Abus de confiance portant sur plus de 500 millions de francs, c’est la charge retenue par le juge d’instruction du deuxième cabinet à l’encontre de Kabirou Mbodje. Le patron de Wari, qui est ainsi poursuivi par ses coassociés, va comparaître devant le juge pénal. L’affaire sera évoquée le 23 décembre prochain.
Le journal «Les Échos» avait relayé l’information : le juge d’instruction du deuxième cabinet a renvoyé le dossier Kabirou Mbodje en police correctionnelle. Selon le magistrat instructeur, le patron de Wari doit répondre devant le juge pénal pour le chef d’abus de confiance portant sur plus de 500 millions de francs. Le Parquet avait enrôlé l’affaire pour mardi dernier, mais le dossier est finalement renvoyé au 23 décembre prochain. Présentement hors de Dakar, Kabirou Mbodje devrait déférer à la convocation du juge à la date du 23 décembre pour permettre à ses avocats de le défendre. A défaut de comparaître, et étant prévenu dans cette affaire, ses conseils devront assister impuissants à son procès, si le juge retient l’affaire.
Pour rappel, Malick Fall et Seyni Camara, coassociés de Kabirou Mbodje, avaient saisi le procureur de la République, en 2015, d’une plainte contre Kabirou Mbodje l’accusant d’abus de biens sociaux et augmentation irrégulière de capital. Ils accusaient Kabirou Mbodje d’avoir usé de manœuvres pour détourner tout le portefeuille de la société Interactive qu’ils avaient créée, d’avoir détourné en juillet 2014 et octobre 2014, 1.3 million de transactions de Wari soit 25 milliards de flux financiers ainsi que 400 millions de commissions. Le patron de Wari est aussi accusé d’avoir usé des biens de la société à des fins personnelles, mais également d’avoir augmenté le capital de la société à l’insu des associés, le faisant passer de 50 millions de francs à 500 millions de francs. Ce, entre autres reproches. Des accusations dégagées en touche par le patron de Wari, qui soutient avoir entièrement payé le capital de la société Interactive avant d’offrir gracieusement des actions à ses associés. Il a nié l’abus de biens sociaux tout comme l’augmentation irrégulière de capital.
Estimant que les associés ne lui ont apporté aucune preuve, le juge d’instruction a écarté le délit d’augmentation irrégulière de capital. Cependant, il retient le chef d’inculpation d’abus de confiance. Selon le magistrat instructeur le patron de Wari a effectué plusieurs dépenses, en «utilisant abusivement la carte bancaire, sans justificatifs». Le juge se fonde sur les conclusions de l’expert Ngor Diop. L’homme de l’art a précisé qu’en ce qui concerne le compte bancaire de la CSI ouvert dans les livres de la Cncas, les retraits en espèces et paiements par carte de crédit étaient estimés à 691.992.659 francs. Mieux, sur les 412.428.291 francs qu’il a analysés, il n’y a que 68.098.643 francs qui ont été justifiés. En outre, pour le magistrat instructeur, Kabirou Mbodje n’a pas produit un document établissant que les instances de la société lui ont permis de s’octroyer 8% du chiffre d’affaire de CSI qui a abouti à un prélèvement de 510 millions de francs au motif qu’il serait le propriétaire. Suffisant pour le renvoyer en jugement. Le 23 décembre prochain, Kabirou Mbodje devra s’expliquer sur ces faits.
Alassane DRAME