Les inondationsont poussé l’Assemblée nationale à investir une mission d’information pour s’imprégner de la gestion du Plan décennal de lutte contre les inondations. Mais apparemment, ce sont les députés membres de la mission qui se sont enrichi. Selon nos sources, chacun des 15 membres de la commission a reçu 1 million 200 représentant ses‘’frais de mission’’. Et malgré cette manne qui aurait pu servir à soulager les populations encore sous les eux, le délai imparti pour le bouclage des travaux, le 31 octobre, n'a pas été respecté. A ce jour, aucun rapport n’a été déposé sur la table du président de l’Assemblée nationale, comme annoncé.
C’est le 15 septembre dernier que l’Assemblée nationale avait sorti un communiqué pour annoncer la mise en place d’une mission d’information sur la gestion des inondations. Beaucoup de voix s’étaient alors élevées pour marquer leur désapprobation par rapport à la procédure choisie par les parlementaires pour évaluer le plan décennal. Pour ces derniers, une commissiond’enquête parlementaire aurait été plus pertinente.Quinze (15) députés dont 10 de la majorité, 3 de l’opposition et 2 des non-inscrits ont été choisis pour mener les auditions des ministres et autresresponsables en charge de l’exécution du Plan décennal de lutte contre les inondations.Après l’installation du bureau, la mission d’information a débuté ses travaux et un délai de 6 semaines leur était imparti pour boucler les travaux. Mais, il se trouve que le rapport qui devait être déposé sur la table du président de la République, au plus tard le 31 octobre,avec les conclusions et les recommandations appropriées n’est toujours pas tombé.
«L'Onas constitue le véritable nœud du problème. Beaucoup de ses chantiers sont inachevés alors que l’argent a été déjà encaissé»
Selon nos interlocuteurs, toutes les audiences ont été bouclées et les enquêtes sur le terrain ont été faites en 8 jours, alors rien ne devrait bloquer la production du rapport.Les députés en charge de la mission d’information se sont organisés en groupes de 3 pour mailler le territoire national.Il ressort de leurs travaux que 769 milliards ont été dégagés pour le programme de 2014 à 2022, mais seulement291 milliards ont été dépensés.Selon nos sources, il est clair que les causes des inondations demeurent en grande partie un manque de coordination, qui retarde gravement les travaux. «C’est incroyable ce qui se passedans notre pays avec la gestion des inondations. Un manque de coordination inexplicable. La quasi-totalité des autorités rencontrées ne savaient pas qu’il yavait des travaux d’assainissement en cours d’exécution dans leurslocalités», nous apprennent nos interlocuteurs. Pour ces derniers, dans tout cela, l’Onasconstitue le véritable nœud du problème. «Le véritable souci, c’est que l’Office national de l’assainissement du Sénégal a beaucoup de chantiers non achevés alors que l’argent a déjà été encaissé. Qu’est-ce qui explique un tel laxisme ?», s’interrogent-ils.
Chaque député reçoit 1.200.000 pour ses frais de mission
Pour nossources, cette mission d’information est une véritable mascarade qui coûte très cher auxpopulations. «Chacun des 15 députés a reçu 1 million 200. Un bagatelle de 18 millions rien que pour recueillir des informations qui sont déjà connues du président de la République à qui le rapport est destiné»,s’indigne notre source.
NdèyeKhady DIOUF
Pape Sagna Mbaye, président de la Mission
«Aucun délai n’a été imparti à la mission»
Joint au téléphone, le président de la mission d’information sur la gestion des inondations de l’Assemblée nationale refuse de se prononcer sur la manne financière remise à chaque député en guise de frais de mission. Pape Sagna Mbaye s’est juste contenté de nous diriger vers la comptabilité de l’Assemblée nationale«pour voir si les gens ont reçu et le cas échéant ce que chacun a reçu». A propos du délai du deadline du 31 octobre fixé pour la remise au chef de l’Etat du rapport, avec les conclusions et les recommandations appropriées, Pape Sagna Mbaye dégage en touche. Il indique que personne ne peut brandir un papier dans lequel il est écrit que la commission est enfermée dans des délais.
Une affirmation inexacte puisque le communiqué de l’Assemblée nationale du 15 septembre 2020 dit clairement ceci : «Suivra ensuite le Rapport qui sera déposé, au plus tard le 31 octobre 2020, auprès du Chef de l’Etat, avec les Conclusions et les Recommandations appropriées. Bien entendu, les Députés en auront déjà pris connaissance».