La protestation contre les manquements sur l’autoroute à péage a atteint son paroxysme, avant-hier samedi, avec la cérémonie de prières et de recueillement au sein de l’infrastructure routière. Cette cérémonie qui a vu la participation de plusieurs dizaines de personnes a été dispersée par des éléments de la gendarmerie nationale qui ont procédé à de brèves interpellations parmi les manifestants.
L’Espagne a connu son «mouvement des indignés», le Sénégal est peut-être en train de connaitre son mouvement des scandalisés. Et comme si l’histoire était en passe de se répéter à 3976 kilomètres de Madrid, c’est 7 ans, jour pour jour, après l’indignation des Espagnols (12 mai 2011) que les Sénégalais ont décidé de se faire entendre sur un sujet qui a indigné et continue d’indigner plus d’un : l’autoroute à péage, gérée par l’entreprise française Senac SA. Autre point commun entre les deux dates, le rôle important joué par les réseaux sociaux.
En tout état de cause, épéter à tait passe de se repetté t des scandalisés. gendaremie nationale la cérémonie de prières et de recueillement au lieu précis où le chanteur membre du groupe Gélongal, Papis Mballo, a eu l’accident qui lui a coûté la vie, a eu lieu samedi sur l'autoroute à péage, à hauteur de Toglou. Initiée par le Collectif citoyen contre les abus de l'autoroute à péage, la commémoration en effet une activité de protestation drapée d’un voile religieux a vu la participation d’une vingtaine de véhicules. Le rendez-vous fixé au niveau des Maristes, d’où le départ a été pris pour rallier le lieu de la célébration.
Armés de drapelets aux couleurs du Sénégal, leurs voitures décorées de morceaux de tissu rouge, les activistes ont tranquillement roulé en convoi jusqu’au niveau de la première gare de péage. Là, des gendarmes déployés pour l’occasion s’attelaient à relever les numéros des plaques des voitures. Des informations qu’ils transmettaient visiblement par téléphone. Au niveau de ce premier «barrage», sept véhicules du convoi ont été stoppés après un contrôle sur des pièces d’identité des passagers. Parmi ceux-ci, celui de Simon du mouvement Y’en a marre ainsi que celui du rappeur Duggy Tee.
De brèves interpellations
Le reste du convoi continue tout de même le parcours et parvient à rallier le lieu de la commémoration. Sur place, des séances de prières à la mémoire de Papis Gélongal et de toutes les victimes de l’autoroute ont été faites. Formant un demi-cercle, les participants étaient en train de se recueillir quand des véhicules de la gendarmerie arrivent sur les lieux. Les pandores tenteront aussitôt de mettre un terme à l’activité. Ils effectueront d’ailleurs de brèves interpellations. Après quelques moments de négociation, les personnes arrêtées ont été relaxées et le convoi a pris le chemin du retour. Mais avant, les organisateurs avaient pris le soin de lancer leur message. «Les conditions dans lesquelles cette autoroute a été construite, les conditions de gestion et d’exploitation de cette autoroute sont telles que c’est devenu aujourd’hui une sorte d’hécatombe. Nous sommes en train de perdre beaucoup de vies innocentes et cela n’est pas acceptable. Nous sommes ici pour dire notre indignation et notre mécontentement et pour dire aux autorités que quoi qu’on puisse faire et dire, il est temps de sécuriser l’autoroute», a soutenu Cheikh Tidiane Dièye, qui promet de revenir très bientôt avec la deuxième phase de leur plan d’action. «Nous reviendrons sur le montage, sur la prévarication, sur la prédation, sur tous les scandales financiers qui ont entouré la construction de cette autoroute», annonce le politicien et activiste qui assure que ça ne fait que commencer.
Opération «Escargot»
Sur le chemin du retour, la stratégie des manifestants était on ne peut plus claire. D’un accord commun, ils ont réalisé une opération «Escargot» et provoqué un ralentissement important de la circulation. L'objectif était aussi très clair : attirer l'attention des autorités ainsi que les dirigeants de la société d’exploitation de l’autoroute sur la revendication. Signalons qu’outre Cheikhou Oumar Sy qui est le coordonnateur du collectif, la militante politique et féministe et épouse de l’ancien ministre Landing Savané, Marie Angélique Savané, l’activiste Guy Marius ou encore le journaliste Cheikh Yérim Seck ont pris part à la manifestation.
Sidy Djimby NDAO