La localité de Fogny Narrang, située dans le département de Bignona, a connu un moment difficile pendant le conflit qui sévissait dans cette partie sud du pays. Certes, aujourd’hui, l’accalmie y est de retour, mais les populations revenues au bercail subissent de plein fouet les conséquences de cette crise. Qui sont, entre autres, manque de pièces d’état civil pour les enfants, d’infrastructures sociales de base.
Le Fogny Narrang, situé dans la commune de Kataba1, a payé un lourd tribut durant les années sombres du conflit casamançais. Un conflit qui a d’ailleurs provoqué plusieurs des exodes des populations vers les pays voisins, à savoir la Gambie et la Guinée Bissau. Aujourd’hui, ces dernières sont de retour dans leurs villages respectifs, mais confrontés à plusieurs problèmes d’ordre administratifs, même si l’Etat du Sénégal est en train de consentir des efforts.Les enfants qui sont nés en Gambie et en Guinée-Bissau rencontrent d’énormes difficultés pour obtenir des extraits de naissance leur permettant de s’inscrire dans les écoles sénégalaises. Et par conséquent, les parents sont contraints d’emmener leur progéniture dans les écoles gambiennes, mieux équipées que les nôtres. «Nos enfants ont de sérieux problèmes pour continuer leur cursus scolaire, une fois de retour au village. N’ayant pas été déclarés à la naissance au Sénégal, ils détiennent pour la plupart des papiers gambiens. Ce qui rend difficilement la poursuite de leur études dans leur pays», explique Malang Sané, parent d’élèves qui avait séjournée plus d’une dizaine d’années en Gambie. Il ajoute : «des centaines d’enfants du Narrang sont dans le même cas, à l’image des autres contrées de la localité».
M. Sané de plaider que l’Etat du Sénégal «rende facile l’accès aux pièces d’état civil, aussi bien aux enfants qu’aux citoyens qui avaient perdu toutes leurs pièces durant leur séjour hors de leur pays».
Pour Moussa Badji de Touba Tranquille, qui confirme cette situation des enfants, le gouvernement «doit accélérer» le processus d’obtention de pièces d’état civil pour les enfants ayant l’âge d’aller à l’école. A l’en croire, c’est un problème difficile qui entrave «sérieusement» l’intégration de leurs enfants dans le système éducatif sénégalais. «Le processus est très long. Nos enfants rencontrent d’énormes entraves liées à l’état civil. Certaines ne peuvent pas poursuivre leurs études, car n’ayant pas de papiers en bonne et due forme», constate-t-il. Et d’ajouter : «même les adultes aussi font face à ce problème. Beaucoup ne possèdent pas d’extraits de naissance leur permettant d’avoir une carte d’identité nationale».
Trouvé dans sa forge de paille, dans une chaleur accablante, le visage perlé de sueur, Adama Badji trouve que les audiences foraines tenues dans leur localité «n’ont pas suffi». Pour lui, «des commissions doivent être installées dans toutes les communes de l’arrondissement de Kataba1, une manière de rendre beaucoup plus facile et accessible à tous l’obtention de pièces».
Outre cette difficulté notée dans l’obtention de pièces d’état civil, les populations de Fogny, de retour dans leurs villages respectifs, rencontrent d’autres vicissitudes non moins importantes. «Il y a une absence totale d’infrastructures modernes dans le Fogny Narrang. Les postes et cases de santé n’existent que de nom. Les médicaments et le personnel qualifié manquent. Les populations sont obligées de rallier Diouloulou, à défaut, le district sanitaire de Bignona», fait savoir Lamine Diédhiou, enseignant et habitant de Touba Tranquille. Poursuivant, il a indiqué que mêmes les écoles n’échappent pas à cette situation. «Les écoles sont souvent pour la majeure partie en abris provisoires. Ce qui explique la ruée des enfants dans les écoles gambiennes bien équipées, où les conditions d’apprentissage sont plus favorables», a-t-il dit.
En outre, soutient M. Diédhiou, «les réseaux téléphoniques sénégalais sont difficilement accessibles. Et ce sont ceux de la Gambie qui sont utilisés».
«Tout ce que nous consommons dans notre village vient de Gambie. Nous utilisons les produits gambiens, à savoir les denrées alimentaires mais aussi la monnaie dalasis», ajoute l’enseignant.
Qui, revenant sur ce fait, a signifié que c’est la proximité avec la Gambie qui fait que les populations préfèrent s’y rendre, que de rallier les marchés du département, dont le plus proche est à une vingtaine de kilomètres.
Ahmet Coly