La demande de Ousmane Sonko est satisfaite. Après avoir épuisé toutes les procédures, les députés ont enfin acté la modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Maintenant que la réforme intègre l’existence du Premier ministre, Ousmane Sonko peut désormais faire sa Déclaration de politique générale sans problème.
C'est dans un élan consensuel des trois présidents de groupes parlementaires et du représentant des non-inscrits que les députés ont adopté – presque à l’unanimité – à l’exception de Cheikh Abdou Mbacké, la proposition de loi organique n°10/2024 modifiant et complétant la loi organique n°2002-20 du 15 mai 2002, modifiée, portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Cependant, en dépit de cette démarche unitaire observée hier à l’hémicycle, des voix discordantes se sont élevées. En effet, Guy Marius Sagna, Cheikh Abdou Mbacké et Ababacar Abba Mbaye ont incarné cette posture rebelle. Mieux, le député activiste, ancré dans ses principes, a tenté de faire ajourner les débats à travers une motion préjudicielle.
Mis en minorité, Guy revient à la charge avant de quitter l’hémicycle
Guy Marius Sagna a, lui, demandé l’ajournement des débats. Le député est revenu sur les nombreuses commissions d’enquêtes parlementaires déposées et rangées aux oubliettes. Pour lui, les principes restent les principes. Guy Marius Sagna accuse ses collègues de la majorité d’avoir faim du Premier ministre et pressés d’en finir avec lui. Il a ainsi quitté l’hémicycle sous les moqueries de certains députés de la majorité.
Abba Mbaye vote contre
Pour sa part, Ababacar Abba Mbaye a déploré la correction sommaire apportée dans le Règlement intérieur. «On a une alternance, mais on ne sent pas de nouveau départ. L’attente que j’avais c’est d’avoir un règlement intérieur repensé de bout en bout qui soit le legs à la prochaine législature. Mais, je reste sur ma faim », regrette le député de Taxawu qui a décidé de voter contre cette proposition de loi.
M. CISS
SEYDOU DIOUF MET EN GARDE LE NOUVEAU REGIME CONTRE LES TRANSHUMANTS
« Ne laissez pas ceux qui ont bénéficié des privilèges du pouvoir de Macky Sall pendant plusieurs années venir vous infecter »
Le député Seydou Diouf s’est félicité de la dynamique unitaire de l’assemblée pour la révision du règlement intérieur. «La réforme du règlement intérieur est un processus dynamique que d’autres législatures viendront faire. Toutefois, la réforme du règlement intérieur doit forcément appeler à un consensus. Les divergences ont été mises de côté sur les points de consensus pour aller plus vite. L’histoire retiendra que c’est cette législature qui aurait pu être difficile qui vers sa fin pose des actes responsables», s’est d’emblée réjoui le député de la majorité parlementaire.
Je sais que Ousmane Sonko n’a pas peur de se présenter à l’assemblée nationale
Poursuivant, il a pris le contre-pied de ceux qui disent que le Premier ministre ne doit pas faire sa Déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale où il n’a pas la majorité. «C’est un déni de démocratie. On ne choisit pas une majorité. Je sais que Ousmane Sonko n’a pas peur de se présenter devant l’Assemblée nationale parce qu’il a été dans nos rangs et on a siégé ensemble dans cet hémicycle. Il a toujours eu le courage de ses positions. Qu’on vienne débattre sur les orientations du Sénégal », invite le député. Poursuivant, il a soldé ses comptes contre d’anciens parlementaires et autres experts qui accusent les députés d’être des faussaires alors qu’ils n’ont jamais été au-devant pour des réformes aussi profondes du règlement intérieur. «Je suis fier d’avoir appartenu à cette quatorzième législature qui a été installée dans la douleur. C’est la première fois dans l’histoire parlementaire du Sénégal où les forces politiques étaient en équilibre. Et on veut insulter les députés. J’ai vu de jeunes députés très talentueux et très ancrés dans leur position et défendant leur territoire. Alors qu’on la dissolve ! Soyez fiers de vous de tout bord politique ! Vous avez mené un combat sain. Ne laissez pas ceux qui ont bénéficié des privilèges du pouvoir Macky Sall pendant plusieurs années venir vous infecter. Ce serait de l’infection. Refusez-les», lance Seydou Diouf pour mettre en garde le nouveau régime.
M. CISS