Alors que quatre de ses thoniers sont interdites de pêcher dans les eaux sénégalaises «depuis le début de l’année» par la Direction générale de la Pêche du Sénégal, l’Association de pêche au thon à la canne Dakartuna n’en peut plus de cette décisions prise par les autorités sénégalaises. Selon l’association de thoniers, «le Sénégal ne respecte pas l'accord de pêche avec l'Union européenne» alors que les redevances sont déjà payées par les armateurs.
Dakartuna appelle à l’aide. L’Association de pêche au thon à la canne a déclaré il y a quelques semaines que quatre de ses thoniers qui se consacrent à la pêche au thon dans les eaux de l'Atlantique Est sont bloqués dans le port de Dakar depuis le début de cette année sans pouvoir pêcher parce que le gouvernement sénégalais ne leur a pas accordé les permis de pêche, qu'ils ont déjà payés. Dakartuna estime que le Sénégal ne respecte pas l'accord de pêche avec l'Union européenne (UE) sans en expliquer les raisons précises. «Alors que les autorités de l’UE tentent de résoudre le conflit, les navires basques restent amarrés au port, ajoutant des dépenses s'élevant à 213.000 euros par navire, soit 852.000 euros pour les quatre navires, entre les licences et autres dépenses accumulées depuis le début de l'année, auxquelles il faut ajouter les pertes pour lesquelles ils ne pêchent pas», estime Dakartuna.
Plus de 30 millions payés sans avoir de licence pour autant
Selon l’armateur, ses quatre navires ont payé au gouvernement sénégalais 13.000 euros chacun «pour une licence qui n'a pas été accordée». Il s'agit des navires «Pilar Torre», propriété de Bermeo bien que basé à Santander, «Berriz San Francisco», de Hondarribia, «Iribar Zulaika» de Getaria, et «Corona del Mar», de Bermeo, bien que battant pavillon français. Les quatre bateaux maintiennent cinq personnes à Dakar pour s'en occuper et y vivre depuis janvier pour éviter qu'ils ne se fassent «cambrioler» dans le port. «Et chacun des navires ajoute environ 50.000 euros par mois pour les frais d'amarrage portuaire, les paiements aux consignataires et à l'équipage, à ceux qui doivent continuer à payer même s'ils ne sortent pas pour pêcher et entretenir les navires», peste Miguel Ángel Solana, président de Dakartuna, la société qui regroupe ces quatre armateurs.
Ainsi, rappelant que le conflit avec le Sénégal affecte tous les navires de l'UE qui opèrent dans ses eaux, un total de 26 thoniers, Dakartuna assure que ces quatre navires appartenant à des entreprises basques sont les plus touchés par la crise en raison du type de pêche qu'ils pratiquent, à la canne, suivant le modèle de pêche durable qui est réalisé principalement par la flotte cantabrique.
«Cela signifie qu'ils doivent acheter des appâts vivants pour pratiquer la pêche, en particulier les sardines et les anchois, qui ne se trouvent que dans cette zone des eaux sénégalaises, et que le Sénégal leur a opposé son veto, les empêchant ainsi de pêcher dans d'autres eaux comme la Mauritanie, le Cap-Vert, la Gambie et la Guinée-Bissau comme le font le reste des bateaux qui pratiquent d'autres types de pêche», déplore-t-elle encore.
Selon le président de Dakartuna, l'Union européenne, seule habilitée à négocier avec le Sénégal, car c'est un accord communautaire, «n'a daigné nous notifier quoi que ce soit officiellement. Aujourd'hui, nous ne savons pas quel est le problème que nous ne pouvons pas travailler et nous ne savons pas quand nous pourrons aller pêcher».
Suite à la demande du gouvernement du Sénégal à l'UE de payer les dettes d'un navire avec le gouvernement sénégalais, comme condition pour débloquer les licences, Dakartuna a accepté de payer cette dette de 12.000 euros, malgré le fait que le navire était étranger à l'association, -et a refusé de payer-, mais cela n'a pas non plus débloqué les permis, ce qui conduit les armateurs de ces navires à une situation extrême. «Si le problème n'est pas débloqué ou si on nous donne une solution grâce à l'aide, dans un mois, nous n'aurons plus de bateaux ni d'endroit où aller», disent-ils.
Sidy Djimby NDAO