L'Institut américain Williams, qui travaille sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, a rendu public, hier, son rapport sur l’état de l’acceptation de l’homosexualité à travers le monde, de 1981 à 2014. Mais, si globalement le niveau moyen d'acceptation a augmenté, depuis 1980, des pays, dont le Sénégal, sont restés hostiles à l’homosexualité. Une bonne nouvelle puisque notre pays est classé dans le top 10 des pays les moins favorables aux lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).
Ce rapport de 39 pages parcouru par «Les Échos» décrit le développement d'un «Global Acceptation Index » (GAI) lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), qui vise à mesurer le niveau relatif d'acceptation sociale des personnes et des droits LGBT dans chaque pays à une période donnée. Intitulé «Progrès polarisé : Acceptation sociale des personnes LGBT dans 141 pays», ce rapport, dont le classement est dirigé par l’Islande, a constaté que 80 des 141 pays avaient connu une augmentation de l'acceptation des personnes LGBT depuis 1980, tandis que 46 pays avaient vu un déclin de leur indice d’acceptation et 15 autres n'avaient connu aucun changement.
L'acceptation est la mesure dans laquelle les personnes LGBT sont perçues de manière positive et inclusive, à la fois en ce qui concerne les opinions individuelles sur les personnes LGBT et en ce qui concerne la position d'une personne sur la politique LGBT. Concernant le développement de l'indice global d'acceptation LGBT, le document rapporte que c’est à l'aide d'un modèle statistique avancé que les auteurs ont élaboré l'indice global d'acceptation LGBT (GAI) pour mesurer l'acceptation dans chaque pays.
«Comprendre l'acceptation et le rejet des personnes LGBT est au cœur de la compréhension de la violence, de la discrimination et de la multitude de conséquences négatives découlant de l'exclusion et du traitement injuste. Les minorités sexuelles et de genre partout dans le monde sont fortement influencées par les attitudes et les croyances de ceux qui les entourent», lit-on sur le rapport.
Les pays «gays» : l'Islande, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, Andorre, la Norvège, la Belgique, l'Espagne, la France la Suisse
Selon le document, des chercheurs de l'Institut Williams de l'Université de Californie à Los Angeles ont analysé les résultats de 11 enquêtes différentes pour développer leur propre indice d'acceptation global (GAI) LGBT, qui classe le niveau d'acceptation sociale des personnes LGBT dans différents pays. Et les résultats issus de l’analyse indique que les 10 pays qui acceptent le plus les personnes LGBTQ, selon leurs scores de GAI, sont l'Islande (7,37), les Pays-Bas (6,67), la Suède (6,55), le Danemark (6,31), Andorre (6,04), la Norvège (5,92), la Belgique (5,92), l'Espagne (5,90), la France (5,74) et enfin la Suisse (5,73).
Un classement qui ne présente pas beaucoup de surprise. Et notamment en ce qui concerne le classement de l’Islande, premier de la classe. En effet, le pays nordique a dépénalisé l'homosexualité en 1940, introduit des partenariats enregistrés pour les couples homosexuels en 1996 et introduit plus tard le mariage homosexuel complet en 2010. L'Islande est également devenue le premier pays au monde à élire en 2009 un Premier ministre ouvertement gay, en la personne de Johanna Sigurdardottir.
Les pays fortement «contre» : l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Arabie Saoudite, le Bangladesh, l'Egypte, le Rwanda, le Sénégal, l'Indonésie, l’Ouganda et la Guinée
Toujours dans ce classement, la Grande-Bretagne est classée 14ème, avec l'Irlande qui occupe la 11ème place alors que les Etats-Unis sont à la 23ème place. Pendant ce temps, les 10 pays qui acceptent le moins les personnes LGBTQ - selon leurs scores de GAI - sont l'Azerbaïdjan (0,96), la Géorgie (1,08), l'Arabie Saoudite (1,19), le Bangladesh (1,30), l'Egypte (1,50), le Rwanda (1,56), le Sénégal (1,57), l'Indonésie (1,67), l’Ouganda (1,72) et la Guinée (1,81).
Les faibles niveaux d'acceptation, expliquent les chercheurs, sont liés à l'intimidation et à la violence, aux problèmes de santé physique et mentale, à la discrimination dans l'emploi et à la sous-représentation dans les postes de leadership civique. «De plus, l'exclusion peut entraîner une baisse de la productivité de la main-d'œuvre et une baisse des profits des entreprises», explique le rapport qui a également constaté qu'entre 2004 et 2008 et 2009 et 2013, les pays ayant connu la plus grande amélioration dans l'acceptation des personnes LGBTQ étaient l'Islande, les Pays-Bas, la Suède, l'Andorre et l'Espagne. En revanche, les pays où l'acceptation a été la plus faible ont été l'Azerbaïdjan, le Bangladesh, la Géorgie, le Ghana et le Kenya.
«Très peu d'enquêtes menées sur les personnes et les questions LGBT fournissent des données suffisantes pour des comparaisons mondiales et transnationales de l'opinion publique sur les personnes et les droits LGBT», a déclaré l'auteur principal Andrew R. Flores, Visiting Scholar au Williams Institute.
L'Institut américaine Williams qui travaille sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre et la politique publique (généralement abrégé à Williams Institute) est un institut de recherche sur les politiques publiques basé à l'UCLA School of Law axé sur l'orientation sexuelle et les questions d'identité de genre.
Sidy Djimby NDAO