Depuis la publication du rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), le nom de Cheikh Oumar Hanne est sur toutes les lèvres. Et sa nomination à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur n’a fait qu’envenimer les choses. L’ancien Directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar est ainsi acculé de partout. Les accusations ont, selon lui, atteint le summum lorsque le samedi 1er février dernier Pape Alé Niang a publié un livre intitulé : «Scandale autour de la République : le dossier du Coud». Ledit ouvrage a été préfacé par Mody Niang qui y a mis son grain de sel. Cheikh Oumar Hanne qui avait menacé d’ester en justice, a mis à exécution ses menaces. Il a servi une citation directe au journaliste mais également à l’instituteur à la retraite, les accusant de diffamation. Et pour laver son honneur, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur a frappé fort en réclamant 10 milliards de nos francs, mais aussi le retrait du livre du marché.
C’est le début d’une procédure judiciaire qui s’ouvre à la suite du rapport de l’Ofnac concernant la gestion de Cheikh Oumar Hanne. L’ancien Directeur du Coud a répliqué face aux attaques, en servant une citation directe pour diffamation à Pape Alé Niang mais également à Mody Niang. Il leur réclame 10 milliards de francs à titre de réparation du préjudice subi. L’affaire est enrôlée pour l’audience du Tribunal de grande instance de Dakar, statuant en matière correctionnelle, le mardi 10 mars prochain.
Cheikh Oumar Hanne parle de «fausses allégations»
Dans la citation servie au journaliste et à l’instituteur à la retraite, le ministre de l’Enseignement supérieur liste ce qu’il appelle «les fausses allégations» du journaliste dans son ouvrage. Il reproche à Pape Alé Niang d’avoir écrit aux pages 64 et 65 qu’il est «un as du fractionnement des marchés publics avec la prédominance des marchés de gré à gré ou des ententes directes foulant aux pieds le Code des marchés publics». Ces accusations se poursuivent en ces termes : «les restaurants sont gérés par entente directe occasionnant une porte ouverte à la dérive. Babacar Diouf, le chef de service, reçoit directement des mains de l’agent comptable 150 millions francs tous les 10 jours. Une manne financière incontrôlée est gérée par le Directeur via ses hommes de confiance». Et ce n’est pas tout, aux pages 70, 71 et 72, le journaliste l’«accuse» encore d’avoir «fait supporter au Coud la somme de 854 millions francs pour l’achat de véhicules de 44 agents auprès de EMG au titre du ‘’Car plan’’ sans l’aval du Conseil d’administration (…) les vérificateurs de l’Ofnac ont été surpris par le taux de subventions de 90% supporté par un établissement public». Toute chose que l’ancien Directeur du Coud qualifie de «diffamatoire et mensonger». Des griefs, Cheikh Oumar Hanne en a égrenés. Il en veut à l’auteur du livre de l’avoir aussi accusé de «décaissements irréguliers» notamment, cite-t-il «20 millions F pour les amateurs des courses hippiques, 15 millions F pour un ndogou à Claudel sans aucune pièce justificative» et d’avoir aussi alloué «sans aucune base légale des indemnités allant de 120.000 F à 200.000 F au personnel dont le seul mérite est d’être proche de lui».
Le kilogramme de «niébé» à 4500 F réfuté
La description de sa gestion en tant que maire de Ndioum faite par le journaliste ne l’agrée pas non plus. Pape Alé Niang l’accuse selon lui d’avoir «détourné les actifs du Coud et son personnel au profit de la commune de Ndioum». Selon l’auteur de l’ouvrage, il a aussi détourné des deniers publics à travers les régies d’avance de la caisse pour la restauration des étudiants pour un montant de 802 millions F entre janvier et juin 2015» et qu’à cet effet, il a «acheté le kilogramme de niébé à 4500 F». Ce, en plus de «subventions fantômes, sans bénéficiaires de 35 millions F entre le 1er et le 15 octobre 2015».
«Bras armés de Nafy Ngom Keïta»
S’agissant de Mody Niang, il lui est reproché, en préfaçant le livre, d’écrire : «ceci est l’un des plus gros scandales de la gouvernance ‘’sobre et vertueuse’’ du Président-Politicien». En outre, en faisant la comparaison avec l’affaire Khalifa Sall, l’inspecteur à la retraite écrit que c’est «une naine puisque celle de Monsieur Hanne se chiffrait à 150 millions francs tous les 10 jour soit 450.000.000 F le mois pour l’achat de légume». Ce, à la page 10 du livre.
Tout compte fait, selon Cheikh Oumar Anne, le journaliste a une «mission confiée par les adversaires politiques» de salir son honneur. Pire, Pape Alé Niang et Mody Niang sont, selon lui, «les bras armés de Madame Nafy Ngom Keïta». Du coup, outre la condamnation pénale et pécuniaire, il sollicite le mandat d’arrêt ou mandat de dépôt en plus du retrait du livre du marché et l’arrêt de sa commercialisation.
Alassane DRAME