Enfin la grande coalition de l’opposition annoncée depuis quelques jours est actée. C’est hier que les responsables fondateurs de la coalition se sont donné rendez-vous pour officialiser «Yewwi Askan Wi». 21 partis et mouvements politiques ont acté leur adhésion. Une cérémonie qui a vu la lecture de deux documents : la résolution et la charte.
C’est Moussa Tine qui a ouvert le bal des discours. L’homme politique est revenu sur le rôle joué par son mentor, Khalifa Ababacar Sall et Ousmane Sonko de Pastef dans la mise en place de cette grande coalition de l’opposition. Selon lui «c’est depuis neuf mois que les tractations ont démarré. Khalifa Ababacar Sall a fait le tour de tous les leaders de l’opposition sans exception pour leur présenter le projet d’unifier toute l’opposition dans un seul bloc pour faire face au régime de Macky Sall. A partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus de Aïda Mbodji, Khalifa Sall ou Ousmane Sonko, ni de Bougane Guèye Dani… on va former un bloc pour le Sénégal. Les déboires judiciaires d’Ousmane Sonko et Khalifa Sall, ce n’est pas notre problème. C’est parce que n’avons jamais eu dans l’histoire du Sénégal un gouvernement aussi cynique et aussi méchant. Nous ne sommes pas dans des calculs politiciens. Khalifa Sall s’est rendu chez tous les responsables de l’opposition sur la charte de la coalition. Nous étions tous représentés, le Pds 5 membres, Taxawu Senegaal 5, Pur 5 et Pastef 5. Il était écrit, pour des commodités de négociations, que nous avons restreint le nombre, mais la coalition était ouverte à tous les partis et mouvements de l’opposition du Sénégal», explique-t-il en reconnaissant qu’«il y aura des difficultés lors du positionnement des hommes dans les différentes têtes de listes. Il y en aura partout. Il y aura des chocs d’ambitions entre différents responsables de partis ou mouvements différents. Mais nous avons le défi d’y arriver… ce qui nous importe, c’est faire un bloc, pas deux coalitions ou trois coalitions pour faire face à Macky Sall» tient-il à préciser.
«La cohabitation est impossible au Sénégal depuis 2016. Car, il n’y a plus de motion de censure, pas de question de confiance. Par contre, si on arrive à être majoritaire à l’Assemblée nationale, il y aura une gouvernance concertée. Toutes les questions qui nous concernent seront mises sur la table pour être discutées. Personne ne reportera les élections législatives et ça, seule la coalition peut y arriver», précise Moussa Tine.
Ngoné Salikh Diop a été ensuite au pupitre pour lire la charte que les membres de la coalition ont signée.
La résolution «Yewwi Askan Wi»
«Nous partis politiques et mouvements membres de la coalition Yewwi Askan Wi, félicitons chaleureusement les acteurs de cette importante initiative pour leur contribution inestimable à la cause de notre démocratie et pour leur engagement en faveur d’une opposition plus forte et plus humaine (…). S’il est vrai que la décision de former ou d’adhérer à une coalition relève de l’entière souveraineté des organisations politiques, certains moments cruciaux comme ceux que traverse notre pays ne laissent pas d’autre choix aux responsables que de fédérer les forces pour abréger les souffrances du peuple. (…)
Les idées fortes de la charte : liste unique aux Territoriales, liste unique aux Législatives et soutien du candidat le mieux qualifié pour le second tour de la Présidentielle 2024
«(…) Nous prenons l’engagement solennel devant le peuple sénégalais de mettre en place cette coalition de l’opposition en perspective des locales du 23 janvier prochain, des législatives de juillet 2022 et de la présidentielle de 2024. Pour les élections locales, de présenter une liste unique dans chaque commune, ville et département du Sénégal, de mettre tout en œuvre pour remporter ces élections locales. Pour les législatives, de poursuivre la dynamique unitaire afin de redorer l’image de l’Assemblée nationale en restaurant ses véritables fonctions, de restaurer l’Etat de droit et les libertés démocratiques en abrogeant toutes les lois liberticides antidémocratiques visant à confisquer la volonté populaire, de présenter et de voter des propositions de loi restaurant et garantissant l’ouverture démocratique en permettant à tous les leaders politiques de jouir de leurs droits civiques et politiques arbitrairement confisqués par le pouvoir en place.
Pour la présidentielle, de poursuivre cette collaboration et pour la supervision de l’ensemble du processus électoral et par l’engagement de soutenir le candidat du parti ou mouvement membre de la coalition qui serait qualifié pour le second tour sous réserve de l’élaboration préalable du programme commun. De s’abstenir de toute compromission politique avec le régime de Macky Sall.»
Baye Modou SARR