Le nouveau programme économique et financier du Fmi permettra au Sénégal de décaisser 129 milliards au niveau de la première facilité (Fec et Mec) et 40 milliards au niveau de la seconde facilité (Frd) liée au changement climatique, soit 169 milliards francs si le Fmi approuve ces deux programmes en mi-décembre.
Si la Direction du Fonds monétaire international (Fmi) approuve le 14 décembre prochain la première revue du nouveau programme économique et financier soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (Mec), la Facilité élargie de crédit (Fec) et la Facilité de résilience et de durabilité (Frd) conclu avec les autorités du Sénégal au terme d’une mission du 12 au 24 octobre, le Sénégal aura accès à 166 milliards francs Cfa, soit 126 milliards au niveau de la première facilité (Fec et Mec) et 40 milliards au niveau de la seconde facilité (Frd) liée au changement climatique. Face à la presse, le chef de mission du Fmi, Edward Gemayel est revenu sur la situation et les perspectives économiques du Sénégal. «L’économie sénégalaise n’a pas encore repris son rythme d’avant la pandémie. Plusieurs forces externes continuent de freiner la pleine reprise de l’activité économique : il s’agit de la Covid-19, de la guerre russo-ukrainienne, l’augmentation des prix du pétrole et des produits alimentaires et récemment la crise au Moyen-Orient. Au niveau interne, la reprise a été freinée par les tensions socio-politiques au premier semestre de cette année, en plus du retard au niveau de la production des hydrocarbures attendue à la seconde moitié de 2024», explique d’emblée le chef de mission. Pour ces raisons, en 2023, la croissance a été revue à la baisse passant de 5,3% à 4,1%. De même que l’inflation qui a été revue à la hausse passant de 3,1% à 6,5%. En 2024 aussi, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse. De 10,6%, la croissance va passer à 8,3%. L’inflation attendue de 2% va atteindre 3,9% du Pib en 2024. Par contre, de l’avis de Gemayel, le compte courant au niveau de la balance des paiements va enregistrer une baisse significative de 14,5% du Pib cette année à 8% en 2024 ; principalement à cause des importations liées aux investissements dans le secteur des hydrocarbures qui vont baisser de façon assez significative.
Atteindre un déficit budgétaire de 3% en 2025
Cependant, par rapport à l’Afrique subsaharienne, explique le chef de mission du Fmi, le Sénégal obtient le meilleur taux de croissance. En 2023, le Sénégal est à 4,1% alors que la moyenne pour l’Afrique subsaharienne est de 3,3%. En 2024, le Sénégal sera à 8,3% contre une moyenne de 4% pour les pays de l’Afrique au sud du Sahara. En ce qui concerne la politique budgétaire, Edward Gemayel précise que le gouvernement s’est engagé à baisser de façon graduelle les déficits budgétaires : de 6,6% du Pib en 2022 à 3% du Pib en 2025. Pour cette année, dit-il, le gouvernement s’est engagé à atteindre l’objectif 4,9% de déficit budgétaire. «L’accord qu’on a avec le Fmi sur le projet de Lfi 2024 déposé au parlement et qui sera examiné à compter de jeudi prochain est de l’ordre 7003,5 milliards de francs avec un déficit budgétaire de l’ordre de 3,9%. Ce déficit est passé de 6% en 2022 à 4,9% en 2023 et serait de 3,9% en 2024 pour atteindre 3% en 2025», précise le ministre des Finances et du Budget. Poursuivant, il révèle que le projet de Lfi table sur une augmentation des recettes jusqu’à 19,5% du Pib avec l’idée d’aboutir à 20% en termes de recettes fiscales d’ici 2025. Selon le Fmi, les critères de performance du programme ont été globalement atteints (le ratio des dépenses sociales par rapport au budget, le plancher des recettes fiscales qui a été dépassé) ; à l’exception du plafond d’endettement qui sera dépassé à cause du surfinancement.
M. CISS
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AVEC UNE DETTE QUI CULMINE A 72,2% EN 2023
Mamadou Moustapha Ba parle de surfinancement et non de surendettement
Face à l’accès difficile des marchés financiers en début d’année marquée au Sénégal par l’élection présidentielle, le Sénégal, en accord avec le Fmi, a décidé d’emprunter plus cette année pour financer le service de sa dette. Cependant, aussi bien pour le Fmi que le ministre des Finances et du Budget, ce surfinancement n’est pas synonyme de surendettement, même si la dette va atteindre, cette année, pour le gouvernement central, 72,2% du Pib.
Aussi bien le Sénégal que le Fmi sont d’avis que l’accès aux marchés financiers en début de gestion est difficile, compte tenu des impératifs électoraux en février 2024 au Sénégal et le resserrement des conditions de financement à l’international. C’est pour cette raison que le Sénégal, en accord avec le Fmi, a décidé de mobiliser d’ores et déjà ses financements qui seront reportés en 2024 afin de pouvoir faire face au service de la dette durant les quatre premiers mois de 2024 qui s’élève à 604,8 milliards. Selon Mamadou Moustapha Ba, il s’agit, par cette démarche, d’un surfinancement. «Le surfinancement n’a rien à voir avec la question du surendettement. Ce surfinancement ne permet pas de parler de surendettement», dit-il. Non sans rappeler que le Sénégal est dans la catégorie des pays à risque de surendettement modéré.
Même son de cloche chez le chef de mission du Fmi. «Sur les 605 milliards de francs qui constituent le montant du service de la dette durant les quatre premiers mois de l’année, on s’est mis d’accord que ce serait judicieux d’emprunter ce montant en 2023. L’effet neutre sur les deux ans est un effet neutre sur le niveau neutre de la dette. En d’autres termes, le niveau de la dette à fin 2024 est le même, avec ou sans le surfinancement. C’est une question de s’endetter plus cette année et moins l’année prochaine», explique Edward Gemayel. Poursuivant, le chef de mission du Fmi est d’avis que les perspectives de la dette sont toujours bonnes et restent inchangées. «La dette du Sénégal est toujours soutenable et va atteindre à la fin de cette année pour le gouvernement central 72,2% du Pib. Si on exclut ce surfinancement, elle sera de 69,2% du Pib. Par contre, l’année prochaine cette dette va baisser à 65,6% du Pib ; donc, elle va avoir une tendance baissière», ajoute M. Gemayel. «La dette du Sénégal au titre de 2023 ressortirait à 72,2% incluant le surfinancement des quatre premiers mois de 2024. En excluant ce surfinancement qui est ponctuel, la dette du Sénégal reste en deçà de 70% de la norme communautaire et ressortirait à 69,2%», précise Moustapha Ba.
Suppression progressive des subventions
S’agissant des subventions, le ministre des Finances et du Budget fait état de suppression progressive. «On était à 4,4% du Pib de subventions dans le secteur de l’énergie en 2022, soit 750 milliards. On est à quasiment 2,9% du Pib en 2023, soit 556 milliards or la Lfi avait prévu 450 milliards. Et l’année prochaine, nous réduirons les subventions au profit de l’investissement. Le budget d’investissement sur ressources internes pour 2024 aura augmenté exceptionnellement de 250 milliards. La subvention sera réduite au profit de l’investissement qui aura augmenté de l’ordre de 250 milliards», souligne Moustapha Ba. «L’idée n’est pas juste de réduire les subventions et laisser la partie vulnérable de la population en payer le prix, mais c’est d’augmenter les transferts directs à ces couches vulnérables afin de compenser ces subventions. L’idée, c’est de baisser graduellement les subventions d’ici 2025», renchérit le chef de mission du Fmi. En ce qui concerne la Senelec, Mamadou Moustapha Ba rappelle que sur les 2,2 millions clients, 1,1 million de clients, soit 48% de la clientèle qui sont dans la tranche sociale ne sont pas concernés par la hausse. Par contre, dit-il, les 52% qui consomment plus de 150 KW sont concernés par la hausse. Pour autant, il révèle que cette tranche de la clientèle continue de bénéficier d’une subvention qui est passée de 36% à 20%. En outre, le chef de mission du Fmi a annoncé un plan de restructuration de la Poste et les discussions, dit-il, sont en cours avec les autorités.
M. CISS