En cette période de relance économique, les partenaires au développement du Sénégal sont soucieux de la transparence dans la politique économique et sociale. Ainsi, lors de la Revue annuelle conjointe, l’ambassadrice de l’Union Européenne, Irène Mingasson, a appelé le gouvernement à la production des rapports de la Cour des comptes et de l’Armp. Elle a également plaidé, entre autres, pour l’institutionnalisation du genre dans l’administration publique, centrale et territoriale.
Venue représenter les partenaires au développement à l’atelier de validation de la Revue annuelle conjointe de la politique économique et sociale du Sénégal, l’ambassadrice de l’Union Européenne, Irène Mingasson, a d’emblée évoqué les inondations qui ont frappé le Sénégal ces dernières semaines, exacerbées, dit-elle, par l’impact du changement climatique. Face à cette situation, elle appelle le gouvernement à amplifier les mesures de planification, de réponse et de gestion des risques, non sans s'assurer du soutien des partenaires. Après avoir salué les efforts immédiats du Sénégal pour lutter contre les inondations, l’ambassadrice de l’UE a également invité le Sénégal à procéder à l’évaluation du Programme décennal 2012-2022 de lutte contre les inondations pour orienter des interventions futures.
Production de rapports de la Cour des comptes et de de l’Armp
Pour avoir pris part au processus de mise en œuvre, de la conception au bilan, du Plan de résilience économique et sociale (Pres), Irène Mingasson a invité le gouvernement à poursuivre cet effort de transparence, notamment, dit-elle, avec la publication des autres rapports annoncés par les autorités, tels que le rapport de la Cour des comptes et le rapport d’audit des marchés publics par l’Armp. «Il nous apparaît également primordial qu’une évaluation de l’impact du Pres soit menée, au bénéfice des interventions futures», ajoute l’ambassadrice de l’UE. Poursuivant, elle a aussi appelé à une gestion efficace et transparente du foncier qui, à l’en croire, est un élément-clé de toute activité économique, agricole, industrielle ou de services. «Nous recommandons de revoir la question foncière du point de vue de l’attractivité des territoires telle que prévue dans le Plan national d’aménagement et de développement des territoires (Pnadt), mais aussi de l’autonomisation des femmes et des jeunes, la question foncière entraînant souvent des conflits au niveau local», ajoute Mme Mingasson.
Renforcer les programmes dès le primaire ainsi que les capacités des enseignants
Dans un contexte de relance économique, la représentante des partenaires au développement estime que la Revue annuelle conjointe devrait se focaliser davantage sur l’éducation de base, la qualité de la formation professionnelle, liée aux besoins du marché de travail, ainsi que l’insertion professionnelle des jeunes - vu que celles-ci constituent un pilier clé de la relance. D’autant plus que la jeunesse est au cœur des priorités du gouvernement. Ainsi, pour relever le taux d’achèvement et de réussite dans ces secteurs, les partenaires recommandent de renforcer les programmes dès le primaire, ainsi que les capacités des enseignants. «En matière d’éducation de base, outre les besoins en termes d’infrastructures, d’intégration du numérique, et en nombre d’enseignants, il semble opportun de prioriser également la réforme des programmes scolaires, le déploiement de dispositifs ciblant les enfants et jeunes non scolarisés et particulièrement vulnérables. Plus largement nous invitons à une réflexion approfondie sur la durabilité et l’avenir du système éducatif, dans un contexte où les dépenses courantes représentent l’essentiel du budget du secteur», renchérit Irène Mingasson.
Institutionnalisation du genre dans l’administration publique, centrale et territoriale
Poursuivant, l’ambassadrice de plaider pour la cause des femmes qui représentent plus de la moitié (50,2%) de la population sénégalaise et constituent un segment déterminant dans la dynamisation de l’économie tant formelle qu’informelle. A l’en croire, libérer leur potentiel et favoriser leur accomplissement social et économique est essentiel pour un développement durable et inclusif. En plus d’appeler à renforcer l’autonomisation économique des femmes, notamment en milieu rural. Dans la foulée, elle a également plaidé pour plus de place au genre. «Nous saluons les efforts consentis par le gouvernement du Sénégal dans la promotion de l’égalité de genre, et l’encourageons à rendre compte de l’état d’avancement de l’égalité de genre au niveau institutionnel et économique. Nous l’invitons à poursuivre résolument l’institutionnalisation du genre dans l’administration publique, centrale et territoriale, à travers des audits genre systématiques dans les ministères sectoriels, une sensibilisation effective du personnel à la thématique genre, et la mise en œuvre de plans budgétisés à cet effet», martèle la voix des partenaires au développement.
Absence de stratégie de survie pour 33% des ménages affectés par la pandémie
En outre, elle rappelle que la pandémie Covid-19 aura démontré l’importance des secteurs sociaux et la nécessité de renforcer la mobilisation et l’efficacité des moyens pour atténuer la vulnérabilité des couches sociales les plus démunies. «Pour 33% des ménages ayant subi des chocs liés à la pandémie de Covid-19, aucune stratégie de survie n’a été adoptée. Cela présage de lendemains difficiles pour les couches les plus vulnérables de la population et de l’urgence de sécuriser les financements dans les secteurs sociaux, y compris la protection sociale», déplore Irène Mingasson. En sus, les partenaires, avise-t-elle, encouragent la mise en place d’un dispositif permettant la reddition des comptes de la mise en œuvre de l’action gouvernementale. «Ceci, ainsi que la transparence nous parait plus pertinente que jamais pour nourrir la confiance des citoyens sur l’utilisation efficace et efficiente des ressources publiques à l’aune des priorités les plus fortes», tranche Mme Mingasson.
M. CISS