
La position du Secrétariat exécutif national du Parti socialiste qui a réaffirmé avant-hier, après sa longue réunion, l’ancrage du parti dans le Benno, fait grincer des dents. Le jeune Papis Djigo est l’un des responsables qui ne partagent pas l’avis du Sen. Ce dernier pense qu’il est temps pour les héritiers de Senghor de redéployer leurs ailes pour viser le fauteuil présidentiel. Pour mettre toutes les chances de son côté, le Ps, selon Djigo, doit aller dans le sens de la réunion de la grande famille socialiste, comme l’a voulu feu Tanor Dieng avant son décès. Le jeune socialiste, qui affirme partager le même avis que bon nombre de socialistes avec qui il a entamé des discussions, demande que le parti tende la main à Khalifa Sall pour une collaboration franche lors de cette présidentielle.
Les Echos : en tant que secrétaire aux élections des jeunesses socialistes et membre du Bureau politique, comment appréciez-vous la position de votre parti face à la déclaration du Président Macky Sall ?
Papis Djigo : J’aimerais d’abord magnifier la posture du Président Macky Sall. Dès lors qu’il décide de ne pas aller à cette élection, j’estime que le contrat du Ps avec Benno Bokk Yakaar s’est rompu. A la présidentielle de 2019, déjà, des voix s’étaient élevées pour réclamer une candidature pour le Parti socialiste. Nous faisions partie de ceux qui pensaient qu’il fallait continuer à honorer l’engagement que Tanor avait pris. Nous avons joué notre partition, il est maintenant temps de nous recentrer sur nous. Pour ce qui est de la position du parti, le Secrétariat exécutif national s’est réuni le jeudi pour en débattre ; ce que je déplore d’abord. A mon humble avis, une question aussi sérieuse que celle-là, compte tenu des textes du parti, devait être débattue au sein du Bureau politique ou même renvoyée aux 138 coordinations que compte le parti. Mais cette fois-ci nous avons constaté que les gens font dans la précipitation, oubliant que nous ne devons pas nous baser sur le calendrier des autres. A mon humble avis, le Parti socialiste doit aller dans le sens d’avoir son propre candidat à cette élection, un socialiste. Nous devons tirer des leçons des dernières législatives lors desquelles le Ps s’est retrouvé avec juste six (6) députés.
Quand vous parlez de candidat pour le Ps, vous pensez à qui exactement ?
Il y a plus d’une dizaine de responsables aptes à porter cette candidature. Si nous misons sur une retrouvaille de la famille socialiste, il y a Khalifa Sall qui a déjà déclaré sa candidature.
Barthélemy Dias vous a indirectement tendu la main lors de sa dernière sortie, êtes-vous en train de l’accepter ?
L’appel du maire Barthélemy Dias à la gauche, notamment au Parti socialiste, est à saluer. Tout acte allant dans le sens d’unir, d’apaiser les rapports entre les membres de la famille socialiste est à magnifier. Malgré ce qui s’est passé entre nous, l’une des dernières volontés du secrétaire général Ousmane Tanor Dieng était la réunification de la grande famille socialiste. Il nous revient maintenant de la matérialiser. Il y a bien entendu des préalables pour que cela se fasse. Chacun de nous doit consentir à des sacrifices et concessions pour que l’union des socialistes soit une réalité. Je tiens à noter que je ne suis pas le seul à penser à ces retrouvailles. Nous sommes nombreux à y travailler.
Apparemment, la majorité des responsables veut rester dans le Benno, comment comptez-vous vous y prendre ?
Je ne pense pas qu’on puisse parler de majorité. Beaucoup ont préféré ne pas se prononcer sur la question et ce n’est pas parce qu’ils sont pour l’ancrage du Parti socialiste dans la coalition Benno Bokk Yakaar. Nous avons là une minorité qui veut écraser la majorité. Cette question ne doit pas être débattue par le Secrétariat exécutif national. C’est au Bureau politique d’en décider. Nous devons suivre la procédure normale, comme en 2019. Même si nous ne tournons pas la page Benno Bokk Yakaar, nous pouvons prôner une candidature plurielle au sein de la majorité. Dans tous les cas, le Parti socialiste a sa carte à jouer, nous devons retrouver notre identité socialiste quitte à aller vers des retrouvailles.