
Pour avoir mis le feu à la chambre de sa voisine Aïssatou Thiamane, Siga Diouf encourt 10 ans de réclusion criminelle devant la chambre criminelle de Pikine/Guédiawaye où elle a comparu hier, pour incendie volontaire d'un lieu habité. Cette accusée a déclaré avoir agi ainsi parce que la plaignante ne cessait de déposer son pot d'urine devant la porte de sa chambre.
Vu l'acte qu'elle a eu à poser, Siga Diouf peut être assimilée à une pyromane. Ayant incendié la chambre de sa voisine Aïssatou Thiamane, elle croupit en prison depuis 2019. En effet, les débats d'audience ont montré que les relations entre Siga Diouf et Aïssatou Thiamane étaient au début très bonnes. Mais, ces deux dames qui vivaient à Pikine dans un bâtiment en construction qui leur a été prêté, ont fini par se regarder en chiens de faïence. Car, si Siga Diouf ne passe pas des journées à lui lancer des quolibets, Aïssatou Thiamane essuyait des menaces de mort de sa part. Et pour lui prouver qu'elle ne jouait pas, elle a mis à exécution ses menaces. Ainsi, le 12 octobre 2019, elle a attendu que sa voisine parte au travail pour mettre le feu à sa chambre conjugale. Aïssatou Thiamane, informée, s’est présentée sur les lieux où elle a trouvé tout son mobilier réduit en cendres. C'est là qu'elle a saisi d'une plainte les éléments de Pikine qui ont ouvert une enquête. Mais au début, les investigations diligentées n'ont pas permis de trouver le coupable. Il a fallu l'audition de certains de leurs voisins pour arriver à mettre la main sur Siga Diouf. Ces derniers ont révélé avoir entendu Siga Diouf réclamer être l'auteure de l'incendie de la chambre de la plaignante.
Auditionnée, Siga Diouf a nié les faits à l'enquête de police. Et pour crédibiliser sa thèse, elle a révélé avoir informé sa voisine lorsque le feu s'est déclaré dans sa chambre. Déclarations que la maîtresse des lieux a balayées d'un revers de main. Curieusement, les investigations ont révélé que Siga Diouf avait vidé toutes ses affaires de sa propre chambre pour éviter qu'elles soient calcinées. C’est ainsi qu’elle a été inculpée et placée sous mandat de dépôt.
Après plus de 3 ans en détention provisoire, elle a réitéré les mêmes dénégations, hier, devant la chambre criminelle du tribunal de Pikine/Guédiawaye où elle a été jugée pour incendie volontaire d'un lieu habité. Confirmant à la barre que sa voisine et elle ne s’entendent pas, Siga a reconnu qu'elle est de nature colérique et que cette colère débouche sur une crise qui lui faisait perdre toute sa lucidité. Néanmoins, elle a déclaré avoir interdit à sa voisine de déposer devant la porte de sa chambre le pot de ses urines. Ce que celle-ci a refusé. D'où l'origine de leur différend.
La victime pardonne en ‘’toute sincérité’’
La victime Aïssatou Thiamane a, quant à elle, signifié que le jour des faits, comme d'habitude, elle s'est rendue aux champs avec son époux vers 7h. C'est là-bas qu'elle a été informée de l'incendie. Tout de même, elle a pardonné Siga en toute sincérité. Faisant ses réquisitions, le procureur n’a pas été tendre avec l’accusée. " Après avoir mis le feu, elle était là à contempler son œuvre comme un pyromane, au moment où les autres s'affairaient à l'éteindre. Nous lui reconnaissons sa qualité de délinquante primaire et nous lui accordons des circonstances atténuantes, parce qu'elle a révélé à la barre qu'elle est de nature colérique. Par ailleurs, aucun parent ne lui a rendu visite depuis son séjour carcéral et tout cela renseigne sur sa personnalité», a-t-il indiqué avant de requérir 10 ans de réclusion criminelle contre elle.
Pour sa part, Me Moussa Baldé de la défense a plaidé l'acquittement au bénéfice du doute de sa cliente. Pour étayer sa demande, la robe noire a déclaré qu'il n'y a aucun élément dans son dossier qui dit que sa cliente a mis le feu à la chambre de la partie civile. Il y a tout simplement des présomptions, dit-il, pour conclure. Délibéré le 3 mai 2023.
Fatou D. DIONE