Les unités de patrouilles frontalières de la gendarmerie nationale ont achevé, vendredi dernier, une formation de cinq mois dispensée par la patrouille frontalière des États-Unis d’Amérique (Us Border Patrol). Problème : ce corps américain qui dépend du ministère de la Sécurité intérieure a été épinglée par un rapport l’accusant d’avoir vendu des armes à feu à un cartel mexicain. Le scandale Us Border Patrol a, en effet, éclaboussé les États-Unis fin 2012 quand un tueur à gages mexicain devenu témoin du gouvernement a révélé lors d’un témoignage que les assassins du cartel ont obtenu des armes de l’Us Border Patrol.
Au total, 99 gendarmes sénégalais des Escadrons de surveillance et d'intervention (Esi) ont été formés au Centre régional d'entraînement tactique du Camp Mbaye Diagne dans le cadre du programme d'Assistance antiterroriste (ATA) du département d'État américain, selon un communiqué de l’Ambassade à Dakar des États-Unis.. La formation, dirigée par des membres retraités de l’Us Border Patrol, était axée sur «des tactiques utiles pour sécuriser les parties vulnérables de la frontière sénégalaise». Par ailleurs, des équipements tactiques utiles en milieu frontalier, dont des fusils M4 de fabrication américaine, ont été accordés par l'ATA à la gendarmerie, précise le communiqué américain.
Cependant, selon les informations de «Les Échos», ce corps américain qui dépend du ministère de la Sécurité intérieure a été éclaboussé dans une affaire criminelle. En effet, un rapport publié en 2012 a accusé l’Us Border Patrol d’avoir vendu des armes à feu à un cartel mexicain. Un tueur à gages mexicain devenu témoin du gouvernement a révélé des détails étonnants de la vie dans le monde criminel du Mexique. Le plus étonnant de tous : les affirmations selon lesquelles les assassins du cartel ont obtenu des armes de la Us Border Patrol.
Selon le magazine mexicain Revista Contralinea, le témoignage provient d'un témoin protégé du gouvernement et ancien tueur à gages, qui a coopéré à la poursuite d'un comptable du cartel de Sinaloa par le bureau du Procureur général mexicain. Le témoignage détaille une série de batailles menées par un groupe de membres du cartel tentant de chasser des gangsters rivaux du territoire de l'ouest du désert mexicain. Pour ce faire, le groupe a recherché des armes aux États-Unis, dont au moins 30 fusils WASR-10 – une variante de l'AK-47 – prétendument acquis auprès d'agents de la patrouille frontalière.
À l’époque, ces révélations avaient eu le mérite de relancer le débat sur l'opération Fast and Furious qui est une opération d'infiltration menée entre 2009 et 2010, en Arizona et au Mexique, par le Bureau américain de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) dans le cadre du Project Gunrunner, un projet destiné à endiguer le flux d’armes à feu au Mexique, dont le but officiel serait de priver d’armes les cartels mexicains. C’était la dernière fois que les autorités américaines ont laissé des armes à feu tomber entre les mains de gangsters mexicains.
Lancé en 2017, le programme ATA forme et équipe chaque année des milliers de policiers dans le monde. Jusqu'à présent, près de 300 gendarmes des patrouilles frontalières sénégalaises ont bénéficié de cette initiative, a précisé la source.Mandaté par le Congrès américain, le programme ATA poursuit trois objectifs de politique étrangère : renforcer les capacités antiterroristes des pays partenaires, améliorer les relations bilatérales et promouvoir le respect des droits humains parmi les professionnels de l'application des lois.
Sidy Djimby NDAO