Que le Président Macky Sall se le tienne pour dit ! Candidat ou pas, en 2024, il va vider le plancher avec son équipe. C’est la conviction de Ousmane Sonko, exprimée lors de la célébration des six ans de Pastef, ce samedi, au terrain Sacré-Cœur 3 en présence des militants fortement mobilisés. A l’en croire, même si le président sortant procède par des magouilles pour se présenter, il sera battu à plate couture. D’autant plus qu’il travaille pour la restructuration de Pastef qui, d’ici 2024, dit-il, sera une véritable rouleau compresseur qui broie tout sur son passage.
Le terrain Sacré-Cœur 3 a été pris d’assaut, ce samedi, par les militants de Pastef venus de tous les coins et recoins du Sénégal pour assister à la célébration des six ans d’existence de leur parti. Un rassemblement aux allures de démonstration de force.
Refus du financement des lobbies, 10 milliards recherchés
Décidé à conquérir le pouvoir, Ousmane Sonko reste persuadé que les moyens financiers sont nécessaires dans cette perspective. Cependant, il écarte tout soutien financier des lobbies. «Nous n’accepterons jamais que des lobbies nous financent pour ensuite nous imposer une ligne de conduite. Nous voulons avoir les coudées franches pour dérouler notre programme, en toute indépendance, lorsque nous serons portés à la tête du pays. Et, c’est pour cette raison, d’ailleurs, que le système «Bok na» a été initié par les militants pour avoir un fonds conséquent de 2,5 milliards Cfa pour financer la campagne électorale de Pastef en 2024», indique le patron des patriotes. Dans cette logique, l’administrateur du parti Pastef, Birame Soulèye Diop, de faire remarquer que le montant initial a été désormais porté à 10 milliards francs Cfa.
Ils m’ont présenté auprès des chefs religieux comme un terroriste
Devant une foule acquise à sa cause, le leader de Pastef rappelle que le parti des patriotes est devenu ce qu’il est aujourd’hui grâce à l’engagement, à la loyauté et à la détermination des militants qui, dit-il, ont su faire face aux attaques les plus sordides et aux tentatives de déstabilisation. «Nous sommes le parti politique et je suis le leader politique le plus diabolisé du Sénégal. Le camp d’en face a libéré toutes sortes d’énergumènes pour nous vouer aux gémonies», souligne Ousmane Sonko qui en déduit que ses détracteurs avaient tout simplement peur de la percée politique de Pastef. Dans cette tentative de diabolisation, dit-il, des artistes ont même avancé qu’il mettrait un terme aux soirées et interdirait le port vestimentaire indécent des filles. «J’ai d’autres chats à fouetter que de m’occuper des minijupes des filles et des soirées de ces artistes», rétorque le patron de Pastef. Pire, il accuse le camp d’en face d’être allé plus loin dans sa tentative de liquidation politique, en essayant de monter un dossier pour l’envoyer en prison. Un échec qui, à en croire Ousmane Sonko, pousse ses détracteurs à vouloir procéder à la modification des lois pour qu’il ne soit pas candidat en 2024.
«Il faudrait plutôt parler de troisième candidature»
Revenant sur le troisième mandat qui fait l’objet de polémique, Ousmane Sonko d’inviter les patriotes à ne pas s’engager dans ce débat. «Il faudrait plutôt parler de troisième candidature», précise l’ancien inspecteur des impôts qui rappelle que l’ancien Président Wade s’était présenté pour une troisième candidature, mais, au bout du compte, n’avait pas eu de troisième mandat. Ce qui lui fait dire que le chef de l’Etat actuel verse dans un jeu sémantique, persuadé qu’il veut user de pratiques douteuses pour se représenter à la présidentielle. Sur ce terrain, Ousmane Sonko est d’avis que le successeur de Wade se tire une balle dans le pied. «La candidature du président sortant est du ressort du peuple sénégalais. Si le peuple accepte qu’il se présente à force de magouilles, ce sera de sa responsabilité. Mais, qu’il se le tienne pour dit : candidat ou pas, en 2024, il va quitter», dit-il, avant d’ajouter : «il serait plus intéressant qu’il réussisse ses magouilles pour être candidat, car il sera victime de sa chanson fétiche. Il sera battu à plate couture», ironise-t-il, sous les acclamations de la foule.
Faire de Pastef, un appareil électoral, un rouleau compresseur
Ainsi, pour déloger l’actuel régime du palais, Ousmane Sonko invite à capitaliser tout le travail entamé depuis le début. Ce qui passe par la restructuration de Pastef pour en faire une véritable structure politique, un appareil électoral qui, à l’en croire, sera un rouleau compresseur qui broie tout sur son passage. «Nous devons poursuivre la massification du parti et construire une structure qui puisse porter nos ambitions», fait-il remarquer. «C’est devenu une urgence que Pastef aille en congrès», note M. Sonko.
Moussa CISS