Paralyser de nouveau le système judiciaire les jours à venir, c’est ce que compte faire le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust). Me Ayé Boun Malick Diop et ses confrères persistent toujours à déplorer la non-satisfaction de leurs revendications sur l’augmentation de leur salaire, sur l’indemnité de judicature, entres autres points. Aussi, ils ont pointé du doigt le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, accusé d’avoir freiné l’exécution de ce protocole que le Président Macky Sall avait approuvé.
A la suite de leur longue grève du mois d’octobre dernier, qui avait paralysé le système judiciaire, le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) veut remettre ça. Pour non satisfaction de leurs revendications, le secrétaire général du Sytjust, Me Ayé Boun Malick Diop et ses collègues envisagent une grève dans les prochains jours, si rien n’est fait pour régler leurs problèmes. «A partir de demain (aujourd’hui), il n’y aura plus de délivrance d’actes judiciaires ou d’actes administratifs au niveau des juridictions. Tous les lundis, nous ferons des sit in. Le 12 décembre prochain, nous ferons une marche. Et au terme de ce plan d’action, nous allons entamer une grève dès le 27 décembre. Donc, sachez qu’il y aura un dysfonctionnement terrible avant même que nous arrivions à la grève. Nous allons même refuser de délivrer ou de signer les actes. Nous serons présents, mais le service judiciaire sera paralysé», avertit le secrétaire général.
«Un seul responsable, un seul fautif : Ismaïla Madior Fall»
Les travailleurs de la justice en sont arrivés à cette extrémité à cause de leur situation «précaire», causée par le ministre de la Justice «Nous dénonçons le comportement cavalier, rocambolesque du ministre Ismaïla Madior Fall qui, en réalité, est la cause de tous notre désarroi et de nos difficultés. Parce que nous avons été reçus par le président de la République, qui s’était engagé à satisfaire toutes nos doléances et avait donné instruction au ministre de la Justice et au ministre du Budget de préparer le terrain pour satisfaire nos doléances. Mais, depuis lors, nous avons constaté que le ministre de la Justice ne pose que des actes allant dans le sens de réduire à néant les engagements et les promesses que le président de la République avait faites aux travailleurs de la justice. Ceci veut dire qu’aujourd’hui, s’il y a eu crise, il y a un seul responsable, un seul fautif qui est Ismaïla Madior Fall, le ministre de la Justice», assène-t-il.
Selon toujours Me Diop, le garde des Sceaux est en train de leur causer du tort. «Nous sommes peinés, surpris et éberlués du fait que notre ministre de tutelle, qui devait être notre avocat auprès du gouvernement, est en train de livrer une bataille sournoise contre les intérêts des travailleurs de la justice», s’est-il indigné.
Pour rappel, le protocole d’accord qui a été scellé entre le Sytjust et le gouvernement portait sur l’augmentation du salaire des travailleurs. Ceci, pour ceux qui ont droit aux indemnités de judicature. Quant aux autres qui n’y ont pas droit, on devait leur octroyer une prime d’assistance à la judicature.
Leurs fonds communs ayant connu une dégringolade inédite, le Sytjust en sit-in hier au Palais de justice
Au moment où ses autres confrères du Sytjust tenaient un point de presse au niveau du siège de l’Unsas, Me Papa Mor Mbaye et d’autres greffiers étaient en sit-in, hier, devant le palais de justice de Dakar, pour eux aussi demander au gouvernement de respecter le protocole d’engagement qu’il avait signé avec eux sur l’augmentation de leurs salaires et autres. A en croire Me Papa Mor Mbaye, greffier à la Cour d’appel de Dakar, ils ont tenu ce sit-in pour manifester leur mécontentement, suite aux agissements peu orthodoxes du gouvernement. «Il n’est pas besoin de rappeler que depuis un an, le Sytjust est en grève. Et en marge de celui-ci, le président de la République avait reçu le Bureau exécutif national (Ben) et avait pris des engagements fermes allant dans le sens de l’amélioration des conditions des travailleurs de la justice. Sur ces entrefaites, nous avions décidé de reprendre le travail, mais, depuis ce jour, aucun engagement n’a été respecté. Ce qui traduit une frustration la plus totale», fait savoir Me Mbaye.
Qui déplore la réduction de leurs salaires à l’issue de la grève d’octobre dernier. «Au contraire, nous constatons des actions que nous considérons comme de pures provocations. Le mois dernier, nos fonds communs ont connu une dégringolade inédite, car nous avons été délestés de plus de la moitié. Nous ne nous sommes pas remis de ce coup et ils enchainent avec un non-respect des accords déjà signés par le gouvernement, et selon son propre échéancier. On peut tout nous faire, mais nous n’accepterons jamais qu’on nous prenne notre dignité», martèle le greffier, qui met en garde : «nous n’excluons pas de durcir le ton, si l’autorité campe sur sa position. Nous alertons l’opinion et tous les acteurs de la justice ainsi que les justiciables qui seront les premiers impactés, que tout ce qui arrivera de la seule faute de l’Etat», peste-t-il.
Fatou D. DIONE