La coalition Jotna de Ousmane Sonko a dénoncé le business occasionné par la pandémie du coronavirus et qui profite à des «groupes de politico-affairistes» proches du pouvoir. Outre ces derniers, le Président Macky Sall est également accusé d’avoir profité de cette crise en s’arrogeant tous les pouvoirs et en mettant en quarantaine certaines institutions comme l’Assemblée nationale. Un trop-plein de pouvoirs qui a pour résultat l’improvisation, la lenteur, le pilotage à vue…
La coalition Jotna/Patriotes pour l’alternative, qui avait porté la candidature de Ousmane Sonko lors de la dernière élection présidentielle, s’est réveillée de sa torpeur pour dénoncer les manquements notés dans la gestion de la pandémie du coronavirus. Au premier rang de ces manquements figure le déficit de transparence noté dans les dépenses liées au Covid-19. En effet, ces dépenses, sous le prétexte de l’urgence, de l’avis de la coalition Jotna, donne lieu à ce qu’elle appelle un «coronabusiness» qui profite indument à des groupes politico-affairistes proches du pouvoir. Et au-delà de l’opacité notée dans la passation des marchés et de la lenteur constatée dans l’exécution, les critères de sélection des ménages vulnérables bénéficiaires de l’aide alimentaire d’urgence ont été viciés par des pratiques clientélistes et teintés de népotisme. Ce qui fait dire à la coalition Jotna que l’exigence de transparence risque d’être un vœu pieux avec la mise en place tardive du «Comité de suivi et de mise en œuvre des opérations du Fonds Force Covid-19» qui, relèvent les ‘’patriotes’’, est doté «de compétences ornementales» et composé majoritairement de politiciens membres de la majorité présidentielle et de fonctionnaires liés par leur devoir de réserve et le lien de subordination.
Improvisation, lenteur, pilotage à vue…
Loin de ce cocktail de «personnalités indépendantes et intègres» théorisé par le chef de l’Etat. Pour ‘’Jotna’’, ce comité ne reflète nullement les attentes du peuple échaudé par les scandales du régime. «En réalité, le Président Macky Sall, comme à son habitude, a profité de la crise sanitaire pour s’arroger tous les pouvoirs en mettant en quarantaine l’Assemblée nationale, les collectivités territoriales et les organes de contrôle», relèvent les ‘’patriotes’’ qui estiment que «la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme a pour résultat l’improvisation, la lenteur, le manque de coordination, le pilotage à vue et la faible pédagogie du gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire, sociale et économique engendrée par le coronavirus», martèlent les responsables de ‘’Jotna’’. Ousmane Sonko et Cie en veulent pour preuve la question obligatoire du port des masques, de l’utilisation de l’artemisia et du Covid-organics, entre autres, emblématiques «de cette cacophonie gouvernementale» qui laisse transparaitre des guerres de positionnement entre différents ministères.
Jotna encourage les remèdes locaux
Sur la question de l’utilisation de l’artemisia dans le traitement des malades du Covid-19, la coalition Jotna a encouragé le gouvernement dans cette option d’explorer les remèdes locaux et les savoirs endogènes issus de la médecine traditionnelle. «Nous devons apprendre à compter résolument sur nos propres forces et à faire confiance au génie créateur des peuples africains», plaident les partisans de Ousmane Sonko. Malheureusement, s’indignent-ils, le Sénégal ne dispose toujours pas d’un cadre légal d’exercice de la médecine traditionnelle, malgré l’existence d’un projet de loi dans le circuit d’adoption depuis 2017 et la recommandation de l’Oms appelant tous les pays à élaborer des politiques, des réglementations et des normes nationales dans le cadre d’un système de santé national complet pour promouvoir l’usage approprié, sûr et efficace de la médecine traditionnelle.
Moussa CISS