Quand le Président Macky Sall a appelé au dialogue, au lendemain de la présidentielle de 2019, certains acteurs de l’opposition y ont répondu malgré leurs appréhensions. Mais d’autres, brandissant l’argument de la duperie, ont tout simplement décliné l’invite du chef de l’Etat. Et deux ans après, le deuxième groupe semble avoir eu raison, avec la présentation d’un projet de loi portant code électoral qui délaisse les points les plus essentiels posés par ces derniers Déçues de l’attitude du Président Macky Sall, toutes les composantes de l’opposition ont décidé de se liguer pour déclarer la guerre au Président Sall.
Les incessants appels des uns et des autres pour une union forte de l’opposition ont-ils commencé à porter leurs fruits ? Pour marquer leur désaccord face à la démarche du chef de l’Etat par rapport au changement du code électoral, toutes les coalitions et organisations qui composent l’opposition sénégalaise ont pris la décision se serrer les coudes pour faire face à Macky Sall. Ainsi, le Frn, le Crd, le M2D, la coalition Jotna, les députés de l’opposition ainsi que des leaders d’organisations de la société civile ont tenu un conclave hier pour officialiser leur engagement commun à répondre à l’appel à la confrontation du Président Macky Sall. «Le président de la République avait solennellement déclaré, au lendemain de l’élection présidentielle de 2019 qu’il avait cessé le ‘’njuuc njaac’’. Il a appelé à un dialogue ; en responsables et en patriotes, les leaders de l’opposition ont accepté pour l’essentiel d’aller participer à ce dialogue», rappellent-ils.
«En décidant de poursuivre ses manœuvres politiciennes, le président vient de fermer les portes du dialogue»
Ce dialogue a duré pratiquement 2 ans, renseigne leur porte-parole, a mobilisé l’opinion et la communauté internationale a contribué à son financement. Près de 500 millions ont été dépensés pour ce dialogue qui, finalement, n’a rien donné de progressiste dans le sens d’organiser au Sénégal des élections intègres, libres transparentes et démocratiques.
Poursuivant, ils estiment que le Sénégal a perdu deux ans et ce n’est pas tout, parce que dans cette campagne de dialogue national pour des retrouvailles, pour que les Sénégalais trouvent eux-mêmes des solutions aux problèmes politiques du pays et aux questions électorales, le Président avait sollicité les chefs religieux et coutumiers dans un élan de responsabilité. Chacun a fait ce qu’il devait faire pour que l’on arrive à des conclusions autour desquelles tout le monde se retrouverait.
«Nous avons décidé de faire face et d’engager la lutte dans un élan unitaire et solidaire»
Mais le Président a manifestement saboté ce travail qu’il a lui-même commandité. «En décidant de poursuivre ses manœuvres politiciennes, le président de la République vient de fermer les portes du dialogue. Et quand on ferme les portes du dialogue, on ouvre en même temps celles de la confrontation», prédisent-ils avant d’appeler leurs militants à se tenir prêts pour le combat. «Nous qui sommes réunis ici, nous avons décidé de faire face et d’engager la lutte dans un élan unitaire et solidaire. Nous demandons par conséquent à nos sympathisants, militants et toutes les forces vives de la nation qui sont éprises de justice et de démocratie à se tenir prêts et à rester à l’écoute des leaders : très prochainement, les mots d’ordre seront annoncés», concluent-ils.
Selon Thierno Alassane Sall, avant de déclencher les hostilités, ils iront rencontrer les chefs religieux et coutumiers d’abord, pour leur expliquer la dangerosité de ces décisions du Président Macky Sall. Et puisque le projet de loi doit passer ce matin devant l’Assemblée nationale, les leaders ont invité les députés de l’opposition à continuer le combat avec hargne pour donner le ton.
Ndèye Khady DIOUF