Que veulent nos voisins mauritaniens. Cette question, tout le monde se la pose à l’île à Morphil. Les passages traditionnels pour se rendre en territoire mauritanien ont été fermés aux populations, sans aucune forme de procès. Jusqu’à présent, aucune autorité de la zone n’a osé élever la voix. Et curieusement, les Mauritaniens, pendant ce temps, traversent le plus tranquillement du monde le fleuve pour cultiver leurs champs dans les cuvettes rizicoles sénégalaises sans être inquiétés.
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Nos compatriotes qui vivent dans l’île à Morphil sont dans tous leurs états. Ne sachant plus à quel sait se vouer, elle en veulent, à juste titre, aux autorités mauritaniennes et sénégalaises. Sans préavis ni rien, les autorités mauritaniennes ont pris la décision souveraine de fermer leurs frontières à nos ressortissants. Depuis l’effectivité de cette décision, aucun habitant de l’île à Morphil ne peut emprunter les mêmes passages qu’auparavant pour se rendre en territoire mauritanien. Désormais, obligation leur a été faite de se présenter aux points de passage officialisés et délimités par les autorités mauritaniennes. Pire, toute personne qui emprunte un autre point de passage peut être sévèrement sanctionnée.
Preuve de l’incongruité de cette mesure que personne ne comprend, les points de passage autorisés se trouvent à Dioudé Diabé, Démette et CasCas. Ce qui occasionne un coût supplémentaire pour la traversée.
Interrogé, le chef adjoint du village de Saldé, aucune explication n’a été fournie à la population. «On nous a juste dit que la mesure vient d’en haut».
Les populations n’en veulent pas seulement aux autorités mauritaniennes. Elles en veulent aussi aux autorités sénégalaises. En effet, alors qu’ils empêchent les Sénégalais de traverser à pirogue pour arriver en Mauritanie, leurs compatriotes viennent chez nous comme ils veulent et sans aucune restriction. «Chaque jour que Dieu fait, des Mauritaniens viennent chez nous pour cultiver leurs champs de riz au village de Saldé», dit un habitant de la localité.
La police mauritanienne patrouille
La police mauritanienne, qui veille au grain depuis que cette mesure est entrée en vigueur, est aux trousses des récalcitrants. Les policiers mauritaniens, en patrouille permanente, ont d’ailleurs pu mettre la main sur deux pirogues au niveau des villages de Diaranguel et de Thinguélel. Ces deux pirogues sénégalaises arraisonnées ont été transférées au village de Mbagne en Mauritanie. Les populations sénégalaises, qui ne veulent plus vivre le même syndrome des fameux événements de 1989, quand le différend entre les deux pays s’était soldé par des morts d’hommes et des pillages de part et d’autre, demandent aux autorités des deux pays que la loi soit appliquée à tous. L’autorité locale, que nous avons tenté de joindre pour en savoir plus, n’a pas décroché son téléphone, qui sonnait dans le vide.
Ousseynou KANE