L’Assemblée nationale poursuit ses travaux pour la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. Hier, les différents groupes parlementaires ont désigné leurs représentants au sein du comité ad hoc chargé d’auditionner le leader de Pastef. La majorité a livré ses huit (8) représentants sans problème, le groupe Liberté et Démocratie qui avait quelques réserves, a fini de donner ses deux représentants le soir. Par contre, le choix qui risque de soulever beaucoup de bruit, c’est celui du groupe des non-inscrits. Ndèye Fatou Ndiaye de Rewmi, qui préside le groupe ce mois, s’est proposée comme membre du comité ad hoc, alors qu’une réunion tenue la veille avait désigné Cheikh Bamba Dièye comme représentant.
La représentation nationale a choisi hier les 11 membres du comité ad hoc chargé d’auditionner Ousmane Sonko concernant la demande de levée de son immunité parlementaire. Pour la majorité, il s’agit de huit députés : Demba Babayel Sow, Mame Bounama Sall, Pape Birahim Touré, Adji Mbergane Kanouté, Mously Diakhaté, Mamadou Woury Baïlo Diallo, Dié Mandiaye Ba et Aymérou Gningue. Le groupe Liberté et Démocratie qui exigeait d’avoir une copie de la plainte pour savoir si c’est Sonko qui est visé ou X, comme indiqué par certains, n’a pu officialiser que dans l’après-midi ses deux représentants que sont le président du groupe parlementaire, Cheikh Mbacké Dolly et Moustapha Guirassy.
Aida Mbodji : «cette procédure n’a pas lieu d’être, la plainte du procureur vise X et aucun député ne s’appelle X»
Le dernier membre revient ainsi au groupe des non-inscrits. Mais le choix de la personne retenue pour ce poste a soulevé une vive polémique. En effet, c’est la députée militante de Rewmi qui a été retenue parce qu’elle s’est proposée directement, alors que le groupe en question avait déjà désigné Cheikh Bamba Dièye comme représentant. La députée Aida Mbodji ne s’est donc pas retenue pour la récuser automatiquement, malgré le soutien de la majorité à la députée de Rewmi. A en croire l’ancien maire de Bambey qui a posé une question préalable tout au début de la séance, il fallait d’abord régler la question de la personne visée par la plainte du procureur avant même de mettre en place ce comité ad hoc. «Aucun député ne s’appelle X, alors si la plainte du procureur vise X, comme nous l’avons entendu, il n’y a pas de raison de lever l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, avec les membres du groupe parlementaire, nous avions demandé à avoir une copie de cette plainte», clarifie-t-elle. Et pour revenir au choix de leur représentant en tant que non-inscrits, Aida Mbodji est catégorique : «il n’y pas à discuter, nous avons choisi Cheikh Bamba Dièye, même si la majorité veut nous imposer une autre personne. Tous les non-inscrits l’ont récusée ; alors si on la maintient, elle ne représentera certainement pas les non-inscrits», tonne la présidente du mouvement Alliance nationale pour la démocratie.
Cheikh Bamba Dièye : «un militant de Idy ne peut pas représenter les non-inscrits dans le comité ad hoc, d’autant plus que j’ai été déjà choisi»
Abondant dans le même sens que sa collègue Aida Mbodji, l’ancien maire de Saint-Louis se dit outré. «Nous avons tenu hier dans le groupe WhatsApp des non-inscrits une réunion pour discuter de notre représentation dans le comité ad hoc, et c’est moi qui ai été choisi, d’un commun accord avec Sonko», indique d’emblée Cheikh Bamba Dièye. Pour lui, la présidence du groupe des non-inscrits s’arrête à la présence du représentant à la conférence des présidents de l’Assemblée nationale. Aucun texte ne confère au représentant le droit de décider à la place des autres. «Lorsqu’il y a des actions comme la mise en place des commissions et comités, les non-inscrits se réunissent et s’accordent sur le choix d’un représentant, comme nous l’avons fait dans cette histoire ; alors, la députée Fatou Ndiaye n’est et ne peut être notre choix. J’ai été désigné pour siéger dans ce comité», explique-t-il.
Poursuivant, le secrétaire général du Fsd/Bj pense que le bon sens ne saurait accepter qu'une militante du parti Rewmi, qui agit sous les ordres d’Idrissa Seck qui a rejoint la mouvance présidentielle, représente les non-inscrits dans le comité ad hoc qui doit décider de la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. Pour lui, ce serait même confirmer les suspicions de complot autour de cette affaire.
Ndèye Khady DIOUF