20 ans de travaux forcés, c’est la peine requise par le procureur de la Chambre criminelle de Dakar, Saliou Ngom, à l’encontre du mécanicien Jean-Pierre Ndiaye, qui a planté deux coups de couteau dans le thorax de sa victime Aly Diop en décembre 2013, au cours d’une bagarre. C’était pour une banale affaire de 3000 F suite au déchargement d’un camion de foin. L’accusé qui comparaissait pour meurtre sera édifié sur son sort le 7 août prochain après 5 ans de détention préventive.
Une banale histoire de 3000 F a conduit à une bagarre à l’issue de laquelle Aly Diop a perdu la vie, en décembre 2013, alors qu’il n’avait que 18 ans. Sur les faits, le commerçant Mansour Diop avait sollicité l’accusé Jean-Pierre Ndiaye et la victime Aly Diop pour le déchargement d’un camion de foin d’arachide, en contrepartie d’une somme de 3000 F. Après que ledit travail a été effectué par les deux antagonistes, le paiement a été encaissé par l’accusé à qui Aly Diop a réclamé sa part du butin, en vain. Ainsi, une bagarre a éclaté entre eux, avant qu’ils ne soient séparés par des tiers. Mais, la victime, qui se trouvait dans une colère noire, a menacé Pierre Ndiaye de lui régler son compte.
Malmené par Aly Diop, Jean Pierre Ndiaye lui plante 2 coups de couteau dans la région du cœur
Et dans la nuit du 15 au 16 décembre, au Parc Lambaye de Grand-Dakar, Jean-Pierre Ndiaye a rappelé à sa victime sa promesse. S’ensuivit une autre altercation à l’issue de laquelle il a été farouchement malmené par Aly Diop. Ne pouvant digérer cet affront, il s’est emparé d’un couteau et lui a asséné deux coups dans la région du cœur. Tombé à terre, Aly Diop gisait dans une mare de sang avant d’être transporté à l’hôpital. Hélas, il a succombé à ses blessures en cours d’évacuation.
Jean-Pierre Ndiaye : «Je voulais me protéger, c’est pour cela que je l’ai poignardé pour me dégager»
Alpagué par les éléments de ladite localité, Jean-Pierre Ndiaye a soutenu qu’il voulait se venger en le blessant, mais il n’avait pas l’intention de lui donner la mort. Inculpé pour meurtre, il a nié, hier, devant la Chambre criminelle de Dakar où il comparaissait. «C’est moi qui l’ai poignardé. Il m’a sollicité pour décharger la paille contenue dans le camion. Après cela, je lui ai demandé mon argent, mais il a refusé de me donner ma part. Avant qu’il ne me menace de me tuer. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il m’a attaqué en m’injuriant. On s’est battu et personne ne s’est blessé. On nous a séparés et chacun est parti de son côté. Je me suis rendu chez moi et comme je craignais qu’il me blesse lors d’une éventuelle rencontre, vu qu’il m’avait menacé, j’ai saisi un couteau pour me défendre. Il m’a poignardé en premier près de l’œil, lorsque nous nous sommes rencontrés. Je me suis mis à tituber sur le champ avant que je ne le pique. Mais je ne sais pas l’endroit où je l’ai poignardé, ni le nombre de coups que je lui ai infligés. Je voulais me protéger, c’est pour cela que je l’ai poignardé pour me dégager», a expliqué Jean-Pierre Ndiaye.
L’avocat de la partie civile réclame 20 millions de dommages et intérêts
C’était en présence de Ndèye Codou Sène, mère de la victime, qui a donné sa version de faits. Constitué pour la partie civile Ndèye Codou Sène, Me Nohine Ndoye, pour qui la partie du corps visée ne laisse aucun doute sur le dessein de l’accusé, a réclamé 20 millions de dommages et intérêts. S’inscrivant dans la même optique, le procureur Saliou Ngom a martelé que ce que l’accusé déclare tout le long de la procédure, comme quoi il ne voulait pas donner la mort, contraste avec les faits. Car, précise-t-il, il a visé une partie sensible et vitale du corps, ce qui prouve que l’intention de donner la mort n’est pas discutable. Poursuivant, le parquetier ajoute qu’il devait être jugé pour assassinat, parce qu’il n’est pas revenu avec un bâton, ni avec autre chose, mais avec un couteau. Aussi, il a requis 20 ans de travaux forcés à son encontre.
Constitué pour l’accusé, Me Ousseynou Ngom a affirmé que la victime a été touchée par accident. Il a alors demandé une application bienveillante de la loi. Son confrère Me Michelle Ndong a abondé dans le même sens. Le délibéré est fixé au 7 août prochain.
Fatou D. DIONE