Afrique (Cwa), une initiative du G20 pour promouvoir l'investissement privé en Afrique, y compris dans les infrastructures. L'objectif principal de cette initiative est d'accroitre l'attractivité de l'investissement privé grâce à des améliorations substantielles des cadres macroéconomiques, commerciaux et financiers.
Selon le rapport, le besoin d'investissement dans les infrastructures dans ces dix pays africains est estimé à 2,4 trillions de dollars d'ici à 2040, s'ils veulent suivre la croissance économique et combler les déficits d'infrastructure. Mais, regrette le rapport, seulement 1,4 trillion de dollars américains devraient être livrés en fonction des niveaux de dépenses actuels.
En outre, sur l'écart d'investissement du trillion de dollars, 415 billions de dollars sont nécessaires d'ici 2030 pour que ces pays atteignent les objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies pour l'accès universel à l'eau potable, à l'assainissement et à l'électricité.
Selon le Global Infrastructure Investor Survey 2017 du Global Infrastructure Hub et de l'EDHEC Infrastructure Institute de Singapour, 37% des investisseurs dans les infrastructures investissent dans les marchés émergents, contre 20% en 2016. Parmi ceux qui investissent déjà dans les marchés émergents, cent veulent augmenter leur investissement. Ces chiffres démontrent clairement le souhait des investisseurs de dépenser davantage dans les marchés émergents. Mais, selon le rapport, il reste très difficile d’attirer des investissements du secteur privé dans les pays africains.
« La clé pour y remédier est de créer le bon environnement pour encourager les investisseurs à transformer leurs intérêts en action», a déclaré le Pdg de Global Infrastructure Hub, Chris Heathcote.
L'outil InfraCompass, nouvellement mis à jour par le Global Infrastructure Hub, qui définit les politiques d'infrastructure dans le bon sens du Pacte avec les pays africains, a révélé que les opportunités d'amélioration résident dans la gouvernance et les cadres règlementaires et institutionnels dans chacun des pays. InfraCompass constate que le Maroc et le Rwanda sont des acteurs notables, marqués par des améliorations de leur qualité règlementaire, de l'état de droit et des cadres d'investissement et de concurrence.
M. Heathcote a déclaré qu'un partenariat avec les 10 pays pour traiter ces questions renforcerait la confiance des investisseurs et les conduirait à réaliser leur potentiel de croissance économique.
«Au fur et à mesure que l'environnement d'investissement dans ces 10 pays s'améliore, les investisseurs dans les infrastructures ont une réelle opportunité de réaliser des projets percutants ; fournir un accès aux services essentiels - routes et chemins de fer, aéroports et ports maritimes, télécommunications, eau potable, assainissement et énergie - pour une grande partie de la population», a ajouté M. Heathcote.
Le Global Infrastructure Hub est une organisation dédiée uniquement à l'infrastructure dans les marchés développés et émergents. L’organisation collabore avec des gouvernements, le secteur privé, des banques multilatérales de développement et d'autres organisations internationales. Avec comme objectif : promouvoir un environnement propice à l'identification et au développement de projets d'infrastructure de haute qualité, résilients, durables et nécessaires, en évolution rapide.
Sidy Djimby NDAO