Ils étaient deux anciens magistrats à prêter hier serment à la salle 5 du Tribunal de grande instance de Dakar pour épouser la fonction d'avocat. Toutefois, lors de cette cérémonie qui s'est déroulée devant la chambre civile de la Cour d'appel de Dakar, le secrétaire général de l'Ordre des avocats, Me Ibrahima Ndièguène, leur a rappelé le sacerdoce qui les attendait dans l'exercice de cette fonction. Me Ndièguène qui a salué le parcours des deux nouveaux collègues a tenu à rappeler qu’ils ne sont pas des récalcitrants qui se sont reconvertis dans le barreau.
Le barreau s’enrichit. Djiby Seydi et d’Amadou Dionwar Soumaré, magistrats démissionnaires, après 6 mois de stage, ont prêté serment, hier, à la salle 5 du temple de Thémis. Étant désormais des avocats, ils vont exercer pleinement leur fonction. Au cours de cette cérémonie, le Procureur général n'a pas manqué d'encourager et de prodiguer des conseils à ces robes noires qui viennent d'embrasser ce métier. «Après 15 ans de loyaux services, ils ont décidé volontairement d'embrasser la profession d'avocat. Dans la famille judiciaire, on y entre comme en religion. C'est-à-dire avec foi, passion et patriotisme. L'avocat est un expert du droit qui doit bien gérer son image. Il doit se montrer à la hauteur de sa fonction sociale. Et cela requiert la sagesse», leur a prodigué le Parquet général.
Me Ibrahima Ndièguène : «nos nouveaux collègues ne sont pas des «récalcitrants» qui ont quitté la magistrature pour rejoindre le barreau»
À son tour, le secrétaire général de l'Ordre des avocats, Me Ibrahima Ndièguène a clairement signifié à l'opinion que ses nouveaux collègues ne sont pas des «récalcitrants» qui ont quitté la magistrature pour rejoindre le barreau. «L'avocat ne doit pas avoir une conduite indigne. Un avocat doit être digne. Être avocat, c'est être digne. C'est à la suite de bons et loyaux services que Djiby Seydi et Amadou Dionwar ont quitté la magistrature. On a reçu un témoignage éloquent lorsque nous avons eu leurs dossiers. Djiby Seydi et Amadou Dionwar viennent avec la bénédiction de la juridiction. Nous ne recevons pas en notre sein des récalcitrants», a indiqué la robe noire.
Me Ndieguene d’embrayer sur les qualités que l'avocat doit avoir en bandoulière dans l'exercice de sa profession. «Pour être indépendant, il faut un certain nombre de principes à garder, une certaine résistance aux multiples pressions. C'est pourquoi on dit qu'être avocat, c'est être dans un état. Nous ne distinguons pas l'avocat au palais et l'avocat dans la société. Pour être avocat, il faut être un homme d'honneur et c'est à la suite de ce stage de 6 mois qu'ils ont été jugés aptes à prêter serment pour exercer. Nous les accueillons comme des confrères et nous les encourageons, parce que chez nous, c'est une famille. Ils seront bien accueillis et ils le sont déjà. Étant magistrats, ils sont toujours dans le navire, mais ils changent juste de place», a-t-il indiqué.
Le président de la chambre : «Quel esprit malicieux vous a qualifiés de magistrats récalcitrants ! Vous êtes loin d'être des magistrats récalcitrants !»
Prenant la parole en dernier, le président de la chambre s'est indigné du fait qu'ils soient qualifiés de «récalcitrants». «Quel esprit malicieux vous a qualifiés de magistrats récalcitrants ! Vous êtes loin d'être des magistrats récalcitrants !» Avant de poursuivre sur l'importance du serment. «Permettez-moi de vous rappeler que ce serment est un acte grave qui tire sa gravité en l'honneur et de la personne qu'il engage. Donc rappelez-vous qu'en tout état de cause vous êtes appelés à exercer votre serment avec honneur, dans le secret professionnel et la loyauté....»
Fatou D. DIONE