Mes Ciré Clédor Ly et El Hadji Diouf ont tenu une conférence de presse, hier, pour dénoncer la violation des droits de leurs clients, en l’occurrence Assane Diouf et Cheikh Gadiaga. Les robes noires n’ont pas été tendres avec le procureur de la République qu’ils pointent du doigt. Ils ont farouchement déversé leur colère sur le chef du Parquet qui, selon eux, a maintenu arbitrairement leurs clients en prison. Assane Diouf, selon Me Ly, «a un problème avec un vengeur et non avec la justice».
Parce que leur client est détenu depuis près d’un an en prison pour le délit de diffusion de fausses nouvelles et non pour des propos outranciers et désobligeants à l’endroit du chef de l’Etat et de plusieurs personnalités du pays, les avocats de l’insulteur public Assane Diouf et de Cheikh Mbacké Gadiaga, Mes Ciré Clédor Ly et El Hadji Diouf accusent le Procureur de détention arbitraire et ne comptent pas lâcher prise tant qu’il n’aura pas libéré leurs clients. Hier, en conférence de presse, Me Ciré Clédor Ly n’a pas manqué de fusiller Serigne Bassirou Guèye. A l’en croire, au-delà des détenus Assane Diouf et Cheikh Mbacké Gadiaga, tous ceux qui se trouvent sur le territoire national sénégalais sont de «potentielles victimes» du parquet de la République qui multiplie les arrestations et se trouve responsable de toutes les longues détentions et de l’engorgement des prisons.
Selon la robe noire, le ministère public abuse des qualifications des faits, rien que pour faire obstacle à la liberté provisoire des personnes mises en cause à tort ou à raison. L’avocat d’ajouter que «depuis que le nouveau maître du parquet s’est installé, les emprisonnements pour les délits d’opinion ont multiplié, violant les droits des gens». Car, dit-il, «le premier droit d’un mis en cause est de n’être poursuivi que pour les faits commis et qualifiés loyalement, sans abus».
Me Ly : «Le Procureur s’est assis sur la procédure et refuse de faire comparaître Assane Diouf»
Selon toujours la robe noire, le parquet de Dakar a sapé les fondements de la justice, en introvertissant les principes et les exceptions en matière de poursuites et de détentions. Ce qui porte, selon lui, une atteinte au droit de tout un chacun, à la présomption d’innocence, au droit de comparaitre dans de brefs délais devant un juge et celui d’être jugé dans les délais raisonnables ou être libéré. Ainsi, Me Ciré Clédor Ly de s’indigner : «depuis le 16 avril 2018, date de renvoi d’Assane Diouf devant la juridiction de jugement, le parquet s’est assis sur la procédure et refuse de le faire comparaitre devant un juge. Ce qui conforte notre avis et notre analyse, selon laquelle le citoyen Assane Diouf a un problème avec un vengeur et non avec la justice». Très en colère, Me Ly de renchérir : «l’opinion publique doit être informée que Assane Diouf subit présentement une véritable détention arbitraire».
Me Ciré Clédor Ly : «Assane Diouf a été laissé 33 jours en prison alors que sa jambe était fracturée»
Pour le cas de Cheikh Mbacké Gadiaga Me Ciré Clédor estime qu’il est victime d’une injustice. A l’en croire, le Procureur général a été alerté, mais ce dernier semble avoir peu ou pas de pouvoir pour obliger son cadet au respect de la loi. Revenant sur le cas d’Assane Diouf, il explique : «Assane Diouf a été maltraité à la prison. Sa jambe a été fracturée par des gardes pénitentiaires qui restent à ce jour impuni. Après ses graves blessures, il avait été ignoré 33 jours durant dans sa souffrance, avant que ne commence son traitement. Il est jeté dans une cellule isolée dans laquelle il frise la folie, sous prétexte de protection de sa personne».
Me Ly de s’indigner : «Laisse-t-on pourrir 33 jours durant une jambe cassée lorsqu’on est soucieux de la santé et de la sécurité de la victime ?». Déjà, sur la qualification des faits, selon lui, le procureur de la République a «abusivement qualifié les faits», en visant grossièrement le délit de diffusion de fausses nouvelles, «rien que pour faire échec à toute possibilité de liberté provisoire». Pour des faits simples, souligne-t-il, l’instruction a ainsi trainé cinq mois, alors que la procédure de flagrant délit était la plus appropriée, puisque Assane Diouf avait assumé ses propos.
Me El Hadji Diouf : «ce sont les juges qui jettent le discrédit sur la justice»
Dans le même sillage, son confrère Me El Hadji Diouf soutient que cette inculpation entre dans le cadre d’une «ambition de liquidation» d’Assane Diouf. «Aucune plainte n’est déposée contre lui. C’est un dossier où il n’y a aucune partie civile. Tout a été clair. Assane a toujours assumé ses propos, car il n’a commis aucun délit», se plaint l’avocat. Selon lui, on a voulu faire croire aux Sénégalais et particulièrement à la communauté mouride qu’Assane a manqué de respect à leur porte-parole. A en croire Me Diouf, le porte-parole du Khalife des Mourides avait dit qu’il n’entendait pas porter plainte. «Il n’a rien à reprocher à Assane Diouf. Il aurait pu être jugé et libéré trois jours après son arrestation. Mais, on l’a envoyé devant le juge pour lui pourrir la vie», a-t-il fulminé. «Ce sont les juges qui jettent le discrédit sur la justice. Et ces juges devraient être arrêtés en ce moment si on doit sanctionner. Parce qu’un juge qui viole la loi commet le délit de forfaiture. Ce juge mérite d’être arrêté et envoyé en prison. Mais on le pense et on le dit pour terroriser les Sénégalais en disant qu’il ne faut pas jeter un discrédit sur la justice, comme si cette dernière était au-dessus de la loi», peste Me El Hadji Diouf.
Fatou D. DIONE