L’affaire de la piscine party a eu des conséquences plus que catastrophiques. Alors qu’on pensait qu’il s’agissait d’une simple affaire de violation de la loi sur le couvre-feu, cela s’est soldé par un cas suspect de Covid qui a mis sens dessus-dessous tout le palais de justice. Hier, en effet, la cinquantaine de personnes déférées au Parquet ont enregistré dans leurs rangs un cas suspect, qui s’était pourtant annoncé au niveau de la gendarmerie, et qui a fini par mettre en danger avocats, magistrats et autres détenus qui sont passés à la cave. Le Procureur a ordonné la mise en quarantaine de ces détenus, et des prélèvements ont été faits, par une équipe sanitaire.
Le Covid s’est-il installé au palais de justice Lat-Dior ? En tout cas, c’est l’angoisse assurée dans les rangs des magistrats, des avocats, mais également des détenus qui ont été déférés hier et qui sont passés à la cave. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’une des personnes déférées hier et qui faisait partie de la quarantaine de personnes arrêtées à Ngor lors de la piscine party, aurait chopé le virus. Selon nos informations, cette personne l’avait bien dit aux éléments de la gendarmerie de Ouakam, mais personne n’y a pas porté attention. Pendant trois jours, tout ce beau monde a été mis ensemble. Une grossière erreur de sa part, si les déclarations de la fille sont avérées. C’est seulement hier, en tout cas, que le Procureur informé a fait venir à la cave une équipe médicale pour procéder au prélèvement sur tout le monde. Serigne Bassirou Guèye a aussi ordonné l’isolement de ces personnes en attendant les résultats.
Avocats, magistrats, gardes pénitentiaires et autres déférés «en danger»
Seulement, avant que cela ne se fasse, la cinquantaine de personnes ont été enfermées à la cave avec d’autres détenus. Pire, des substituts du Procureur sont descendus à la cave pour entendre les détenus, mais aussi des avocats, pour échanger avec leurs clients. Ce, compte non tenu des gardes pénitentiaires qui étaient avec les détenus et qui ont fait des va-et-vient au palais. Ce qui a fini d’installer une véritable bombe au palais de justice Lat-Dior où l’inquiétude est à son comble. Le bâtonnier de l’Ordre des avocats mis au courant a informé le ministère de la Justice et le ministre de la Santé est également au courant. Et il n’est pas exclu que les audiences soient suspendues pour un temps. En attendant, beaucoup d’avocats, qui donnent foi aux déclarations de la fille, imputent la responsabilité du commandant de Ouakam qui aurait dû mettre en isolement la personne. «Il faut le dire, je suis inquiet pour ma santé, parce que je suis aussi descendu à la cave. Je peux même dire que je suis un cas contact et je dois rentrer chez moi comme ça. Le problème, c’est que la personne peut être testée et le test revenir négatif, mais il y a une période d’incubation dont il faut tenir compte aussi», s’inquiète, un avocat. «Tous ces magistrats, avocats, gardes pénitentiaires ainsi que les détenus sont aujourd’hui des cas contacts», renchérit-il, manifestement angoissé. Pour lui, la faute est au Parquet «avec sa politique d’arrestation et de déferrement tous azimuts». A l’en croire, une amende de 10.000 francs par personne aurait suffi. L’Ordre promet pour sa part de renforcer ses mesures barrières quoi qu’il en soit.
Rappelons que c’est en plein couvre-feu que la quarantaine de personnes ont été arrêtées alors qu’elles avaient organisé une piscine party aux Almadies. Parmi elles, deux diplomates, des femmes mariées et des fils à Papa dont le fils d’un ancien ministre de la République, selon nos informations.
Alassane DRAME