Le budget alloué à la santé pour l’année 2021 s’élève à 216.580.694.455 F Cfa en crédits de paiement et 807.309.552.132 F Cfa en autorisations d’engagement, soit une hausse de 13% par rapport à celui de l’année dernière. La question du Covid-19 a naturellement été au cœur des débats. Les parlementaires ont attiré l’attention du ministre sur le risque d’une seconde vague de contamination. Ils invitent par ailleurs le gouvernement à revoir l’application des mesures barrières.
Les députés sont unanimes : le risque d’une deuxième vague existe bel et bien. S’ils exhortent le gouvernement à reconduire les mesures restrictives, les parlementaires regrettent aussi le laisser-aller des populations alors que le virus est toujours là.
Abdou Mbow : «le laxisme est devenu général, il faut que le gouvernement reprenne des mesures adéquates pour nous éviter une nouvelle vague»
Abdou Mbow a livré ses inquiétudes par rapport a une nouvelle vague de contamination. «La courbe est en train de remonter. Nous avons eu 48 nouveaux malades avec 26 cas communautaires. nous nous demandons si nous n’allons pas vers une deuxième vague, ce qui, il faut le souligner serait, comme l’a dit le président de la République, une catastrophe pour l’économie», fait-il savoir. Poursuivant, M. Mbow estime que nous devons revoir notre copie par rapport à la sensibilisation. «Le gouvernement doit continuer à veiller au respect des mesures barrières. L’arrêté relatif au port obligatoire du masque est expiré depuis le 10 octobre», fait-il remarquer avant d’indiquer qu’il faut aller dans les transports, dans les marchés, ministères et autres lieux publics pour voir que le laxisme est devenu général. «Il faut que le gouvernement reprenne des mesures pour que les Sénégalais puissent comprendre que le virus est toujours là. La preuve, nous avons enregistré aujourd’hui un nouveau décès lié au Covid-19», affirme Abdou Mbow.
Ndèye Lucie Cissé a abondé dans le même sens pour demander au gouvernement de prendre des mesures fortes pour couper court à la nouvelle vague. «Nous avons remarqué que les cas de coronavirus ont connu une hausse cette semaine, les cas communautaires enregistrés aujourd’hui en disent long», souligne, pour sa part, Marème Soda Ndiaye. Selon cette dernière, il faut se rendre à l’évidence : le virus circule toujours dans le pays.
Juliette Zenga : «on sent le relâchement»
Embouchant la même trompette, Juliette Zenga soutient que depuis quelques jours, la courbe de la contamination a recommencé à monter alors que le Sénégal avait déjà connu une baisse très satisfaisante. A l’en croire, une nouvelle vague serait pénible pour le pays. Poursuivant, elle soutient qu’on sent un relâchement et ce n’est pas le moment de baisser les bras. «Il faut plaider pour le maintien des mesures barrières. Que ce soit au niveau des institutions, des ministères et un peu partout, on peut voir nettement que les mesures ne sont plus respectées», dit-elle.
Alioune Souaré s’interroge sur l’authenticité des chiffres
Alioune Souaré, lui, s’interroge sur l’authenticité des chiffres concernant l’évolution du Covid-19. D’après le professeur Seydi, renseigne le parlementaire, l’hôpital de Fann est déjà plein, mais les chiffres délivrés par les services du ministère montrent le contraire. «Nous applaudissons peut-être sans connaître réellement ce qui se passe. On n’a pas fini de vous féliciter pour votre nomination comme meilleur manager pour la gestion du Covid-19 en Afrique et on nous parle d’une deuxième vague», regrette-t-il.
Dans la même veine, Mame Diarra Fam se demande si le Sénégal est paré pour faire face à une nouvelle vague de contamination. «L’idée d’une deuxième vague de contamination me fait peur parce qu’elle a été fatale à l'Europe qui a pourtant beaucoup plus de moyens que nous pour la combattre», explique-t-elle. « Vous avez certes vaincu en partie le Covid-19 ; c’est d’ailleurs ce qui vous a valu la distinction de 2ème meilleur manager dans la gestion du Covid-19 au niveau mondial. Mais, avez-vous pris toutes les dispositions nécessaires pour prévenir cette nouvelle vague de contamination qui se profile à l’horizon ?», interroge Mame Diarra Fam.
Aminata Guèye : «j’ai dû me soigner à l’hôpital de Saint-Louis, mais le scanner est tombé en panne dès que je suis montée»
Bien qu'appartenant à la majorité, Aminata Guèye s’est livrée à un diagnostic sans complaisance du système sanitaire. «Le coronavirus a mis à nu les tares des systèmes sanitaires. Avec la fermeture des frontières, tout le monde était obligé de se soigner ici», dit-elle avant de lancer : «j’étais malade au mois de juin et j’ai dû me soigner à l’hôpital de Saint-Louis. Mais le scanner est tombé en panne dès que je suis montée. Le Covid-19 nous a montré qu’il nous faut une autonomie sur tous les plans, mais surtout du côté sanitaire», renseigne-t-elle, tout en précisant : «vous avez fait un travail remarquable, personne n’en disconvient, mais il est aussi de notre devoir de vous entretenir des problèmes que l’on rencontre dans nos structures sanitaires».
Adama Kadam : «Il faut des mesures sévères pour réprimer les contrevenants»
Adama Kadam, elle, accuse les populations. Selon la députée de Rufisque, les populations sont les responsables du risque d’une nouvelle vague. «J’ai été à un décès et j’étais la seule à avoir porté le masque, alors que tout le monde sait que la maladie est encore présente. Il faut des mesures sévères pour réprimer les contrevenants», fulmine-t-elle.
Cheikh Tidiane Gadio : «ce serait une erreur grave de tomber dans l’autosatisfaction… la maladie est toujours là»
Pour Cheikh Tidiane Gadio, il nous faut tirer beaucoup de leçons de cette pandémie. «Il faut qu’on comprenne que le succès de notre réussite est relative. En disant aux Sénégalais que nous avons un grand succès au lieu de le prendre pour un défi, nous risquons de tomber dans l'autosatisfaction. Et ce serait une erreur grave, parce que la maladie est là, elle tue ; malheureusement, les Sénégalais ont fait tomber le masque. j’ai visité une ville très importante et personne ne portait le masque, ni dans la rue ni dans les maisons, j’étais choqué», regrette-t-il.
Cheikh Bamba Dièye : «il ne faudrait pas que le Covid-19 soit l’arbre qui cache la forêt»
Ceux qui chantent les mérites du régime par rapport à la gestion du Covid, Cheikh Bamba Dièye les invite à aller au-delà, pour noter le système sanitaire. «Je ne voudrais pas que le Covid-19 et la gestion de la pandémie soient l’arbre qui cache la forêt, parce qu' en réalité, avant le Covid, nous avions une urgence sur la santé au Sénégal. Elle n’était pas reluisante parce que la santé à un double défi», dit-il. Le premier défi, selon l’ancien maire de Saint-Louis, est géographique, c'est-à-dire plus on est éloigné du centre de Dakar, moins on a les disponibilités pour atteindre les soins souhaités. L’autre défi est un financier : se soigner coûte cher, malgré tous les efforts qui ont été faits, il reste énormément de choses à faire.
Aida Mbodj : «vous ne semblez pas prendre la mystérieuse maladie des pêcheurs avec autant de sérieux que le Covid…»
Elle a été la seule a évoquer la maladie dite mystérieuse des pêcheurs. Aida Mbodj souhaiterait que le ministre de la Santé fasse preuve de plus de sérieux dans la gestion de ladite maladie. «Vous nous avez habitués à une communication officielle avec le Covid-19, alors je ne comprends pas pourquoi vous ne semblez pas prendre cette infection qui s’est déclarée chez certains pêcheurs avec autant de sérieux que le Covid-19. Elle est quand même inquiétante. Personne ne connaît son origine et les spéculations vont bon train», avance-t-elle. Pour ce qui du Covid-19, bien qu’elle reconnaisse le mérite de Diouf Sarr, Aida Mbodji dit décerner la palme au Président Sall qui a su gérer la question de main de maître.
Mamadou Lamine Diallo : «ce n’est pas normal que les gens soient obligés de se rabaisser à quémander ou à cirer des chaussures pour obtenir une faveur du ministre»
Si la quasi-totalité des députés ont félicité Abdoulaye Diouf Sarr pour sa distinction de 2e meilleur manager mondial du Covid-19, le leader de Tekki, lui, minimise. Vous êtes devant la Chine dans la lutte contre le Covid-19. Je sais que dans le monde, il y a suffisamment de cabinets qui peuvent faire ces genres d’études quand on les paie», ironise-t-il. «Ce n’est pas normal que les gens soient obligés de se rabaisser à quémander ou à cirer des chaussures pour obtenir une faveur du ministre», affirme Mamadou Lamine Diallo. Pour lui, l’augmentation du budget n’est pas un indicateur pour la bonne santé de la population. C’est tout à fait normal que le budget augmente au fur et à mesure que la population augmente. «Vous vous présentez comme le meilleur au monde, mais la réalité, c’est qu’il est extrêmement difficile de se soigner au Sénégal», a soutenu le leader de Tekki.
Ndèye Khady DIOUF
ABDOULAYE DIOUF SARR
«Il est vrai que les chiffres augmentent depuis quelques jours, mais nous n’avons jamais arrêté la lutte et elle va s’intensifier davantage»
La séance plénière pour l’examen du projet de budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale a duré 12 tours d’horloge et enregistré une centaine d’orateurs. Le ministre de la Santé a été interpellé sur les dispositions prises par le gouvernement pour nous éviter une nouvelle vague de contamination. Le ministre de la Santé rassure les parlementaires. «Je ne peux pas vous entretenir de nos discussions in-vitro, mais sachez que nous sommes sur nos gardes. Il est vrai que les chiffres augmentent depuis quelques jours, mais nous n’avons jamais arrêté la lutte. Elle va s’intensifier davantage; nos services ont déjà reçu l’ordre de mettre en œuvre les mesures arrêtées», renseigne Abdoulaye Diouf Sarr, qui pense que les meilleurs indicateurs pour déterminer l’évolution du Covid-19 sont le nombre de cas graves et la létalité.
Par rapport à la situation de la dialyse, le ministre de la Santé affirme qu’il n’y a jamais eu de rupture de dialyse. «Des malades ont mis en scène une situation pour essayer de toucher la sensibilité des Sénégalais via les réseaux sociaux», explique Diouf Sarr, qui annonce 700 recrutements dans la Fonction publique.
Nd kh DIOUF