La pilule du parrainage n’est visiblement toujours pas passée. Et la rencontre soldée en «échec» organisée par le ministre de l’Intérieur en serait la preuve par neuf. Devant la presse, hier, le Front de résistance nationale a dénoncé la loi sur le parrainage avant de revenir sur les tentatives d’élimination des potentiels candidats par le parti au pouvoir.
«Le sabotage des élections a déjà commencé». Ces propos sont du coordonnateur national du Pds. Pour Oumar Sarr, la réunion convoquée par le ministre de l’Intérieur avait juste pour objectif de donner un nombre fictif de candidats pour justifier le parrainage, mais aussi de ficher les vrais coordinateurs nationaux pour essayer de les détourner plus tard.
Pour le porte-parole du jour, l’implication des coordinateurs nationaux aux élections présidentielles est un véritable problème. «Il n’y a jamais eu de coordinateurs nationaux dans des élections au Sénégal. C’est avec ce système que nous avons assisté à cela», laisse-t-il entendre.
Pointant du doigt le ministère de l’Intérieur, Oumar Sarr de dénoncer le refus de l’autorité publique de donner une copie du fichier électoral alors que la loi le permet. «L’Apr a mis depuis plusieurs mois un nouveau fichier électoral à la disposition de ses responsables qui l’ont exploité dans le cadre de la campagne de parrainage qu’ils ont commencé depuis longtemps en toute illégalité», informe-t-il.
Pour Thierno Alassane Sall, si les partis politiques ou les candidats ne disposent pas de fichier électoral électronique, ils courent un risque important en soumettant leurs parrainages. «Il est avéré aujourd’hui, par la seule turpitude du ministre et du gouvernement, que des électeurs qui disposent de leurs cartes d’électeur régulièrement, leur nom ne figure pas sur les fichiers. Et on l’a vu à l’occasion des dernières élections», explique-t-il.
Sur le plan judiciaire, l’opposition a décidé d’attaquer l’arrêté du ministre de l’Intérieur. «Il y a l’illégalité de deux modèles de fiches de collecte du parrainage, alors que la loi parle d’un modèle avec un format électronique et un format sur papier. Il y a également l’absence de la mention signature sur la fiche numérique. Il n’y a pas les mêmes informations sur la fiche numérique et sur la fiche papier», explique Oumar Sarr.
Toujours sur l’arrêté du ministre, Oumar Sarr est revenu sur l’élément nouveau dans les fichiers électoraux. «Au niveau des parrainages, la loi dit qu’on peut mettre le nom, le prénom et la signature. La loi a ajouté que le ministre de l’Intérieur peut ajouter d’autres informations et c’est ce qu’ils ont nommé discriminant. Ce dernier est le numéro de la carte d’identité Cedeao». Et le discriminant avec les dix-sept caractères numériques doit être tapé sans erreur sur papier et sur format électronique, sinon le parrainage est annulé, et pour le coordonnateur national du Pds, le choix de ce discriminant n’est pas fortuit. «C’est fait exprès. En effet, ils nous font taper des données avec une probabilité d’erreurs pouvant annuler le parrainage. Alors qu’eux, ils ont déjà le fichier. De ce fait ils n’auront pas besoin de saisir. Ils l’ont fait pour disqualifier nos parrainages et éliminer les candidats qui les gênent», souligne-t-il.
Aida Mbodj : «le parti au pouvoir est déjà à 3 mois de parrainage»
D’après Aida Mbodj, le parti au pouvoir est aujourd’hui très en avance dans la campagne de parrainage. «Ils sont déjà à trois mois de parrainage. Même les consultations gratuites sont des formes de parrainages puisque les pièces d’identité sont exigées», laisse-t-elle entendre
Pour Oumar Sarr, le Fnr va mener des actions : «Nous programmons un sit-in le 4 septembre dans les locaux du ministère de l’Intérieur pour exiger l’abandon du parrainage, l’accès pour l’opposition au fichier électoral, la mise en place d’une autorité indépendante pour organiser des élections»….
Khadidjatou DIAKHATE (Stagiaire)