L’administration Biden est en guerre contre les Etats qui, comme le Sénégal, refusent de prendre des lois et mesures pour la protection des personnes Lgbtq. Dans le mémorandum que le nouveau président des Etats-Unis a publié il y a quelques jours, il est indiqué que des aides américaines pourront être refusées à des pays à législation anti-Lgbtq, tout comme les dirigeants et fonctionnaires de ces pays pourraient se faire refuser le visa et leurs entreprises des financements américains. Ayant pris le parti des Lgbtq, Biden, dans son mémorandum, ordonne aux ambassades américaines de réserver un traitement privilégié, avec des «visas de réinstallation», aux demandes d’asile des personnes Lgbtq qui souhaitent quitter leur pays pour «échapper à la discrimination et aux menaces».
Il commence mal. Très mal même. Le Président Joe Biden a publié, le 4 février dernier, un mémorandum historique engageant les États-Unis à promouvoir les droits des Lgbtq sur la scène internationale, conformément à ses promesses électorales. Le document axé sur la promotion des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres… dans le monde ordonne aux agences américaines opérant à l'étranger et aux ambassades «de faire en sorte que la diplomatie américaine et l'aide étrangère promeuvent et protègent les droits humains» des personnes précitées. Concrètement, l’administration Biden demande à ces agences américaines de «lutter contre la criminalisation de l'identité ou du comportement Lgbtq, protéger les réfugiés et les demandeurs d'asile Lgbtq, lutter contre les violations des droits de l'homme affectant les personnes Lgbtq et travailler avec des nations partageant les mêmes idées et des organisations internationales pour lutter contre la discrimination» envers les Lgbtq. Ainsi, il est demandé, par exemple, aux ambassades américaines à l’étranger de réserver un traitement privilégié aux Lgbtq, entre autres, en identifiant les cas de demandeurs d'asile qui viennent de la communauté Lgbtq et leur donnent tout ce dont ils ont besoin, notamment des visas de réinstallation au pays de l’Oncle Sam pour «échapper» à la discrimination et aux menaces subies dans leurs pays d’origine. Et il est donné 100 jours aux agences et ambassades pour lui faire un rapport sur les progrès accomplis et les recommandations sur des actions supplémentaires.
Des suspensions d’aides aux Etats qui refusent de prendre des lois et mesures pour protéger les personnes Lgbtq, des refus de visas pour des dirigeants et fonctionnaires desdits Etats…
Décidée à être l’avocat de la cause des Lgbtq, l’équipe Biden prévoit même d’en découdre avec les pays qui ont actuellement des lois criminalisant les relations homosexuelles entre adultes consentants. Des pays qui sont au moins au nombre de 70, selon le Human Rights. En effet, selon le mémorandum, qui n’est certes pas une loi, mais un condensé d’instructions du Président Biden, qui devraient être suivies par son administration, les États-Unis vont utiliser tout ce qui est en leur pouvoir, des sanctions incluses, pour forcer la main ou punir les gouvernements du monde entier qui ne soutiennent pas la communauté Lgbtq. Parmi ses pays, il y a le Sénégal (et d’autres pays africains comme le Nigeria, le Ghana, le Cameroun, le Togo, l’Ouganda, la Sierra Leone, le Liberia, le Kenya, la Guinée), qui punit les actes contre-nature.
Parmi les mesures de rétorsion, les États-Unis prévoient de «bloquer l'aide aux gouvernements qui ne soutiennent pas les Lgbtq». Des pays comme le Sénégal qui dépendent dans une grande mesure de cette aide pourraient en pâtir. De même, certaines relations commerciales entre sociétés et institutions américaines et celles des pays visées pourraient être rompues. Par exemple, des Pme et Pmi qui profitaient de l’appui de l’Usaid pourraient le perdre. Pire, des sanctions, comme le refus de délivrance d’un visa, pourraient être infligées à des dirigeants et fonctionnaires (des ministères) des pays qui refusent de prendre des lois et mesures pour protéger les personnes Lgbtq.
Mbaye THIANDOUM