De retour sur la scène politique, Khalifa Sall a pris son bâton de pèlerin pour servir la cause de l’unité de l’opposition. Récemment, il a rencontré l’essentiel des membres et segments. Un rôle de fédérateur qu’il peut jouer mieux que quiconque, vu son long vécu politique et son expérience des coalitions.
Khalifa Sall poursuit sa randonnée politique auprès des leaders de l’opposition. Avant-hier, il s’est rendu chez Mamadou Diop Decroix, leader d’And-Jëf/Pads. «La situation du pays et les perspectives du renforcement de l'opposition ont été au menu des échanges», a fait savoir Decroix. Qui ajoute qu’à l'issue des «discussions franches et cordiales» entre les deux délégations «de fortes convergences ont été relevées au sujet des responsabilités de l'opposition sénégalaise aujourd'hui ainsi que sur les modalités d'assumer de telles responsabilités». Se réjouissant de la rencontre, Mamadou Diop Decroix a remercié Khalifa Ababacar Sall pour son initiative et l’a assuré de «l'engagement d'And-Jëf/Pads à œuvrer, comme par le passé, à l'émergence d'une opposition forte et crédible, capable de se tenir aux côtés des populations pour la satisfaction de leurs préoccupations légitimes». Mais aussi et surtout, «une opposition capable de remporter les batailles démocratiques en vue, et contre les orientations, les politiques et la gouvernance actuelles».
Avant Decroix et son parti, le leader de Taxawu Dakar a rencontré Ousmane Sonko, l’opposant arrivé 3ème à la dernière présidentielle, et le plus en vue actuellement, mais aussi les leaders du Congrès de la renaissance démocratique (Crd). Et partout, les discussions et le discours ont tourné autour de l’unité de l’opposition, de ses responsabilités dans la lutte pour une nouvelle alternance…
C’est dire que l’ancien responsable du Ps et ex-maire de Dakar, en politicien averti, est en train de signer un retour effectif et marquant sur la scène politique, après une longue hibernation, suite à son emprisonnement. Et par sa démarche actuelle, il démontre sa maturité et son expérience politique. Qui mieux que Khalifa Sall peut mesurer à sa juste valeur l’importance d’une coalition forte pour pouvoir espérer gagner des collectivités locales, notamment Dakar et les capitales régionales ? Lui qui avait mis en place Taxawu Dakar, une coalition de plusieurs partis (partis et leaders de gauche, de libéraux, de socialistes…) et d’indépendants, qui a tenu tête à la mouvance présidentielle dans la capitale. Qui mieux que lui est conscient de la valeur d’une coalition forte de l’opposition, lui qui, au Ps, à côté d’Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Landing Savané, Tanor, Niasse, a été acteur de premier plan de plusieurs coalitions de l’opposition, qui ont conduit à la seconde alternance ? Incontestablement, il est une carte maitresse dans cette quête d’unité de l’opposition, où beaucoup de leaders, sont des néo-politiciens et n’ont pas son vécu et son savoir-faire politique. Et ce n’est pas étonnant qu’il soit conscient de ce rôle de fédérateur qu’il peut jouer plus que tout autre leader, dans cette opposition. Une opposition aujourd’hui, affaiblie et plongée dans la méfiance et la suspicion, après le départ brutal d’Idrissa Seck qui était pressenti pour être son chef, et d’autres annoncés sur le départ pour la mouvance présidentielle. Une opposition qui a besoin plus que jamais de mutualiser ses forces pour s’en sortir lors des prochaines échéances électorales, face au régime qui s’est beaucoup renforcé.
Mbaye THIANDOUM