Pendant que Me Elhadj Diouf et son petit frère faisaient face au juge hier: leurs épouses se crêpent le chignon dans la salle des témoins

 
 
 
Hormis la bataille judiciaire qui opposait Me El Hadji Diouf à son frère utérin Cheikh Ahmed Tidiane Fall, au tribunal des flagrants délits de Dakar, hier, et à l'issue de laquelle le dernier nommé a été condamné à 1 mois de prison ferme pour menaces de mort, il y a aussi celle des épouses de ces derniers qui avait lieu dans la salle des témoins. Fatou Thiam Mbengue et Mame Diarra Diop, femmes respectives de Cheikh Fall et de Me El Hadji Diouf, se sont disputées avant d’être entendues comme témoins dans cette affaire. 
 
 
Les demi-frères Me El Hadji Diouf et Cheikh Ahmed Tidiane Fall n’étaient pas les seuls à se déchirer, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, pour cette affaire de menaces de mort qui les oppose. L'épouse de l'avocat, Mame Diarra Diop et Fatou Thiam Mbengue, celle de l'assistant juridique, se sont données en spectacle en se crêpant le chignon. Ainsi, depuis la salle des témoins où elles attendaient d'être auditionnées comme témoins devant la barre, on les entendait se disputer. Pour les faits qui ont amené ces dames à être appelées comme témoins, Me El Hadji Diouf avait reçu le 20 juin 2020, vers les coups de 6h50mn, un appel émanant d'un numéro de téléphone fixe. Au bout du fil, l'individu le menaçait de mort en ces termes : «jëndël sa canggaay semaine bi dinañu la rey (prépare ton linceul car cette semaine tu seras tué)». C'est à l'issue de cela qu'il a porté plainte à la Section de recherches. Les réquisitions de la Sonatel ont prouvé que le numéro de téléphone fixe est enregistré au nom de Cheikh Ahmed Tidiane Fall, qui n'est autre que son petit frère. 
 
 
 
Le prévenu Cheikh Fall nie tout
 
 
Inculpé, ce dernier a été placé sous mandat de dépôt durant quelques jours, avant de bénéficier d'une liberté provisoire. Comparaissant devant le juge des flagrants délits de Dakar, ce prévenu a nié avoir émis l'appel suspect. «Il est vrai qu’on a eu des antécédents, mais je ne l’ai jamais menacé de mort», jure Cheikh Fall domicilié à la Médina, né en 1967. À la question du juge de savoir pourquoi son numéro de téléphone est affiché sur le relevé à l’heure indiquée par la partie civile, Cheikh Ahmed Tidiane Fall de rétorquer : «je ne peux pas l’expliquer, mais je ne l’ai pas appelé. Je ne nie pas qu’il y a eu un appel puisque la Sonatel l’a confirmé. Le jour des faits, ce sont mes enfants mineurs et ma femme qui dormaient dans la maison. Et parfois, elle prend mon portable et passe des appels». 
 
 
Me El Hadji Diouf : «Ce n’est pas la première fois qu’il proférait des menaces contre moi»
 
 
Pour sa part, Me El Hadji Diouf a non seulement confirmé les menaces de mort sur sa personne, mais il a accusé Cheikh Fall comme étant l'auteur. «Très tôt le matin, vers les coups de 6h50 mn, j'ai reçu cet appel ; mon épouse et moi, nous avons sursauté. Parce que d'habitude, à cette heure-là, si le téléphone sonne, c'est une mauvaise nouvelle qu'on nous annonce. Mais, lorsque j'ai décroché en le mettant en mode haut-parleur, c'est la voix de Cheikh Fall que nous avons entendue et il me disait : "jëndël sa canggaay semaine bi dinañu la rey". Ce n’est pas la première fois qu’il proférait des menaces contre moi. Il a dit qu’il allait me détruire. Il est allé à la 2Stv dire que j’avais détourné 200 millions», s’est plaint la robe noire. 
 
 
 
Mame Diarra Diop, épouse de Me Elhadj Diouf, confirme son mari sur toute la ligne
 
 
 
Cousine et épouse de Me Elhadj Diouf, Mame Diarra Diop a confirmé les propos de son mari. «Cette situation ne me plait pas, vu qu'ils sont des frères. Mais, je suis obligée de témoigner rien que pour la vérité», s'est-elle désolée. Et de poursuivre : «je reconnais la voix de Cheikh Fall. C’est lui qui a appelé et qui disait à mon mari de chercher un linceul parce qu'il allait être tué dans la semaine. Le portable en mode haut-parleur et j’ai tout entendu», a déclaré la dame. 
 
 
 
Fatou Thiam, la femme de Cheikh Fall, lave à grande eau son mari
 
 
 
Fatou Thiam, femme du mis en cause Cheikh Fall, a pris son contre-pied, en lavant à grande eau son mari. «Je ne sais rien de cette affaire. Le jour des faits, nous étions ensemble mon mari, mon fils et moi. Nous dormions jusqu'à 9h. Le téléphone qui a émis l'appel incriminé était dans la chambre, mais il circule dans toute la maison. C'est un téléphone sans fil. Je ne suis pas au courant de cet appel. Alors qu'à chaque fois qu'il émet un appel, je suis au courant», dit-elle. 
 
 
 
El hadj Moustapha Fall, 11 ans, fils de Cheikh Fall et homonyme de Me Elhadj Diouf «témoin»
 
 
 
Interrogé comme témoin lui aussi, le fils de cette dernière, âgé de 11 ans, El Hadj Moustapha Fall, a clairement affirmé à la barre n'avoir pas appelé son homonyme, Me El Hadji Diouf, le jour des faits. 
Lorsque le mis en cause Cheikh Fall a été interpellé pour faire ses observations sur le témoignage qu'a fait la femme de Me El Hadji Diouf, il s'en est pris à elle avant que le juge ne le recadre sévèrement. «Mame Diarra Diop a des antécédents avec toute ma famille», a-t-il lâché. Le président de l'audience de pester : «nous ne sommes pas là pour faire le procès d'une famille. Ce que vous vivez dans votre famille, ça ne concerne pas le tribunal. Vous avez des faits précis, faites des observations sur ça». 
Abondant dans le même sens que le juge, Me Ibrahima Mbengue, constitué pour défendre les intérêts de Me El Hadji Diouf, dira : «on n'est pas à la barre pour régler un problème de famille ou un problème qui s'est passé il y a de cela des mois. Cheikh Fall est là pour répondre du délit de menaces de mort». La robe noire de poursuivre : «El Hadji Diouf a pris cette menace au sérieux et est allé déposer une plainte. Il m'a chuchoté tout à l'heure à l'oreille de réclamer le franc symbolique. El Hadji a participé à l'éducation de Cheikh Fall. Il ne mérite pas ça. Qui ne connaît pas Me El Hadji Diouf ? C'est quelqu'un qui aime son pays. Il pouvait rester tranquille sans rien faire. Il n'a besoin de l'argent de personne parce que nous savons qu'il n'est pas un pauvre avocat». 
 
 
 
La femme de Me El hadj Diouf, exaspérée, quitte la salle d’audience
 
 
 
Confirmant les propos de l’avocat, la femme d'El Hadji Diouf qui se trouvait dans le public après son témoignage, n'arrêtait de répéter : «Walaahi il ne mérite pas ça». Mais, le juge l'a rappelée à l'ordre. Déterminée, la dame s'est levée et a continué à répéter les mêmes propos avant de quitter la salle d'audience en hochant la tête. 
 
 
Me Khoureichi Ba : «il n'y a pas de preuves»
 
 
Faisant ses réquisitions, la représentante du parquet a affirmé que Cheikh Fall pourra toujours nier, mais les propos ont été tenus par lui. De ce fait, les faits sont constants à son encontre. Ainsi, la parquetière a requis 2 ans de prison assortis du sursis contre lui. Quant à Me Khoureichi Ba, chargé de défendre Cheikh Fall, il a demandé au tribunal de relaxer son client au bénéfice du doute. «Les réquisitions de la Sonatel sont vraies, mais elles sont à mi-chemin parce qu'elle devait avoir à sa disposition l'enregistrement de l'appel. Je suis désolé de le dire, il n'y a pas de preuves, mais seulement un appel émis et non le contenu de celui-ci», a martelé Me Ba. 
Au final, Cheikh Fall a été reconnu coupable de menaces de mort et condamné à 1 mois de prison ferme. Pour ce qui est de Me El Hadji Diouf, le tribunal lui a alloué le franc symbolique qu'il a réclamé. 
 
Fatou D. DIONE