Est-ce à cause de la pression des détenus de l’affaire Boffa Bayotte qui veulent dare-dare être fixés sur leur sort ? Quoi qu’il en soit, les autorités judiciaires se sont retrouvéesdans une situation on ne peut plus compliquée, en voulant parer au plus pressé. En effet, au lieu de s’empresser à tenir une réunion du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), elles ont pratiqué une consultation à domicile, pour désigner un juge au Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor. Seulement, ce dernier ne pourrait pas juger l’affaire Boffa Bayotte, si toutefois le dossier est renvoyé en jugement. Or, il semble que c’est pour cette affaire qu’il a été affecté, presque en catimini, à ce poste.
L’Union des magistrats sénégalais s’était réjouie de l’accord, en son temps, avec l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, selon lequel il n’y aura plus de consultation à domicile. La dernière en date, celle de Ngor Diop, avait créé le tollé et avait même atterri devant la Coursuprême. Alors que la Chambre administrative de la haute juridiction n’a pas encore tranché ce litige des magistrats avec l’exécutif, une autre affaire a surgi concernant cette fois le juge Massar Fall. Ce dernier, qui était à la Cour d’Appel de Ziguinchor, a été affecté au Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor par la voie de la consultation à domicile, alors même qu’il n’a pas été consulté. De la matière peut-être pour le nouveau bureau de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Quoi qu’il en soit, cette affectation dans l’empressement est très curieuse alors même qu’on s’attend dans les prochains jours à la tenue de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature. Pourquoi la juridiction de Ziguinchor ne peut pas attendre comme toutes les autres juridictions, dont certaines sont dans un sous-effectif terrible qui ralentit gravement leur travail ? Est ce à cause de l’affaire Boffa Bayotte qu’il y a eu tout cet empressement, avec la pression des détenus qui ont observé des grèves de la faim pour avoir un procès dans les meilleurs délais ? Selon certaines sources, la réponse est affirmative. En fait, le juge d’instruction a clôturé le dossier de cette tuerie depuis le mois de juillet dernier et il l’a transmis au Parquet, par ordonnance de soit communiqué et attend l’avis du Procureur. Il n’attend que le retour du dossier pour renvoyer en jugement ou en tout cas rendre une ordonnance définitive. Massar Fall devrait hériter donc de la patate chaude.
Massar Fall et Augustin Diouf ont déjà connu l’affaire donc…
Si les autorités veulent que ce dossier soit jugé dans les plus brefs délais et que le droit soit dit, le magistrat mis au poste de juge n’est pas la bonne personne, semble-t-il, puisque lorsqu’il était à la Cour d’appel de Ziguinchor, nous apprend-on, le juge Massar Fall a connu le dossier Boffa Bayotte puisqu’il a assuré l’intérim de la Chambre d’accusation et il a eu à présider les dossiers qui faisaient l’objet de recours, dont celui de la tuerie. Du coup, le code de procédure pénale l’exclut en tant que magistrat qui peut faire partie de la composition lorsque cette affaire doit être jugée. Le président Augustin Diouf actuellement au TGI est dans la même situation, il a connu cette affaire en tant que juge d’instruction, selon toujours nos sources. Sûr que Me Ciré Clédor Ly ne raterait pas cette occasion de leur rappeler les dispositions du code de procédure pénale.
Alassane DRAME